France – En grève depuis le début du mois de juillet, les assistants de régulation médicale, représentés par l'Association française des assistants de régulation médicale (Afarm) réclament primes de pénibilité et revalorisation de la grille indiciaire. Ils ont bien l'intention de se faire entendre demain lors d'une manifestation ce jour devant le ministère de la Santé. Entretien avec le co-président de l'Afarm, Yann Rouet.
Medscape édition française : Vous organisez un sit-in devant le ministère de la santé ce jeudi 7 septembre ?
Yann Rouet : Oui, plus ou moins, ce sera une manifestation devant le ministère de la santé, avec musique et animation.
Vous êtes en grève depuis début juillet, c'est ça ?
Yann Rouet : Oui c'est tout à fait cela. Nous attendions des réponses de la part du ministre Aurélien Rousseau à la suite de ses différents déplacements dans les Samu cet été, notamment dans le Samu 31, où il a déclaré il y a deux semaines que certaines de nos revendications étaient légitimes, mais nous ne savons pas lesquelles (rires). Nous lui avons adressé deux demandes de rendez-vous par mail, son secrétariat a accusé bonne réception de ces demandes, mais ne nous a pas pour autant fixé de rendez-vous. La direction générale de l’organisation des soins (DGOS) par le biais de sa directrice Marie Daudé nous a proposé un rendez-vous le 2 octobre. Par ailleurs, nous devrions être reçu par Sandrine Williaume, conseillère de la ministre déléguée Agnès Firmin le Bodo, ou par Mme Lucie Ligier, conseillère d'Aurélien Rousseau, ce jeudi 7 septembre.
Rappelez-nous vos revendications.
Yann Rouet : Nous réclamons une prime de pénibilité que nos collègues aides-soignants et infirmiers ont obtenue. Nous avons eu une prime corporatiste, mais nous demandons en sus une prime de pénibilité au même titre que d'autres collègues des urgences. Le montant de cette prime est de 120 euros bruts.
En juillet dernier, on vous proposait 80 euros, cela a avancé depuis ?
Yann Rouet : Non pas du tout. En fait on nous avait d'abord proposé 30 euros, puis 80 euros, et au final on nous propose 50 euros.
Donc vous avez empoché 50 euros ?
Yann Rouet : Absolument pas, nous avons refusé ces 50 euros, nous revendiquons 120 euros et tant que nous n'obtiendrons pas ces 120 euros le mouvement perdurera. Nous avons par ailleurs d'autres revendications : nous réclamons la reconnaissance de la certification en un diplôme d'État de niveau 5, la mise en place d'un calendrier pour la négociation de la grille indiciaire. Sur ce dernier point, la tutelle a évoqué un début de négociation à la fin de l'année.
A quoi correspond le niveau 5 que vous revendiquez ?
Yann Rouet : Cela correspond à un diplôme bac + 2 car notre métier a évolué, nous avons de plus en plus de responsabilités, des compétences à développer, ce qui équivaut à un diplôme bac + 2. Depuis la mise en place de la certification, les collègues de l'UNARM avaient demandé le niveau 5, et ça n'avait pas été accordé à l'époque.
Vous réclamez une nouvelle grille indiciaire depuis votre reconnaissance comme professionnels de santé ?
Yann Rouet : Oui, c'est ça. Depuis la publication de la loi Rist, nous sommes considérés comme « professionnels de santé ». On devrait commencer par négocier sur ce sujet à partir de la fin de l'année 2023 mais nous craignons que ce ne soit pas le cas. Il y a des ARM qui sont devenus superviseurs ou coordinateur de salles ; ils méritent une grille indiciaire. Les ARM formateurs doivent aussi être reconnus et ce n'est pas le cas à l'heure actuelle. Ce sont des revalorisations qui peuvent rendre le métier attractif.
Combien de centaines d'euros de revalorisation réclamez-vous ?
Yann Rouet : Dans un premier temps, nous réclamons la prime de 120 euros, jusqu'au début de la négociation de la grille. Nous allons ensuite travailler avec la DGOS et les syndicats qui nous représentent pour revaloriser la grille.
Quels sont les syndicats qui vous représentent ?
Yann Rouet : Il n'y a pas pour l'heure de syndicat catégoriel des ARM. Nous sommes représentés par les confédérations, qu'il s'agisse de la CGT santé social, ou encore de sud santé. Nous avons demandé aux syndicats de lancer un mouvement de grève nationale, mais il n'y a que Sud Santé qui l'a fait, par exemple. Des syndicats locaux se sont ensuite greffés sur les différents Samu.
Comment avez-vous vécu la situation dans les différents Samu cet été ?
Yann Rouet : Comme tous les étés, la population se déplace pour partir en vacances, et il y a eu un surplus d'activités de 30 à 40% dans les zones touristiques donc l'été a été compliqué d'autant plus qu'il a fallu jouer avec la fermeture de certains services d'urgence. ( Lire Quelle a été la réalité aux Urgences et Smur cet été ? L’enquête SUdF donne des chiffres)
On compte le nombre d'appels entrants dans les Samu, mais on oublie beaucoup les appels sortants : exemple, nous sommes amenés à appeler le médecin dans le service où sera adressé notre patient, ce qui nous fait du travail supplémentaire. Entre temps, nous ne pouvons pas décrocher d'appels entrants. Ces appels sortants ne sont pas comptabilisés et c'est dommageable.
Vous avez été en sous-effectif cet été ?
Yann Rouet : Dans certains Samu, oui, car il y a eu des arrêts maladie, des congés, etc. Nous sommes censés être remplacés, mais il n'y a pas suffisamment d'agents pour assurer les remplacements. Nous avons été obligés de recruter des personnels qui ne sont pas certifiés et devront se certifier dans les mois à venir.
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Citer cet article: ARM : « Nous réclamons une prime de pénibilité que nos collègues aides-soignants et infirmiers ont obtenue » - Medscape - 7 sept 2023.
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