Baisse du nombre de candidats PH : faut-il s'en inquiéter ?

Jacques Cofard

Auteurs et déclarations

31 juillet 2023

France – Selon les données du centre national de gestion, le nombre de candidats au poste de praticiens hospitaliers ce printemps a baissé de 17% par rapport à l'an dernier. Ces statistiques méritent néanmoins d'être relativisées.

30 % seulement des postes vacants publiés pourvus

Voilà qui devrait apporter de l'eau au moulin des syndicats de praticiens hospitaliers, qui ont observé une grève les 3 et 4 juillet derniers. Le centre national de gestion (CNG), qui gère la carrière des praticiens hospitaliers, a annoncé que le nombre de candidatures aux postes de PH avait baissé cette année : 3364 candidatures ont été reçues pour 10846 postes, contre 4056 candidatures l'an dernier. De quoi s'inquiéter ? Oui, selon le Pr Sadek Beloucif, président du syndicat Snam-HP : « Depuis 10 ans, nous constatons une aggravation de la situation. Sur 10 800 postes, 3300 candidats environ ont été comptés contre plus de 4000 candidats l'an dernier. La situation est très préoccupante. » Même constat pour l'intersyndicale Action praticien hôpital : « Quatre jours avant la grève des praticiens hospitaliers pour la reprise des négociations sur l’attractivité des carrières médicales hospitalières, le Centre National de Gestion publie les résultats du tour de recrutement du printemps 2023. Force est de constater que 30 % seulement des postes vacants publiés sont pourvus, et que le nombre de candidats inscrits est inférieur à la « saison » 2022. Si les statistiques des PH 2023 n’ont toujours pas été rendues publiques, on peut s’inquiéter de savoir si les prises de postes de PH compenseront les départs. »

Hausse des recrutements en 2022

Si les chiffres ne sont pas bons, ils méritent néanmoins d'être relativisés. Car la campagne de recrutement de juin 2022 avait marqué une hausse de 21,4% par rapport à la campagne de recrutement de juin 2021, et de +35% par rapport à celle de l'automne 2021. La baisse du nombre de candidats entre le printemps 2023 et le printemps 2022 est de 17% : la campagne de recrutement du printemps 2023 est donc meilleure que celle du printemps 2021. « La région offrant le plus de postes à pourvoir est l’Auvergne Rhône-Alpes avec 1 333 postes. Les régions les plus attractives sont la région Hauts-de-France et la région Normandie ayant reçu à elles deux 567 candidatures, soit un taux de candidatures de 27.50% par rapport aux postes proposés », établit le CNG. Qui publie dans la foulée des statistiques sur la population des praticiens hospitaliers sur dix ans.

Malgré tout, la campagne de recrutement du printemps 2023 est donc meilleure que celle du printemps 2021.

Augmentation des PH sur 10 ans

Entre 2013 et 2023, le nombre de praticiens hospitaliers a progressé de 10,8% pour s'établir à 46 811 postes, soit une augmentation nette de 4 544 postes. Le corps des PH dans le même temps se féminise, les femmes représentant désormais 54,8% des PH – une féminisation plus élevée en pharmacie (72,3%) et en biologie (61,1%) et plus faible en chirurgie (35%) et en radiologie (48,2%). Autre donnée qui relativise les inquiétudes syndicales : la densité de l'ensemble des praticiens hospitaliers augmente légèrement, passant de 67,1 PH en 2022 à 68,8 PH en 2023. Huit régions en 2023 ont une densité supérieure à la moyenne : « La Martinique (80,2 PH pour 100 000 habitants) et la Réunion (80,1) se retrouvent en tête du classement suivies de trois régions : Hauts-de-France (77,3), Bretagne (76,7) et Bourgogne-Franche-Comté (74,4). » Mais dix régions sont en dessous de cette moyenne nationale dont la Guyane (31,2), Mayotte (36,1), l'Occitanie (59,4), le Centre-Val de Loire (63,1) et les Pays de la Loire (61,7 PH pour 100 000 habitants). L'ancienneté moyenne baisse légèrement, passant de 12,1 ans en 2022 à 11,9 ans en 2023.

Les femmes représentent désormais 54,8% des PH.

Explosion des médecins en disponibilité

Le solde net des entrées/sorties des effectifs de PH « est positif depuis six ans ». En 2022, on comptait 4 700 entrées (contre 3935 en 2021) pour 1 747 sorties. Les sorties ont diminué en 2022 de 4,5%. « Les départs à la retraite représentent 70,6 % des sorties définitives du corps des PH (+ 4,5 points en un an). Les démissions constituent le deuxième motif de sortie définitive du corps des PH (16,8 % de l’ensemble des sorties définitives) en diminution d’un point en un an (17,8 % en 2021). La radiologie et imagerie médicale (24,7 %) enregistre la part la plus élevée, la pharmacie (1,7 %) affiche la part la plus faible. »

Mais il est des données inquiétantes : ce sont les nombres de PH détachés, et surtout de PH en disponibilité. Le nombre de PH détachés a augmenté de 18,6% entre 2013 et 2023. Près de la moitié de ces PH détachés (45,9%) partent travailler auprès d'un établissement de santé privés d'intérêt collectif. Mais ce sont surtout les PH en disponibilité qui ont fortement augmenté en dix ans, passant de 1630 en 2013 à 5581 en 2023, soit une augmentation de 242%. « Pour la très grande majorité, les PH en disponibilité le sont pour convenances personnelles (92,8 %) », complète le centre national de gestion.

Les démissions constituent le deuxième motif de sortie définitive du corps des PH.

 

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