Un nouveau test génétique au lit du patient pourrait prévenir les récidives post-AVC

Dr Sheena Meredith

Auteurs et déclarations

29 septembre 2023

Manchester, Royaume-Uni — Un nouveau test génétique réalisé au lit du patient pourrait prévenir les récidives d’accidents vasculaires cérébraux, selon des chercheurs de l'Université de Manchester. Le dispositif (Genedrive CYP2C19), de la taille d'une boîte à chaussures, pourrait bientôt être déployé dans l'ensemble du NHS.

A l'aide d'un écouvillon, il détecte par un prélèvement au niveau de l’intérieur de la joue, les variants génétiques qui réduisent l'efficacité du clopidogrel, le traitement préventif de première ligne actuel, de sorte qu'un autre traitement antiplaquettaire puisse être prescrit.

Pour rappel, le clopidogrel est moins efficace chez les porteurs de mutations identifiées dans le gène CYP2C19 (CYP2C19*2 et *3) codant pour l’enzyme transformant la prodrogue clopidogrel en métabolite actif.

Or, les patients porteurs de mutations représentent environ 30% de la population caucasienne – et jusqu'à 50 % dans différents groupes ethniques –, ce qui les rend deux fois plus susceptibles d’avoir une récidive d’AVC si on leur administre du clopidogrel en prophylaxie secondaire.

Le test de génotype effectué avant le traitement pour détecter ces variants permettrait de prescrire un traitement alternatif plus efficace à ce groupe, ce qui pourrait potentiellement sauver des vies, commentent les chercheurs.

 

A noter qu’en 2020, l’essai TAILOR-PCI , le plus grand essai réalisé jusque-là sur l'utilité de tester la résistance génétique au clopidogrel pour guider le traitement antiplaquettaire de patients bénéficiant d’une angioplastie avait manqué de peu son critère d'évaluation principal : la réduction de 50% des événements cardiovasculaires (CV) à 1 an.
L'essai TAILOR-PCI, utilisant le dispositif Spartan RX CYP2C19, d’un principe similaire au Genedrive CYP2C19, avait montré une réduction de 34% des événements CV à 1 an, ainsi qu'une réduction statistiquement significative de 40% du nombre total d'événements par patient recevant un traitement génétiquement guidé (CYP2C19) par rapport aux patients qui ont reçu un traitement standard.

 

Les tests génétiques actuels sont coûteux et trop lents

En mai dernier, le National Institute for Health and Care Excellence (NICE) du Royaume-Uni a publié des recommandations préliminaires préconisant la réalisation d’un test génétique du CYP2C19 avant le traitement d'un accident vasculaire cérébral ischémique ou d'une attaque ischémique transitoire.

À l'heure actuelle, ces tests nécessitent généralement l'utilisation de machines coûteuses dans des laboratoires spécialisés, et le processus peut prendre plusieurs semaines.

En revanche, le nouveau test peut être effectué dans le service, ou même au lit du patient, avec une formation minimale, et peut fournir un « résultat cliniquement exploitable » en une heure environ. Il permet de détecter avec une précision allant jusqu'à 99 % les variants qui sous-tendent le mauvais métabolisme du clopidogrel.

La semaine dernière, le dispositif a officiellement reçu la marque de conformité britannique (UKCA), l'équivalent britannique du marquage CE, ce qui ouvre la voie à son introduction au sein du NHS, ont annoncé ses concepteurs. L'appareil a été mis au point par la société genedrive, basée à Manchester, en collaboration avec une équipe clinique de l'université de Manchester et du Manchester University NHS Foundation Trust (MFT).

Le test au lit du patient permet un traitement précoce et optimisé

Selon David Budd, PDG de l'entreprise, le risque de récidive d'accident vasculaire cérébral peut atteindre 10 % au cours de la première semaine, « de sorte que les tests de laboratoire de routine, qui peuvent prendre plusieurs jours ou semaines, ne sont probablement pas aussi appropriés qu'une solution au lit du patient qui donne des résultats en une heure environ ».

Les performances du test vont maintenant être évaluées dans un cadre clinique au Manchester Royal Infirmary et au Manchester Centre for Genomic Medicine, Saint Mary's Hospital, qui font, tous deux, partie de la MFT, au cours des six prochains mois.

Un test au lit du patient pourrait détecter plus de variants qu'un test en laboratoire

Interrogé par Medscape News UK, le Dr John McDermott, généticien clinicien à la MFT et membre du National Institute for Health and Care Research (NIHR) à l'université de Manchester a déclaré : « Le système Genedrive peut détecter les allèles *2, *3, *4, *8, *17 et *35. C'est plus que ce que la plupart des laboratoires testent actuellement, les allèles *2, *3 et *17 étant les plus couramment génotypés ».

« L'étendue du système Genedrive signifie que le test peut être déployé dans plusieurs zones géographiques et chez des personnes d'origines ethniques différentes, où les allèles plus rares sont plus fréquents ».

Concernant l'adoption du dispositif par le NHS, l’expert a déclaré que les recommandations finales du comité du NICE, attendues le 20 décembre, seraient particulièrement importantes. « Si ces recommandations préconisent que tous les patients ayant subi un AIT ou un AVC ischémique se voient proposer un génotypage du CYP2C19, alors le système Genedrive est idéalement placé pour fournir des tests à l'échelle et à la vitesse qui pourraient s'avérer nécessaires ».

 

Cet article a été initialement publié sur Medscape.co.uk sous l’intitulé New Bedside Genetic Testing Could Boost Stroke Survival. Edité par Aude Lecrubier

 

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