Les Drs Walid Amara ( GHI Le Raincy-Montfermeil) et Gilles Lemesle (CHU de Lille) commentent 3 études clés présentées au congrès de l’American Heart Association (AHA) 2023 : focus sur les stratégies thérapeutiques en post-infarctus dans DAPA-MI (dapagliflozine) et MINT (transfusion), et sur les effets de l’anticoagulant apixaban chez les patients avec une fibrillation atriale (essai ARTESIA).
DAPA-MI : bénéfice potentiel, mais non essentiel, de la dapagliflozine en post-infarctus
Dans le registre DAPA-MI (4017 patients), le traitement par dapagliflozine (10 mg/j vs placebo, pendant 1 an) n’a pas eu d’impact sur la survenue des décès et des hospitalisations pour insuffisance cardiaque chez les patients ayant un infarctus du myocarde (IDM). [1] L’inhibiteur de SGLT-2 a néanmoins montré un bénéfice significatif dans la prévention d’événements futurs (critères composite), notamment la perte de poids et l’apparition d’un diabète.
Malgré une certaine déception, « cette étude a un message rassurant sur la tolérance en post-infarctus de la dapagliflozine, et son effet métabolique positif permet de l’envisager précocement. »
MINT : stratégie de transfusion libérale vs restrictive chez les patients IDM anémiés
L’essai MINT portait sur 3500 patients ayant subi un infarctus du myocarde (majoritairement non STEMI) et qui présentaient une anémie avec une hémoglobine (Hb) inférieure à 10g/dl. Les patients étaient assignés à une stratégie de transfusion « restrictive » (seuil d'Hb pour la transfusion à 7 ou 8 g/dl) ou à une stratégie de transfusion « libérale » (seuil d'Hb <10 g/dl). Le critère primaire était un composite d'infarctus du myocarde ou de décès à 30 jours. [2]
« Il y a une tendance forte mais non significative à un bénéfice de la stratégie libérale… Le message est qu’il ne faut probablement pas laisser nos patients IDM avec une Hb trop basse ».
ARTESIA : l 'apixaban réduit les AVC mais augmente les hémorragies dans la FA
L’essai ARTESIA ― très similaire à NOAH-AFNET6 ― a inclus plus de 4000 patients présentant une fibrillation atriale (FA) subclinique d'une durée de 6 minures à 24 heures et un score CHA2DS2-VASc moyen de 3,9±1,1. [3] Ils étaient assignés de manière aléatoire, dans le cadre de cette étude en double aveugle, à recevoir de l’apixaban (5 mg deux fois par jour ; 2,5 mg deux fois par jour si indiqué) ou de l’aspirine (81 mg/jour). En cas de FA subclinique de plus de 24 heures ou de FA clinique, le traitement était interrompu et une thérapie anticoagulante était instaurée. Après un suivi moyen de 3,5±1,8 ans, la survenue d’un AVC ou d’une embolie systémique (critère de jugement principal) était statistiquement plus faible dans le groupe apixaban, mais le taux d'hémorragie majeure était bien plus élevé que dans le groupe aspirine.
« Cela ne va pas modifier les pratiques, mais il va falloir bien évaluer le rapport bénéfice risque… On pourra donc essayer de diagnostiquer la FA sur un ECG (pour rentrer dans le cadre des recommandations) et bien expliquer aux patients les risques et bénéfices. »
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Citer cet article: AHA 2023 : focus sur les essais DAPA-MI, MINT et ARTESIA - Medscape - 16 nov 2023.
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