Étude de cas : gonflement du scrotum après une pratique auto-érotique

Auteurs et déclarations

27 septembre 2023

Présentation

Un patient de 40 ans s'est présenté aux urgences pour un gonflement massif du scrotum. Le gonflement avait été provoqué par un joint d'étanchéité qu'il s'était précédemment placé à deux reprises autour du scrotum, le tout en consommant des drogues (amphétamine 2 g, ecstasy 2 pilules et marijuana 5 g). Selon les urologues rapportant ce cas [1], le patient avait obtenu sur Internet des informations selon lesquelles le procédé permettait une augmentation durable du volume des testicules. Après avoir mis un tel anneau et s'être masturbé à plusieurs reprises, l'homme s'était toutefois endormi et n'a retiré l'anneau qu'à son réveil.

Le patient avait refusé le traitement recommandé par un autre hôpital, à savoir l'orchidectomie bilatérale pour cause de suspicion d'ischémie totale des deux testicules.

Examens

Lors de la présentation aux urgences urologiques, le scrotum était massivement gonflé, tempéré et rougi, la peau du scrotum d'aspect œdémateux prononcé, par endroits également durcie à la manière du bois. Le pénis était également gonflé.

Les résultats de laboratoire sont les suivants : leucocytose (leucocytes 13,57 Gpt/l) ; augmentation de la CRP (4,5 mg/l) ; valeur de la procalcitonine dans la norme < 0,3 ng/ml

Les paramètres vitaux sont normaux. À l'échographie, les testicules sont peu perfusées, on note une gonflement œdémateux du tissu conjonctif, pas d'hydrocèle ni d'emprisonnement d'air.

Diagnostic, traitement et évolution

Le diagnostic est celui d’infarctus hémorragique des deux testicules.

Ayant à nouveau refusé le traitement chirurgical recommandé, le patient a été traité de manière conservatrice (sonde vésicale transurétrale, traitement combiné par tazobactam et pipéracilline, surélévation du scrotum, soin de la peau).

Suite à l’amélioration progressive de l'état de la peau du scrotum, le patient est sorti dix jours après l'admission.

Lors du contrôle ambulatoire après 6 mois, le patient était cliniquement sain. À l'échographie, les testicules était atrophiés des deux côtés, la perfusion testiculaire indétectable.

Discussion

Il s'agit d'un accident auto-érotique, soit un événement qui, suite à la masturbation ou à un autre acte auto-érotique, entraîne une lésion généralement légère à modérée.[2] Les premiers signalements d'accidents auto-érotiques remontent à 1900. Les hommes sont principalement concernés. En règle générale, les activités auto-érotiques peuvent donner lieu à des blessures légères ou de gravité moyenne. Comme de nombreux patients taisent les circonstances réelles de l'accident par honte vis-à-vis de leur médecin, il n'existe pas de chiffres précis sur la fréquence des cas. Les estimations tablent sur un à deux accidents mortels liés à la masturbation pour un million de personnes par an.[2]

Les strangulations péniennes et les corps étrangers introduits dans l'urètre sont les situations d'urgence urologique les plus fréquentes. L'aspirateur à main serait un ustensile amplement recensé dans la littérature spécialisée : « Les patients s'introduisent le pénis au repos sur quelques centimètres dans l'embout d'aspiration, afin de se stimuler sexuellement par l'aspiration d'air, une sorte d'érection sous vide. Mais alors, le prépuce et le gland du pénis entrent en contact avec le ventilateur en mouvement de l'appareil ». []De multiples blessures par déchirure et par écrasement se produisent de la sorte, des blessures qui restent possibles avec les modèles d'aspirateurs plus récents. L'introduction de corps étrangers dans l'urètre et la vessie n'est pas rare. Il existe des cas faisant intervenir des objets tels que du fil, des pièces en bois et en métal ou de la cire.

Autres accidents auto-érotiques

Il y a quelques années, des urologues de l'hôpital militaire de Hambourg ont fait état d'un accident inhabituel faisant intervenir des corps étrangers. [3] Un homme de 47 ans s'est rendu aux urgences de l'hôpital militaire en raison de douleurs abdominales du côté droit. Il a raconté au chirurgien s'être introduit des asticots dans l'urètre dans un but auto-érotique le matin même, puis s'être masturbé. Cependant, les asticots n'ont pas été évacués de la vessie à la miction, ce qui a provoqué une stase urinaire avec rupture du fornix par des larves de mouches blanches.

Un autre cas, issu d'une idée improbable et à ne pas imiter, s'est produit en 2017 en Allemagne. À l'hôpital de la ville, les chirurgiens ont en effet été confrontés à une urgence peu commune : un homme s'était coincé le pénis dans le trou d'un disque d'haltères de 2,5 kilos. Pour sortir l'homme de cette fâcheuse posture, le personnel médical a toutefois dû appeler les pompiers à l'aide. Après plusieurs heures d'opération, notamment à l'aide d'une meuleuse et d'une scie oscillante, l'homme a pu être délivré.

 

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