France — Le programme de dépistage organisé du cancer colorectal (DOCCR), basé sur la recherche de sang occulte dans les selles, a été généralisé en France en 2008-2009. Il est proposé tous les deux ans à toutes les personnes âgées de 50 à 74 ans à risque moyen de développer un cancer colorectal.
Depuis 2015, on n’utilise plus le test au gaïac (Hemoccult®) mais un test immunologique (FIT, Fecal Immunologic Test, OC Sensor®) qui est plus facile à utiliser et plus sensible en gardant la même spécificité. En cas de test positif, une coloscopie doit être pratiquée. Des indicateurs de performance de ce programme viennent d’être publiés dans un Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) [1], notamment pour la période 2020-2021 marquée par la pandémie de Covid-19.
Moins d’un tiers de participants
Entre 2010 et 2014 (utilisation d’Hemoccult®), le taux de participation à ce programme de dépistage est passé de 31,8 % à 29,5 % puis a ensuite atteint 33,1 % en 2016-2017 après le passage au test FIT avant de diminuer jusqu’à 28,8 % en 2019-2020. Cette tendance est observée quels que soient le sexe et la tranche d’âge, ainsi que dans la plupart des régions. Ce taux de participation est faible, bien en-deçà des recommandations européennes (objectif acceptable de 45 %) et du taux moyen de participation des pays d’Europe utilisant un test FIT (49,5 %).
Concernant la proportion de personnes avec un test positif, elle est restée stable entre 2,6 % et 2,2 %, entre 2010 et 2014 (Hemoccult®). Elle a ensuite augmenté jusqu’à 4,6 % en 2016-2017 (passage au test FIT plus sensible) avant de se stabiliser à partir de 2018-2019 autour de 3,7 %.
Quel impact du COVID-19 ?
Au cours de la période 2020-2021 :
Le taux de participation a été de 34,6 %, soit le niveau le plus élevé depuis 2010, mais reste en-deçà des recommandations européennes ;
La proportion de personnes avec un test positif a été de 3,6 %, ce qui est comparable aux années précédentes.
La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 en 2020 et 2021 ne semble pas avoir eu de conséquence importante sur la participation au programme de dépistage organisé du cancer colorectal à l’échelle nationale. Une chute importante du nombre de tests réalisés a été observée pendant les périodes de confinement strict, au printemps et à l’automne 2020, mais un rattrapage a été observé par la suite.
Cependant, si la crise sanitaire ne semble pas avoir eu d’impact sur la réalisation des tests de dépistage, la reprogrammation des interventions non urgentes a entraîné un retard dans les coloscopies réalisées à la suite d’un test positif. Globalement, dans les 6 mois qui ont suivi le début de la pandémie, un déficit de 250 000 préparations à la coloscopie a été constaté en comparaison avec la même période en 2019 et une baisse du nombre d’endoscopies digestives réalisées a également été observée entre 2019 et 2020. Il conviendra d’en mesurer l’impact sur le stade des cancers colorectaux dépistés et sur la mortalité.
Comment améliorer la participation ?
Il semble que la nécessité de consulter son médecin généraliste pour retirer un kit de dépistage puisse être un frein. C’est pourquoi, depuis 2022, il est possible de commander son kit en ligne ou de le retirer chez son pharmacien à réception de l’invitation. L’impact de cette disposition sur le taux de participation sera évaluable dans les années à venir…
Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.
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Crédit de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Dépistage organisé du cancer colorectal : quel impact de la pandémie ? - Medscape - 1er août 2023.
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