Barcelone, Espagne — Selon une méta-analyse portant sur 65 études menées dans 35 pays, près d’un tiers des hommes de plus de 15 ans sont infectés par un papillomavirus humain (HPV) et un sur cinq est porteur d’un virus à haut risque cancérogène [1]. Des estimations qui apportent des arguments supplémentaires en faveur de la vaccination des garçons contre le HPV en prévention notamment de certains cancers.
« Nos résultats confirment que les hommes sexuellement actifs, quel que soit leur âge, sont un réservoir important d’infection génitale par HPV », soulignent les auteurs. « Ces estimations soulignent l’importance d’intégrer les hommes dans des stratégie de prévention du HPV », avec l’objectif de « parvenir à l’élimination du cancer du col de l’utérus et d'autres maladies liées au HPV ».
Près de 45 000 hommes testés
Le HPV est l’infection virale sexuellement transmissible la plus courante dans le monde. Il existe plus de 200 types de virus HPV pouvant être ainsi transmis et au moins 12 types sont oncogènes. De précédentes études ont montré que la plupart des hommes et des femmes sexuellement actives acquièrent au moins une infection génitale par HPV au cours de leur vie.
Si la majorité des infections par HPV sont asymptomatiques, elles peuvent conduire à des cancers. Le virus HPV est en effet impliqué dans le développement du cancer du col de l’utérus, de la vulve et du vagin, mais aussi des cancers oraux pharyngés et anaux, qui touchent également la population masculine. Plus de 25 % des cancers provoqués par les HPV surviennent chez les hommes.
Les études sur l’épidémiologie de l’infection par HPV chez l’homme restent néanmoins moins nombreuses que celles portant sur les femmes. Pour évaluer la prévalence de l’infection dans la population masculine, la Dr Laia Bruni (Catalan Institute of Onocology-IDIBELL, Barcelone, Espagne) et ses collègues ont repris les données de 65 études menées dans 35 pays chez des hommes de plus de 15 ans.
Dans cette revue de la littérature, les chercheurs ont sélectionné les études rapportant les taux d’infection chez des hommes sans symptômes liés à une maladie à HPV. Celles menées sur des populations à risque accru d’infection sexuellement transmissible (IST) étaient également exclues. Au total, l’analyse porte sur près de 45 000 hommes.
Un HPV oncogène majoritaire
La recherche de virus HPV s’est faite sur des prélèvements effectués au niveau anal et génital. Les résultats montrent des prévalences de l’infection par HPV chez les hommes de plus de 15 ans de 31%, tout type de HPV confondu, et de 21% en considérant uniquement les virus à haut risque cancérogène. L’un de ces virus, le HPV-16, est d’ailleurs le plus fréquent (prévalence de 5%).
La prévalence apparait plus élevée chez les jeunes adultes avant de se stabiliser et de redescendre à partir de 50 ans. Entre 25 et 29 ans, 35% des hommes sont infectés par le HPV. Point à souligner : la prévalence est déjà élevée chez les plus jeunes puisqu’elle atteint 28% entre 15 et 19 ans. En ce qui concerne les virus oncogènes, les variations sont similaires.
Cette évolution en fonction de l’âge est différente de ce qui est observé chez les femmes. Dans la population féminine, la prévalence du HPV atteint un pic peu après le début de l’activité sexuelle puis décline avec l’âge avant de repartir à la hausse après 50 ou 55 ans, généralement au moment de la ménopause, précisent les chercheurs.
Les résultats montrent également des disparités selon les pays et les régions du globe. Les prévalences les plus élevées s’observent dans les pays d’Afrique sub-saharienne (37%), d’Europe (36%) et d’Amérique du Nord (36%), tandis que la plus faible est rapportée dans les pays de l’Asie de l’Est et du Sud-Est. Là encore, les tendances sont similaires avec les HPV à haut risque.
« Renforcer la prévention »
« Notre étude attire l’attention sur la prévalence élevée, allant de 20 à 30%, des HPV à haut risque chez les hommes dans la plupart des régions [du monde] et souligne la nécessité de renforcer la prévention contre le HPV dans un contexte plus global de lutte contre les infections sexuellement transmissibles », commentent les auteurs.
« De futures études épidémiologiques sont nécessaires pour surveiller les tendances de la prévalence du HPV chez les hommes, en particulier dans le cadre du déploiement de la vaccination contre le HPV chez les filles et les jeunes femmes et du fait que de nombreux pays ont commencé à vacciner les garçons ».
En France, la vaccination contre les infections à HPV a été étendue en 2021 à tous les garçons âgés de 11 à 14 ans (schéma à deux doses), avec un rattrapage jusqu’à 19 ans (schéma à trois doses), soit des modalités identiques à celles des filles. Elle est également recommandée jusqu'à 26 ans chez les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH).
La rentrée 2023 sera marquée par le lancement d’une campagne de vaccination généralisée dans les collèges à destination des élèves de 5ème, garçons et filles, avec le consentement des parents, afin d’augmenter la couverture vaccinale. En 2021, elle était de 43,6% chez les filles de 15 à 18 ans et à peine 6% chez les garçons, selon Santé publique France[2],
Deux vaccins sont utilisables : le vaccin bivalent Cervarix®, contre les virus de type 16 et 18, et le vaccin nonavalent Gardasil 9® contre les types 16, 18, 31, 33, 45, 52 et 58. Les deux assurent une protection contre le HPV-16, le type plus fréquemment retrouvé chez les hommes, responsable de plus de la moitié des cancers du col de l’utérus.
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Crédit de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Un homme sur cinq porteur d’un virus HPV à haut risque de cancer - Medscape - 23 août 2023.
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