Maladie de Lyme : des chercheurs français expérimentent une piste vaccinale originale

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

31 juillet 2023

France – Des chercheurs français expérimentent un vaccin innovant, ciblant le microbiote des tiques, pour diminuer leur dangerosité. Les résultats sont parus le 24 juillet dans la revue Microbiome[1].

La maladie de Lyme est causée par une bactérie, Borrelia, portée et transmise par les tiques, notamment Ixodes ricinus en Europe et Ixodes spacularis aux États-Unis et Canada. Alors qu’aucun vaccin contre cette maladie n’est disponible actuellement, des chercheurs d’INRAE, en collaboration avec l’Anses et l’École nationale vétérinaire d’Alfort, proposent une nouvelle forme de vaccination, indirecte et ciblant les tiques, pour lutter contre la maladie de Lyme.

Perturber le microbiote pour faire décroitre la dangerosité

« Les tiques peuvent transmettre une grande variété d'agents pathogènes d'importance médicale, y compris Borrelia afzelii, l'agent causal de la borréliose de Lyme en Europe. Le microbiote des tiques est un facteur important qui module non seulement la physiologie du vecteur, mais aussi sa compétence » indiquent les chercheurs [1]. Sachant que Borrelia est présente dans le microbiome de la tique, les chercheurs ont imaginé un vaccin qui perturbe celui-ci.

Pour ce faire, ils ont injecté une souche inoffensive de bactéries type Escherichia coli à des souris, lesquelles ont fabriqué des anticorps. Le principe de cette vaccination indirecte est que si la souris est ensuite mordue par une tique, ces anticorps vont passer dans le microbiote de l’insecte et venir le perturber, atténuant ainsi sa dangerosité. Et effectivement, les travaux des chercheurs ont montré que les tiques après morsure portent beaucoup moins de Borellia que celles qui ont piqué des animaux non vaccinés (voir la vidéo explicative). Ce vaccin, lorsqu’il est administré à une souris, « protège » donc la tique contre la colonisation par Borrelia (mais ne protège pas la souris de la maladie).

Ces travaux se concluent sur une double avancée : de nouvelles connaissances sur l’importance du microbiote dans l’infection des tiques par Borrelia et une possible stratégie de vaccination innovante. En effet, les résultats confirment que le microbiote des tiques est un élément primordial pour le développement de Borrelia dans la tique. « Une donnée essentielle qui laisse envisager le développement d’une stratégie de vaccination innovante qui vise à perturber le microbiote du vecteur de l’agent de la maladie de Lyme » peut-on lire dans le communiqué de l’Inrae [2].

Un principe potentiellement applicable à d’autres arboviroses

Le moustique étant lui-aussi un vecteur important susceptible de transmettre un grand nombre de maladies comme la dengue, zika, ou le paludisme, les vaccins antimicrobiote pourraient représenter une opportunité de développer des vaccins innovants contre les pathogènes à transmission vectorielle.

 

Suivez Medscape en français sur Twitter.

Suivez theheart.org | Medscape Cardiologie sur Twitter.

Inscrivez-vous aux newsletters de Medscape : sélectionnez vos choix

 

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....