Pneumonie sévère : un traitement précoce par hydrocortisone réduit de moitié la mortalité

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

29 août 2023

Tours, France – Selon un essai de phase 3 randomisé en double aveugle, l’hydrocortisone administrée précocement améliore nettement la survie chez les patients admis en soins intensifs pour une pneumonie communautaire grave [1]. Si le bénéfice de ce corticostéroïde était bien connu dans les formes de pneumonie peu sévères, c’est la première fois qu’il est démontré dans les formes les plus graves.

« Au vu de la prévalence élevée des pneumonies en population générale et de la bonne maîtrise de l’hydrocortisone, ces résultats sont très encourageants », ont déclaré les auteurs dans un communiqué.

Un problème majeur de Santé publique

La pneumonie communautaire est effectivement un problème majeur de santé publique. Rien qu’aux États-Unis, plus d’1,5 million d’adultes sont hospitalisés chaque année en raison de complications liées à cette infection pulmonaire, généralement provoquée par le pneumocoque. Dans les pays à hauts revenus, le taux de décès à un mois chez les patients hospitalisés est de 10 à 12 %.

Dans les formes de pneumonies moins sévères, le traitement par corticoïdes de synthèse comme l’hydrocortisone facilitent l’évolution de la maladie et réduit la durée d’hospitalisation. Dans les formes plus sévères nécessitant une prise en charge en soins intensifs, le bénéfice de l’hydrocortisone en termes de survie avait déjà été suggéré dans une petite étude italienne, mais n’avait pas pu être confirmé par la suite par manque de puissance statistique [2].

Mené par le Pr Pierre-François Dequin (CHRU de Tours, France) et ses collègues, CAPE COD (Community-Acquired Pneumonie: Evaluation of COrticosteroiDs) est un essai randomisé multicentrique (31 centres impliqués) randomisé en double aveugle pour évaluer contre placebo une injection continue en intra-veineuse d’hydrocortisone chez des patients admis en soins intensifs pour une aggravation de pneumonie, en plus du traitement standard qui comprend notamment une antibiothérapie.

Injection continue en intra-veineuse d’hydrocortisone

L’administration d’hydrocortisone était ajustée pour injecter une dose de 200 mg par 24 heures pendant les quatre premiers jours en soins intensifs. Le traitement a été initié dans un délai de moins de 15 heures après l’admission. Au-delà de 4 jours, l’équipe médicale était libre de maintenir le traitement pour une durée totale de 8 ou 14 jours, en réduisant plus ou moins progressivement les doses, selon l’évolution de l’état du patient. 

L’essai devait inclure 1 200 patients, mais le comité de surveillance a demandé son arrêt après inclusion de 800 patients en raison des résultats positifs constatés avec le corticostéroïde et de la perte de chance de survie devenue évidente pour les patients du groupe contrôle. Les patients admis en soins intensifs pour une pneumonie ne pouvaient pas être inclus s’ils étaient intubés ou en présence d’un choc septique.

Le critère d’évaluation principal était la survie ou le décès à 28 jours. Publiés dans le NEJM, les résultats montrent une mortalité à un mois de 6,2 % chez les patients traités par hydrocortisone, contre 11,9 % dans le groupe contrôle. La mortalité à 90 jours reste également inférieure chez les patients traités (9,3 % contre 14,7 % avec le placebo). De même, la proportion de patients dont l’évolution de la maladie a conduit à une intubation est plus faible dans le groupe hydrocortisone (19,5 % contre 27,7 %). 

Le profil de sécurité du traitement s’est avéré satisfaisant. Outre un taux d’effets indésirables moindre par rapport au groupe contrôle, il n’y a pas eu plus d’infection acquise en réanimation chez les patients sous hydrocortisone, une complication particulièrement redoutée avec les traitements par corticostéroïdes.

Si les mécanismes à l’origine de l’efficacité du traitement dans cette indication ne sont pas clairement identifiés, les auteurs suggèrent un effet de la réduction de l’inflammation pulmonaire ainsi qu’une modulation de la réponse du système immunitaire. Des échantillons biologiques ont été prélevés tout au long de l’étude pour tenter d’identifier les mécanismes en jeu, ont-ils précisé.

 

Cet article a initialement été publié sur Mediquality.net, membre du réseau Medscape.

Suivez Medscape en français sur  Twitter .

Suivez theheart.org |Medscape Cardiologie sur  Twitter .

Inscrivez-vous aux  newsletters de Medscape :  sélectionnez vos choix

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....