Forte hausse du nombre de cancers chez les moins de 50 ans au cours des trois dernières décennies

Aude Lecrubier

8 septembre 2023

International – Des données récentes suggèrent que l'incidence des cancers à début précoce, définis comme des cancers diagnostiqués chez des personnes de moins de 50 ans est en augmentation dans différents pays.

Deux études récentes confirment cette tendance dont l’une publiée début septembre dans la revue BMJ Oncology [1]présente des données mondiales.

Une augmentation de l’incidence des cancers de 79 %

Cette dernière montre qu’au cours des trois dernières décennies (1990-2019), les nouveaux cas de cancer chez les moins de 50 ans ont augmenté de 79 % dans le monde pour atteindre 3,26 millions.

Dans l'ensemble, le cancer du sein représentait le plus grand nombre de ces cas et des décès associés, avec respectivement 13,7 et 3,5/100 000 de la population mondiale.

Mais ce sont les cancers de la trachée (nasopharynx) et de la prostate qui ont augmenté le plus rapidement depuis 1990, avec une variation annuelle estimée en pourcentage de 2,28 % et 2,23% respectivement. À l'autre extrémité du spectre, le cancer du foie à début précoce a diminué d'environ 2,88 % chaque année.

Une augmentation de 28% des décès

Plus d'un million (1,06) de personnes de moins de 50 ans sont décédées d'un cancer en 2019, soit une augmentation d'un peu moins de 28 % par rapport aux chiffres de 1990.

Les cancers les plus meurtriers et les plus handicapants chez les jeunes adultes en 2019 sont ceux du sein, de la trachée, du poumon, le cancer colorectal et celui de l'estomac, avec les plus fortes augmentations de décès chez les personnes atteintes d'un cancer du rein ou de l'ovaire.

Les cancers les plus meurtriers et les plus handicapants chez les jeunes adultes en 2019 sont ceux du sein, de la trachée, du poumon, le cancer colorectal et celui de l'estomac.

« Ces résultats contrastent avec la vision plus traditionnelle des cancers "typiques" chez les adultes de moins de 50 ans », indiquent les Drs Ashleigh C Hamilton et Helen G Coleman (Centre for Public Health, Queen's University Belfast, Belfast, Royaume-Uni) dans un éditorial accompagnant l’article qui ajoutent que l’apport de cette étude est qu’elle a abordé la question de l’augmentation de l’incidence des cancers chez les jeunes au niveau mondial. Ici les chercheurs se sont appuyés sur les données de l'étude Global Burden of Disease 2019 pour 29 cancers dans 204 pays et régions.

Les plus fortes augmentations de décès sont observées chez les personnes atteintes d'un cancer du rein ou de l'ovaire.

Des augmentations particulièrement élevées dans les pays industrialisés

Les taux les plus élevés de cancers à début précoce en 2019 ont été rapportés en Amérique du Nord, en Australasie et en Europe occidentale. Mais les pays à revenu faible ou intermédiaire ont également été touchés, avec les taux de mortalité les plus élevés chez les moins de 50 ans en Océanie, en Europe de l'Est et en Asie centrale.

Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, les cancers précoces ont eu un impact beaucoup plus important sur les femmes que sur les hommes, tant en termes de décès que de dégradation de la santé, indiquent les chercheurs.

Sur la base des tendances observées au cours des trois dernières décennies, ils estiment que le nombre mondial de nouveaux cas de cancer à début précoce et de décès associés augmentera encore de 31 % et 21 %, respectivement, en 2030, les quadragénaires étant les plus exposés.

Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, les cancers précoces ont eu un impact beaucoup plus important sur les femmes que sur les hommes, tant en termes de décès que de dégradation de la santé.

Hypothèses et limites

Comment expliquer cette augmentation de l’incidence des cancers chez les moins de 50 ans ? Pour les auteurs, les facteurs génétiques sont susceptibles de jouer un rôle. Mais les régimes alimentaires riches en viande rouge et en sel, et pauvres en fruits et en lait, la consommation d'alcool et le tabagisme sont les principaux facteurs de risque des cancers les plus courants chez les moins de 50 ans. L’inactivité physique, l'excès de poids et l'hyperglycémie étant des facteurs contributifs.

Les chercheurs reconnaissent plusieurs limites à leurs conclusions. La première est que la qualité variable des données des registres du cancer dans les différents pays peut avoir conduit à une sous-déclaration et à un sous-diagnostic. Aussi, des questions se posent toujours sur la façon dont le dépistage et l'exposition précoce à des facteurs environnementaux peuvent influencer les tendances observées.

Pour les éditorialistes : « Il est difficile de comprendre pleinement les raisons des tendances observées, bien que les facteurs liés au mode de vie y contribuent probablement et que de nouveaux domaines de recherche tels que l'utilisation d'antibiotiques, le microbiome intestinal, la pollution de l'air extérieur et les expositions au début de la vie soient explorés ».

Des questions se posent sur la façon dont le dépistage et l'exposition précoce à des facteurs environnementaux peuvent influencer les tendances observées.

Ils concluent : « des mesures de prévention et de détection précoce sont nécessaires de toute urgence, de même que l'identification de stratégies de traitement optimales pour les cancers à début précoce, qui devraient inclure une approche holistique répondant aux besoins uniques des jeunes patients en matière de soins de soutien. »

Et les auteurs d’ajouter : « Il convient d'examiner si les programmes de dépistage précoce et de prévention des cancers à début précoce devraient être étendus aux personnes âgées de 40 à 44 ans et de 45 à 49 ans, mais d'autres études systématiques et essais randomisés sont nécessaires pour prendre ce type de décision».

Des données récentes confirment cette tendance aux Etats-Unis

De 2010 à 2019, alors que l'incidence des cancers a diminué chez les personnes de plus de 50 ans aux Etats-Unis, une étude publiée dans le JAMA Network Open en août a montré que le taux d'incidence standardisé  des cancers à début précoce a globalement augmenté. Plus précisément, l'incidence a augmenté les femmes mais a diminué chez les hommes.

En 2019, le plus grand nombre de cas de cancer à début précoce concernait le sein. De 2010 à 2019, les cancers gastro-intestinaux ont connu la croissance la plus rapide. Et parmi les cancers gastro-intestinaux, ceux dont les taux d'incidence a augmenté le plus rapidement sont ceux de l'appendice, des voies biliaires intrahépatiques et du pancréas.

 

Suivez Medscape en français sur X.

Suivez theheart.org |Medscape Cardiologie sur X.

Inscrivez-vous aux newsletters de Medscape :  sélectionnez vos choix

 

 

 

 

 

 

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....