Maroc — Le séisme de magnitude 6,8 qui a frappé le Maroc dans la nuit de vendredi à samedi, suivi d’une réplique de 4,9, 20 minutes plus tard, est certainement l'une des pires catastrophes du pays, qui selon les derniers chiffres officiels a fait près de 3 000 morts et 5 530 blessés.
Un bilan qui risque de s'alourdir alors que quelque 380 000 personnes vivent dans un rayon de 50 km autour de l'épicentre du tremblement de terre, situé dans les montagnes du Haut Atlas, à moins de 80 km au sud-ouest de la ville très peuplée de Marrakech.
Les opérations de sauvetage se poursuivent pour retrouver les survivants, et des destructions massives ont été observées de Marrakech au Haut Atlas. Dans les villages de montagne, les routes ont été bloquées par des éboulements, rendant très difficile l'accès aux personnes encore prises au piège.
Triage des blessés
Sur place, les médecins marocains se mobilisent dans un premier temps pour les opérations de triages des blessés : « Les blessés légers sont soignés et orientés vers les cellules d’accueil des familles et d’aide psychologique, raconte le médecin urgentiste Nada Damghi à nos confrères du Monde . Les blessés graves, eux, reçoivent les soins de réanimation et d’urgence sur place. Certains sont opérés et restent sous surveillance, d’autres sont transférés à Marrakech dans les centres hospitaliers de rattachement, au CHU Mohammed VI ou à l’hôpital militaire Ibn Sina. »
Nada Damghi s'est rendu avec une unité mobile du Smur à Tahanaout, le chef-lieu de la province d'Al Haouz, qui a enregistré plus de 60 % des décès. Les capacités d'accueil des CHU de Marrakech et d'Agadir sont tendues mais ne semblent pas non plus insuffisantes, même s'il a fallu ouvrir de nouvelles unités pour accueillir les blessés.
« Beaucoup de médecins du privé ont proposé de venir nous aider, mais ça va, pour l’instant on gère », admet-elle. Plus de 100 000 enfants ont été touchés par le tremblement. Ils sont accueillis entre autres au CHU de Marrakech. Nombre d'entre eux présentent des traumatismes orthopédiques et de l'abdomen, et de nombreux traumas crâniens.
Au-delà des blessures physiques, le Maroc tente aussi de répondre à la détresse psychique causée par ce drame national. Une cellule d'écoute a été mise en place.
Hachem Tyal, président de la fédération nationale pour la santé mentale, qui se trouvait à Marrakech le 8 septembre, a aussi prévu de lancer en cours de semaine prochaine une caravane de psychiatres, qui visiteront les dispensaires de la région, rapporte nos confrères du Monde.
Si la situation à Marrakech et dans les grandes agglomérations semblent sous contrôle, elle semble plus difficile dans les villages éloignés et montagnards.
« Des villages isolés, quasi-inaccessibles du Haut Atlas ont été durement touchés voire anéantis par ce séisme de très haute intensité (aussi important que ce que nous avons connu en Syrie et en Turquie). Je me suis rendu dans plusieurs villages. Ils ont besoin d’être soutenus en nourriture, tentes, couvertures, aide médicale. Toute aide médicale et humanitaire est la bienvenue », a témoigné sur Twitter le Dr Zouhair Lahna, médecin humanitaire, présent dans la région Marrakech, partenaire d’UOSSM Grand-Est.
À l'échelle internationale, si le Maroc a restreint son aide, il est fort possible qu'il accepte la coopération de nombreux autres pays après la première phase d'urgence.
« Le Maroc n’a refusé aucune aide, aucune proposition. Ce n’est pas comme ça qu’il faut présenter les choses », a assuré la ministre des Affaires étrangères française Catherine Colonna, sur BFM TV. La France a débloqué pour le moment 5 millions d’euros et l’Union européenne 1 million d’euros.
Une aide en partenariat avec les ONG locales
Dès le 9 septembre plusieurs pays dont les États-Unis, l’Algérie, la Belgique, la Hongrie, l'Espagne, l'Inde, la Turquie ou encore l'Ukraine, la Russie et la France ont témoigné de leur empathie et offert leur aide au Maroc.
