Hypertrophie de la prostate : l’intérêt de l’embolisation des artères prostatiques confirmé

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

21 août 2023

Paris, France — Dans le traitement de l’hypertrophie bénigne de la prostate symptomatique, le recours à l’embolisation des artères prostatiques en deuxième intention permet une baisse plus importante des symptômes urinaires, mais aussi une meilleure récupération de la fonction sexuelle, par rapport à l’approche médicamenteuse, selon une petite étude française randomisée. Les résultats ont été publiés dans The Lancet Régional Health-Europe[1].

Compte tenu de son efficacité et de son profil de sécurité satisfaisant, « cette intervention devrait être amenée à se développer » lorsqu’un premier traitement par alpha-bloquants s’avère inefficace, a commenté auprès de Medscape édition française, le Pr Marc Sapoval (hôpital européen Georges-Pompidou, AP-HP, Paris), qui a coordonné l’étude.

Un effet en deux à trois semaines

L'embolisation des artères prostatiques est une intervention radiologique mini-invasive, pratiquée en ambulatoire sous anesthésie locale. Elle consiste à atteindre les artères prostatiques en passant en général par l’artère fémorale pour aller y injecter des micro-billes non résorbables de la taille d’un grain de sable. « Les billes se coincent dans les artères et ne bougent plus ».

« La glande prostatique va rétrécir progressivement par manque de sang ce qui a pour effet de réduire les symptômes urinaires associés », indique l’AP-HP dans un communiqué. Après embolisation, « la prostate perd 20 à 25 % de son volume », indique le Pr Sapoval. « L’amélioration des symptômes s’observe en général au bout de deux à trois semaines ».

Cette option thérapeutique est indiquée chez les patients avec des symptômes ayant un retentissement sur la qualité de vie, en cas d’échec ou d’intolérance au traitement médicamenteux. L’embolisation de la prostate est aussi recommandée pour ceux qui ne veulent pas de la chirurgie en raison du risque de disparition de l’éjaculation, qui devient rétrograde dans deux-tiers des cas après l’opération. 

10 à 20% de non répondeurs

L’efficacité clinique de l’intervention est estimée à 80%. « La technique a peu d’inconvénient. Le seul point négatif important est que 10 à 20% des patients ne répondent pas à l’intervention, sans que l’on sache réellement pourquoi. Il convient donc d’en informer le patient. En cas d’échec, rien n’empêche de pratiquer ensuite une chirurgie », a précisé le spécialiste.

Dans l’essai PARTEM, les chercheurs ont voulu évaluer l’effet de l’embolisation en comparaison avec le traitement médicamenteux chez des patients ayant un adénome de la prostate symptomatique avec un volume de plus de 50 mL. Ils devaient présenter encore des symptômes urinaires gênants malgré un premier traitement par alpha-bloquants.

Mené dans le cadre d’une collaboration entre urologues et radiologues interventionnels, l’essai a inclus 90 patients pris en charge dans dix hôpitaux français. Ils ont été randomisés pour être traités soit par embolisation des artères, soit par une bithérapie associant l'inhibiteur de la 5-alpha-réductase dutastéride (0,5 mg) et l'alpha-bloquant tamsulosine (0,4mg) en une prise quotidienne.

Meilleure fonction érectile

L’évolution des troubles urinaires a été évaluée à l’aide du score IPSS (International Prostatic Symptom Score), qui repose sur sept questions concernant les difficultés mictionnelles et une question sur la qualité de vie. A neuf mois, le score a été réduit de 10 points dans le groupe traité par embolisation, contre 5,7 points avec le traitement médicamenteux. La différence est significative.

Les résultats montrent également une amélioration de la fonction sexuelle après l’intervention. L'index international de la fonction érectile (IIEF-15) a ainsi gagné 8,2 points après embolisation des artères, tandis qu’il s’est retrouvé abaissé de 2,8 points avec les médicaments. Les patients traités par embolisation étaient davantage satisfaits sur le plan sexuel. A noter que l’embolisation ne fait pas disparaitre l’éjaculation.

« Cet essai randomisé positionne donc l’embolisation prostatique comme une alternative crédible à un traitement médicamenteux combiné, chez les patients porteurs d’un adénome de taille modérée à grosse, résistant à un traitement initial par alpha-bloquants », commentent les auteurs.

« Les résultats confirment que cette approche est efficace est qu’elle a toute sa place aujourd’hui dans la prise en charge de l’hypertrophie bénigne de la prostate », estime le Pr Sapoval.

 

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