France – La kétamine est un médicament stupéfiant indiqué en anesthésie, mais depuis plusieurs années elle est utilisée pour le traitement de douleurs rebelles en soins palliatifs, voire de douleurs chroniques (usage hors autorisation de mise sur le marché, validé par des recommandations). De plus, ses propriétés psychotropes sont à l’origine d’un usage détourné non médical illégal (usage festif ou sexuel – pratique chemsex). Face à l’augmentation globale du recours aux médicaments à base de kétamine, notamment en utilisation prolongée, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) [1] souhaite rappeler les risques de cette molécule et les précautions à prendre.
De graves complications
D’importantes complications liées à l’administration de kétamine, dans un cadre médical ou non, sont régulièrement signalées : atteintes graves du foie et des voies biliaires (hépatite, cholestase ou cholangite) ou des voies urinaires (cystite interstitielle non infectieuse) avec un retentissement possible sur le rein (insuffisance rénale aiguë, hydronéphrose...). Elles résultent le plus souvent d’une utilisation prolongée et/ou répétée, qui peut également provoquer une dépendance à la kétamine.
De plus, des erreurs médicamenteuses sont régulièrement signalées (confusion entre les différents dosages des médicaments à base de kétamine).
Quelles recommandations ?
Lors de la prescription de kétamine, l’ANSM recommande de :
Respecter les posologies et ne pas prescrire ou administrer la kétamine de façon prolongée ;
Surveiller régulièrement les fonctions hépatique (transaminases, gamma GT, phosphatases alcalines et bilirubine) et rénale, ainsi que la cytologie urinaire ;
Demander au patient de surveiller les signes d’appel d’une atteinte du tractus urinaire (sang dans les urines ou douleurs pelviennes) qui nécessitent de consulter rapidement ;
Envisager l'arrêt du traitement en cas de perturbation du bilan hépatique ou uro-néphrologique, avec l’aide si besoin d’un addictologue ;
Lire attentivement les mentions relatives aux concentrations figurant sur les ampoules, lors de la préparation des solutions de perfusion, afin d’éviter les erreurs médicamenteuses par confusion entre les différents dosages disponibles ;
Rappeler au patient traité à domicile qu’il doit rapporter les ampoules non utilisées à la pharmacie (hospitalière ou officine), compte tenu du risque d’abus et d’usage détourné ;
Orienter le patient vers un addictologue en cas de complications liées à un usage festif répété de kétamine.
Conditions de prescription et délivrance
Pour rappel, en tant que médicament stupéfiant, la prescription de kétamine est limitée à 28 jours et doit être rédigée en toutes lettres sur une ordonnance sécurisée.Ces médicaments sont réservés à un usage hospitalier, mais peuvent être administrés par tout médecin spécialisé en anesthésie-réanimation ou en médecine d'urgence lorsqu’il intervient en situation d'urgence ou dans le cadre d'une structure d'assistance médicale mobile ou de rapatriement sanitaire.
Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.
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Crédit de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Kétamine : attention aux complications potentiellement graves ! - Medscape - 11 sept 2023.
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