France – Surveillé attentivement par l'OMS, le nouveau variant du Covid-19, BA.2.86 a été détecté pour la première fois en France, a indiqué Santé Publique France. Est-il plus dangereux que les autres variants ? Qu’en disent les experts internationaux ?
Un cas dans le Grand Est
Le variant BA.2.86 a été détecté dans le Grand Est. « Des investigations sont en cours afin de récolter des informations complémentaires sur ce premier cas » précise SPF dans son communiqué daté du 1er septembre.
Ce cas issu d’un prélèvement issu d’un laboratoire de ville de la région Grand Est vient s’ajouter 25 séquences de ce sous-lignage dans le monde (dénombrées le 31/08/2023 à midi), réparties dans plusieurs pays : dix séquences au Danemark, quatre aux Etats-Unis, quatre en Suède, deux en Afrique du Sud, deux au Portugal, une au Royaume Uni, une en Israël et une au Canada.
« A ce stade l’émergence du variant BA.2.86 est encore trop précoce pour pouvoir évaluer ses caractéristiques et son impact », continue SPF, qui précise toutefois que le statut immunitaire de la population mondiale est « très différent de ce qu’il était à l’émergence d’Omicron avec une part importante de personnes vaccinées ou ayant été infectées par des variants successifs différents, permettant de conserver une certaine protection, en particulier contre les formes sévères ».
Le variant BA.2.86, que d’aucun ont surnommé « Pirola » fait l’objet d’une attention particulière au niveau international en raison de son profil génétique atypique et du nombre important de mutations qu’il présente, considère néanmoins SPF.
Une souche qui compte beaucoup de mutations
« BA.2.86 est la souche de SRAS-CoV-2 la plus étonnante que le monde ait connue depuis l'émergence de l'omicron », a déclaré François Balloux, professeur de biologie des systèmes informatiques et directeur de l'Institut de génétique de l'University College London, dans un récent BMJ [2].
Cette nouvelle souche compte, en effet, 34 mutations de plus que la BA.2 et 36 de plus que la XBB.1.5, selon une première analyse de Jesse Bloom, virologue informaticien à l'Institut de recherche sur le cancer Fred Hutchinson de Seattle, aux États-Unis [2].
BA.2.86 est à la merci d’un échappement immunitaire « au moins aussi important » que XBB.1.5 par rapport à BA.2, ce qui justifie une surveillance hautement prioritaire des signes de propagation, considère Jesse Bloom.
Quant à Kristian Andersen, immunologiste au Scripps Research Institute aux États-Unis, il a déclaré dans un article publié sur la plate-forme de médias sociaux X (anciennement Twitter) que les mutations confèrent à BA.2.86 « toutes les caractéristiques pour pouvoir décoller », ajoutant toutefois : « Notre paysage immunitaire est aujourd'hui complexe, il est donc trop tôt pour affirmer que ce sera le cas. Mais je pense que c'est possible » [2].
La découverte du variant BA.2.86 intervient peu de temps qu’un autre variant dit EG.5/EG.5.1 ou « Eris » soit devenu majoritaire aux États-Unis – il représentait 17,4 % des cas dans le monde au cours de la semaine qui s'est achevée le 23 juillet.
Mais contrairement à EG.5, le sous-variant BA.2.86 mérite qu’on lui accorde beaucoup plus d'attention, selon le Pr François Balloux. « Le scénario le plus plausible [pour expliquer son apparition] est que la lignée [omicron] ait acquis ses mutations au cours d'une infection à long terme chez une personne immunodéprimée il y a plus d'un an et qu'elle se soit ensuite propagée dans la communauté. Depuis lors, BA.2.86 a probablement circulé dans une région du monde où la surveillance virale est faible et a été exporté à plusieurs reprises vers d'autres régions du monde » a-t-il affirmé.
Selon le virologue Jesse Bloom, pour « réussir », BA.2.86 devrait combiner son avantage antigénique avec une transmissibilité inhérente du type de celle observée dans les sous-variants XBB.
A ce stade, aucune certitude concernant la dangerosité de ce variant. « Le scénario le plus probable est que ce variant disparaisse et que, dans un mois, personne d'autre que des gens comme moi ne se souvienne qu'il a existé » a-t-il reconnu récemment dans Nature [3].
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Crédit image de Une : Dreamstime
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Citer cet article: COVID-19 : un premier cas du variant BA 2.86 détecté en France - Medscape - 5 sept 2023.
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