Vers un traitement curatif de la narcolepsie

Serge Cannasse

Auteurs et déclarations

14 septembre 2023

France – La narcolepsie est une maladie peu fréquente, mais invalidante et sans traitement curatif. Une nouvelle molécule permet d’obtenir des résultats remarquables. Elle comporte cependant un risque de toxicité hépatique non négligeable.

Contexte

La narcolepsie est caractérisée par une difficulté à rester éveillé dans la journée, avec souvent un sommeil nocturne de qualité médiocre. D’autres symptômes peuvent exister : prise de poids, hallucinations, paralysie du sommeil et cataplexies (fréquentes ; la catalepsie est alors dite de type 1). Elle se déclare en général entre 15 et 20 ans et touche environ 20 000 personnes en France. Aucun traitement curatif n’est disponible. Mais cela va peut-être changer, en raison des travaux menés par une équipe française [1] (Centre de référence des narcolepsies et hypersomnies rares – Inserm/Université/CHU de Montpellier) sur une nouvelle molécule et publiés dans le New England Journal of Medicine.

La narcolepsie est une maladie auto-immune d’origine génétique et sans doute favorisée par des facteurs environnementaux. Les symptômes sont dus à la destruction des neurones cérébraux synthétisant l’oroxétine (appelée aussi hypocrétine), neurotransmetteur impliqué dans le maintien de l’état de veille. Les laboratoires Takeda ont synthétisé un agoniste des récepteurs 2 de l’oroxétine, c’est-à-dire une molécule capable de se fixer sur ces récepteurs et d’entraîner un effet semblable à celui de l’oroxétine. Ils ont confié son évaluation clinique à l’équipe de Montpellier.

Principaux résultats

Les chercheurs ont réalisé un essai clinique de phase 2 [2], randomisé, contre placebo, d’une durée de 8 semaines, chez 73 patients atteints de narcolepsie de type 1 ayant reçu la molécule par voie orale. Parmi eux, 17 en ont reçu deux fois par jour 30 mg, 20 en ont reçu 90 mg deux fois par jour, 19 patients 180 mg deux fois par jour et 17 ont reçu un placebo. L’essai a été interrompu prématurément en raison d’une toxicité hépatique : augmentation cliniquement significative des transaminases hépatiques chez 5 patients et atteinte des critères de la loi de Hy, qui évalue la toxicité hépatique des médicaments (composés de la présence concomitante de lésions hépatiques, de la diminution de la fonction hépatique et de l’absence de source de lésions non médicamenteuses) chez 3 patients.

Au total, 41 patients ont été retenus pour l’analyse. Au test de maintenance de l’éveil (Maintenance of Wakefulness Test – chez les sujets indemnes, la durée sans endormissement est de 40 minutes au moins), tous les patients ayant reçu la molécule avaient une durée d’endormissement significativement augmentée (d’au moins 23,9 minutes) par rapport aux patients du groupe placebo (durée d’endormissement inférieure à 2,5 minutes). Le nombre d’épisodes cataleptiques hebdomadaires a lui aussi significativement diminué (au maximum 0,88 contre 5,83 en moyenne dans le groupe placebo). Surtout, comme le déclare le principal auteur de l’étude, Yves Dauvilliers, « pour la première fois, les patients se sont tout simplement sentis guéris. »

Pour lui, ces résultats sont très encourageants, malgré le risque hépatique, et conduisent les chercheurs à travailler sur un autre agoniste ayant une plus grande affinité pour les récepteurs 2 de l’oroxétine et potentiellement moins d’effets indésirables.

 

Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.

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