Ablation de la fibrillation atriale : un faible poids associé à un surrisque de tamponnade

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

11 août 2023

Suita, Japon – Selon une large étude japonaise, un faible indice de masse corporelle (IMC < 18,5) est associé à un risque accru de tamponnade cardiaque au cours d’une intervention pour ablation par cathéter d’une fibrillation auriculaire (FA) [1]. Ce surrisque apparait avec l’ablation par radiofréquence, mais pas avec la cryoablation, qui pourrait s’avérer plus appropriée chez les patients avec une insuffisance pondérale.

Un risque hémorragique accru

Les techniques d'ablation par radiofréquence de la FA sont des procédures complexes non sans risque. Avec une incidence comprise entre 0,6 % et 1,9 %, la tamponnade cardiaque est une complication grave, potentiellement fatale, provoquée le plus souvent par perforation de l'auricule ou lors d'une ablation linéaire sur l'isthme mitral. Elle se définie par une augmentation des pressions intrapéricardiques et une baisse du remplissage ventriculaire en raison d'une accumulation de liquide ou de sang dans le péricarde, entrainant une compression du cœur.

Récemment, des études ont rapporté un risque hémorragique accru chez les patients atteints de FA présentant une insuffisance pondérale et mis sous anticoagulants. Dans leur étude publiée dans le Journal of the American College of Cardiology (JACC), la Dre Reina Tonegawa-Kuji (National Cerebral and Cardiovascular Center, Suita, Japon) et ses collègues ont voulu vérifier si ces patients ont également un surrisque de tamponnade cardiaque pendant l'ablation, en raison de ce risque de saignement. 

Pour cela, ils ont analysé les données d'un registre national portant sur un total de 59 789 hospitalisations pour ablation par cathéter d'une FA enregistrées au Japon entre 2016 et 2018. Les patients (29 % de femmes) étaient âgés en moyenne de 65 ans. Un quart d'entre eux ont eu une cryoablation. Les autres ont été opérés par radiofréquence. 

Poids faible et risque de tamponnade

Dans cette cohorte, le taux de tamponnade cardiaque survenue pendant l'opération est de 1,1 % (n = 647). Quasiment tous ont été traités en urgence pour un drainage péricardique. Selon l'analyse, le risque de tamponnade est augmenté de 42 % (IC 95% ; RR = 1,42, 1,03-1,95) chez les patients avec un faible poids (IMC < 18,5 kg/m²) traités pour ablation, comparativement à ceux ayant un poids normal (IMC MI 18,5-25 kg/m²). 

Les chercheurs ont pu identifier d'autres facteurs de risque. Les patients âgés de 75 ans et plus ont ainsi un risque de tamponnade accru de 57% (IC 95% ; RR = 1,57, 1,22-2,03), par rapport aux plus jeunes, tandis que les femmes apparaissent également plus à risque (IC 95 % ; RR = 1,35, 1,14-1,59). De même, le risque est augmenté de 46% chez les patients diabétiques (IC 95 % ; RR = 1,46, 1,16-1,85). Autres facteurs de risque : les antécédents d'insuffisance cardiaque (37 % de risque en plus) et la présence d'une hypertension artérielle (+29 %). 

À l'inverse, un traitement par cryoablation est associé à un risque moindre de tamponnade (IC 95 % ; RR = 0,77, 0,63-0,95), comparativement à la radiofréquence. « L'insuffisance pondérale est associée à un risque accru de tamponnade cardiaque dans le groupe ablation par radiofréquence, mais pas dans le groupe cryoablation », notent les auteurs. Néanmoins, si l'étude suggère que cette technique serait plus appropriée, elle n'en apporte pas la preuve, précisent-ils. 

« Des recherches plus approfondies sont nécessaires »

« Bien que des recherches plus approfondies soient nécessaires pour comprendre pourquoi l'IMC est un facteur de risque de tamponnade cardiaque, notre hypothèse est que la manipulation d'un cathéter d'ablation par radiofréquence peut être rendue plus difficile dans l'oreillette gauche plus petite chez les patients ayant un faible IMC, engendrant ainsi un traumatisme ».

Selon les chercheurs, « les cliniciens devraient tenir compte du risque plus élevé de tamponnade cardiaque dans les populations avec un faible poids et prendre des mesures appropriées pour réduire ce risque ». Des études devront également être menées pour définir la meilleure stratégie dans cette population de patients et vérifier notamment si la cryoablation est la technique à recommander.

 

Cet article a initialement été publié sur Mediquality.net, membre du réseau Medscape.

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