Pour autant, le royaume chérifien annonçait ce dimanche n'accepter l'aide que de quatre pays : l'Espagne, les Émirats arabes unis, le Qatar et le Royaume-Uni.
Pourquoi la main tendue des autres pays n’a-t-elle pas été acceptée à ce jour ?
Pour la France, plusieurs raisons sont avancées : de nombreux observateurs ont fait observer que les relations diplomatiques entre la France et le Maroc n'étaient pas au beau fixe, le Maroc reprochant à la France sa reprise des relations diplomatiques avec l'Algérie, mais aussi la diminution du nombre de visas accordés par la France aux Marocains en 2021.
Mais en l'espèce, les relations diplomatiques, bonnes ou mauvaises, n'expliquent pas tout. Une aide humanitaire massive mais non coordonnée pourrait causer plus de dégât qu'autre chose, comme ce fut le cas en 2010 en Haïti, à la suite du tremblement de terre.
Ismail Hassouneh, le secrétaire national du Secours populaire (lequel vient de débloquer une enveloppe de 100 000 euros) explique au Huffington Post : « Les premiers jours, c’est forcément très difficile, le gouvernement a besoin de temps pour s’organiser. Les trois premiers jours, il met en place ce que l’on appelle le "premier plan" avec notamment un bilan de la situation et des besoins. C’est seulement ensuite qu’il entre vraiment en contact avec l’aide étrangère. »
Le silence actuel des autorités marocaines n'a pas empêché des organisations bénévoles d’apporter leur aide.
De fait, le Secours populaire s'est rendu sur place dès ce lundi 11 septembre, et a, pour l'instant, préférer débloquer des moyens en direction des ONG marocaines partenaires du Secours populaire, plutôt que d'envoyer des personnels français en grand nombre.
La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a envoyé du personnel sur le terrain peu après le tremblement de terre afin de fournir les premiers secours, de participer aux opérations de recherche et de sauvetage et d'aider les autorités locales à évaluer les besoins d'aide.
Pour les États-Unis, la Fondation du Haut Atlas, ou CARE entre autres ONG, fournissent de la nourriture, de l'eau et des abris aux familles du Haut Atlas déplacées par le tremblement de terre. La fondation Haut Atlas s'engage également dans la restauration et la reconstruction à long terme.
Aussi, Médecins sans frontières (MSF), qui n'est pas présent sur place a néanmoins envoyé sur place une équipe d'urgences : « MSF n'est pas opérationnelle au Maroc, mais nous établissons actuellement des contacts avec les autorités locales pour intervenir rapidement afin d'évaluer les besoins et déterminer si notre soutien est nécessaire », a déclaré Michel-Olivier Lacharité, responsable de la cellule des urgences à Paris.
Pour MSF, les premières des priorités pour ce genre de catastrophes sont les suivantes : « Dans les premiers jours après ce type de catastrophes, il faut soigner les blessés et réaliser rapidement des actes médicaux, notamment des opérations chirurgicales mais aussi restaurer des capacités de dialyse, ce qui peut s'avérer difficile lorsque les capacités sanitaires locales sont réduites par une catastrophe, continue le responsable des urgences. La distribution de biens de première nécessité et le rétablissement des services de santé sont aussi des priorités. »
A contrario Médecins du monde (Belgique) est présent au Maroc depuis 2013. À l'instar du Secours populaire, l'ONG humanitaire a décidé de travailler en partenariat avec des ONG locales marocaine, tout en envoyant des missions d'exploration pour évaluer les besoins : « Les équipes de Médecins du Monde Belgique et partenaires se préparent à des missions d’exploration prévues dans les jours qui viennent. Il s’agira d’évaluer les besoins spécifiques de la population sinistrées en termes de soins de santé et santé mentale dans les villages reculés et les zones montagneuses touchées par le séisme. »
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Citer cet article: Tremblement de terre Maroc : les secours se déploient en partenariat avec les ONG locales - Medscape - 13 sept 2023.
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