La MDMA prometteuse pour les troubles du stress post-traumatique

Agnès Vernet

Auteurs et déclarations

28 septembre 2023

Etats-Unis, France – Une étude parue dans Nature Medicine montre une diminution des symptômes des troubles du stress post-traumatique avec un protocole associant la prise de MDMA à une thérapie d’exposition [1]. Le Pr Luc Mallet, psychiatre à l’Hôpital Henri Mondor (Créteil) commente ces résultats.

De plus en plus d’études regardent d’un œil neuf le recours à des psychotropes dans le cadre d’une prise en charge psychiatrique. Les travaux du groupe menés par Jennifer Michelle, professeure de neurologie au sein de l’Institut de neurosciences Weill de l’université de Californie à San Francisco, chez des patients souffrants de troubles du stress post-traumatique (TSPT) en constituent un exemple remarquable.

Ces médecins et chercheurs viennent de publier une étude de phase III qui compare un protocole associant thérapie d’exposition et 3,4-methylenedioxymethamphetamine (MDMA) à une thérapie d’exposition et placebo chez des patients souffrants d’un TSPT, qualifié de modéré à grave selon l’échelle CPAS-5.

16 ans de TSPT en moyenne

104 volontaires ont ainsi été répartis entre deux bras (53 dans le groupe MDMA et 51 dans le groupe placebo). Lors de leur inclusion, un quart des participants étaient évalués avec un TSPT dit modéré (26,9 %) et près des trois quarts (73,1 %) avec un syndrome considéré comme sévère. Les symptômes étaient exprimés en moyenne depuis plus de 16 ans. Et un grand nombre des patients avaient déjà engagé une prise en charge médicamenteuse et/ou psychologique. Les comportements addictifs graves ou actifs constituaient un facteur d’exclusion.

Le protocole de traitement s’est étalé sur 12 semaines, organisées autour de 3 sessions de thérapie d’exposition avec MDMA ou placebo. Chaque session de 8 heures intégrait une séance de psychothérapie et une nuit de surveillance. Puis des cliniciens formés aux thérapies assistées par psychédéliques conduisaient une session dite d’intégration, afin de revenir sur l’expérience.

Au terme de ce protocole expérimental, les patients étaient évalués par d’autres cliniciens, à l’aveugle. Ils ont mesuré une réduction moyenne de 23,7 points du score CPAS-5 avec la MDMA vs 14,8 points avec le placebo. 

86,5 % des patients du groupe MDMA ont présenté un bénéfice clinique significatif et 71,2 % d’entre-deux sont sortis des critères de diagnostic des TSPT. « C’est très intéressant parce que ces populations souffrant de PTSD résistants sont très handicapées et nous n’avons pas grand-chose à leur proposer », commente le Pr Luc Mallet.

C’est très intéressant parce que ces populations souffrant de PTSD résistants sont très handicapées et nous n’avons pas grand-chose à leur proposer. Pr Mallet

 

Cette étude trouve sa force dans l’association du traitement psychédélique à une thérapie d’exposition. « La substance semble donner au sujet la possibilité de s’exposer librement, d’une manière qu’il aurait difficilement trouvé autrement, lui permettant d’explorer ainsi ses symptômes », explique le professeur de psychiatrie.

D’autres travaux, menés chez la souris par des neuroscientifiques de l’école de médecine de l’Université Johns Hopkins à Baltimore suggèrent que la MDMA permet d’accéder à des périodes d’apprentissage critique, ces périodes du développement durant lesquelles on établit des liens sociaux durables [2].

Aucun signal d’abus

Ce travail confirme et prolonge une étude préliminaire, parue en 2021 [3]. Les médecins américains avaient été critiqués car ils n’avaient pas inclus de patients avec des symptômes modérés ou des groupes considérés comme particulièrement vulnérables, comme les militaires, les pompiers, les personnes transgenres et les personnes victimes de violences sexuelles.

Avec cette nouvelle publication, le groupe de chercheurs californiens renforce l’idée que leur protocole ne présente pas de risque d’abus. Aucune dépendance ou usage hors protocole n’a été documenté.

Des données suggèrent même une baisse significative, vs placebo, de la consommation d’alcool à la suite du traitement. D’où ce commentaire du Pr Luc Mallet : « on sait que les TSPT ont beaucoup de comorbidités addictives et cette étude semble indiquer que la thérapie associée à la MDMA n’encourage pas le recours à l’alcool. Il faut explorer ce point sur le long terme mais c’est plutôt encourageant»

On sait que les TSPT ont beaucoup de comorbidités addictives et cette étude semble indiquer que la thérapie associée à la MDMA n’encourage pas le recours à l’alcool.

 

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