La participation au dépistage organisé du cancer du sein est encore insuffisante

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

17 juillet 2023

France – Depuis la généralisation du programme de dépistage du cancer du sein en France en 2004-2005, l’adhésion des Françaises reste faible. Le taux de participation a même diminué depuis le début des années 2010 et a été impacté par la pandémie de Covid-19, d’après une récente étude de Santé Publique France publiée dans le BEH[1] .

Ce travail, mené par Agnès Rogel (Santé publique France, Saint-Maurice) et coll sur la période de 2005 à 2021 en France a évalué le taux de participation, défini comme le nombre de femmes âgées de 50 à 74 ans ayant participé au programme rapporté à la population cible.

Pour rappel, le dépistage organisé propose tous les deux ans à toutes les femmes âgées de 50 à 74 ans un examen clinique des seins et une mammographie suivie d’une seconde lecture par un relecteur expert si la première est normale, ainsi qu’un bilan diagnostic immédiat en cas d’image suspecte.

Au niveau national, après avoir augmenté jusqu’en 2012 pour atteindre un pic autour de 52%, la participation a diminué pour atteindre 48,5% en 2019.  Au cours de l’année 2020, elle a chuté à 42,6%, puis a remonté à 50,6% en 2021.

Si la participation de l’année 2021 a en partie compensé le déficit de l’année 2020, celle de la période 2020-2021 reste inférieure à celle de la période 2018-2019.

Les taux de participation atteints en France sont donc loin des recommandations des instances européennes qui préconisent une participation d’au moins 70% de la population cible afin que l’objectif de réduction de mortalité du cancer du sein puisse être atteint.

Une disparité territoriale

Au niveau territorial, un gradient géographique est observé depuis la mise en place du programme avec les niveaux de participation les plus élevés sur un axe allant de la Bretagne à la région Auvergne-Rhône-Alpes et une participation très faible en Île-de-France et dans le Sud-Est, en Corse et en Outre-mer, sauf pour La Réunion.

« Une étude a détaillé ces variations de participation à l’échelle de la commune de résidence et montre une faible participation dans les grandes villes, ainsi que dans les territoires peu ou très défavorisés[4] », commentent les chercheurs.

Explications

Santé Publique France avance plusieurs raisons à ces mauvais chiffres français.

L’une d’elle est que ce programme coexiste avec des pratiques régulières de mammographies réalisées en dehors du programme, une activité « difficilement mesurable » .

Aussi, « malgré la réaffirmation de l’efficacité du dépistage du cancer du sein par des synthèses scientifiques européennes[2,3], la polémique internationale sur l’efficacité de ce dépistage a engendré un doute général sur le bien-fondé de participer à un tel programme en France ». Pourtant, le cancer du sein reste la première cause de cancers féminins et la première cause de décès par cancer chez la femme comme dans les autres pays industrialisés.

Enfin, la pandémie de Covid qui a débuté en 2020 et les différents confinements qui ont suivi ont profondément impacté l’organisation des soins en France et les dépistages des cancers en particulier.

 

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