France – Internes et externes sont exclus de la pérennisation de la revalorisation des gardes de 50%, mais leurs syndicats espèrent bien faire changer d'avis le ministère de la Santé sur cette question.
Stupeur
L'annonce avait fait grand bruit et avait été accueillie avec bienveillance par l'ensemble de la communauté médicale hospitalière. La première ministre Élisabeth Borne avait en effet profité, d'un déplacement au CHU de Rouen le 31 aout dernier, pour annoncer la pérennisation de la revalorisation des gardes de 50%. Car mise en place en juin 2022, cette revalorisation – l'une des mesures de la mission flash de François Braun – devait être temporaire. La majorité des syndicats de praticiens hospitaliers a salué ce geste, qui ne sera effectif, cependant, qu'en janvier 2024. Seulement, le communiqué de la première ministre avait oublié de mentionner la situation des externes et internes. Et pour cause : ils viennent d'apprendre qu'ils ne sont pas concernés par ces revalorisations. Et là, c'est la stupeur !
L'association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) a publié un communiqué amer sur la question : « Toutefois, les étudiants hospitaliers, indispensables dans de nombreux hôpitaux, sont une fois de plus exclus de ces mesures et demeurent les grands oubliés de l’hôpital public. Agents de la fonction publique hospitalière et partie intégrante du personnel soignant, les étudiants hospitaliers sont nécessaires au fonctionnement du système hospitalier, mais ne bénéficient pour cela que de peu de considération. »
Joint par Medscape, le président de l'Anemf, Jérémy Dardenne, affirme en avoir touché un mot à la ministre déléguée aux professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, lors d’une récente entrevue : « On a pu en parler, mais nous n'avons pas eu de garanties, c'était plus dans le cadre d'un échange d'idées. Nous allons continuer de faire bloc, pas uniquement sur la question des gardes mais aussi sur les salaires de manière globale. Nous allons demander la revalorisation des salaires : actuellement notre salaire horaire est de 2,76 euros, nous demandons 4,05 euros comme les autres étudiants du deuxième cycle. »
Communiqué commun des internes
Les syndicats d'internes ont choisi pour leur part de faire un communiqué commun (FNSIP-BM, Isnar-IMG, et Isni). Leur situation est plus complexe que celle des externes puisque jusqu'à présent, ils percevaient la revalorisation temporaire de 50%. Ce qu'ils rappellent, d'ailleurs, dans leur communiqué : « Nos syndicats réunis avaient obtenu depuis août 2022, que les internes bénéficient enfin d’un salaire acceptable de leur travail, grâce à une revalorisation de 50% de l’indemnité de garde. Cette revalorisation a permis à beaucoup d’internes de faire face à des conditions d'exercice toujours plus difficiles et à la dégradation de leur qualité de vie. La pérennisation de ce dispositif temporaire au-delà du 31 décembre 2023 est désormais indispensable. »
Joint par Medscape, Florie Sullerot, présidente de l'Isnar-IMG, a appris très récemment la non-reconduction de cette revalorisation des gardes des internes : « On l'a appris par la direction générale de l’organisation des soins (DGOS). C'est la FNSIP-BM qui lors d'une rencontre avec la DGOS, a été informée qu'il n'y aurait pas de pérennisation pour le moment. Nous avons été très surpris, on s'attendait à faire partie des praticiens qui bénéficieraient de la revalorisation pérenne des gardes. On attend de rencontrer le ministre pour en discuter mais nous n'avons pas de rendez-vous pour le moment. » Cette revalorisation était substantielle pour les internes : « Cela peut représenter 400 à 500 euros de plus chaque mois, ce n'est pas rien », ajoute Florie Sullerot.
Mouvement social
Aussi, pour préserver cet acquis, l'Isnar est prêt à lancer un mouvement social. Même son de cloche pour l'Isni, et son tout nouveau président Guillaume Bailly : « Nous n'avons pas été surpris car cela fait un an que nous subissons ce système de reconduction de la revalorisation des gardes et rencontrons des difficultés pour percevoir la revalorisation de ces rémunérations. Mais la non-reconduction pour les internes, ce serait la goutte d'eau qui ferait déborder le vase. Si c'est le cas, ce serait un recul majeur pour les internes : l'inflation a fait son effet et les salaires n'ont pas suivi, cette revalorisation, c'était une bouffée d'air frais pour les internes qui représentent 30 à 40% des effectifs médicaux hospitaliers et produisent 70% des prescriptions. »
L'Isni espère que le ministère de la Santé change d'avis et inscrive la pérennisation de cette mesure pour les internes dans le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale. Si ce n'était le cas, l'Isni, à l'instar de l'Isnar, pourrait fort bien se joindre à un prochain mouvement social. « La FNSIP-BM, l’ISNAR-IMG et l’ISNI dénoncent ce recul inacceptable, alors que les internes en médecine et en pharmacie, professionnel·les indispensables de l’hôpital, sont régulièrement oublié·es et méprisé·es par nos responsables administratifs.
Nous demandons une revalorisation pérenne à hauteur de 50% pour les gardes effectuées selon le service de garde normal et de 100% pour les gardes supplémentaires ; ainsi que l’intégration des astreintes, oubliées de la revalorisation depuis plus d’un an », conclut leur communiqué commun.
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Crédit de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Revalorisation des gardes : externes et internes floués, syndicats remontés - Medscape - 15 sept 2023.
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