France – Bien que très fréquentes, les infiltrations de corticostéroïde ostéoarticulaires (ICO) ne font pas l'objet de recommandations spécifiques dans la littérature. La Société Française de Rhumatologie a décidé d'en élaborer [1].
Un groupe de travail de la Société Française de Rhumatologie (SFR) a émis des recommandations de bonne pratique fondées sur un consensus d'experts, dans la mesure où des données issues de la littérature manquent pour la plupart d'entre elles. Les spécialistes insistent sur le fait que l'indication d'une ICO doit reposer sur un diagnostic établi par un médecin ayant une compétence clinique ostéoarticulaire (reco n°1). De fait, un diagnostic précis est indispensable pour la réussite de tout geste interventionnel. La procédure est en général précédée d'une radiographie et/ou une échographie (reco n°2). « La place respective de l'échographie et de la radiographie préalables reste à définir en fonction des différents cas de figure », indique le groupe de travail. Ainsi la première permet de mettre en évidence un épanchement, une ténosynovite, un kyste ou encore une tendinopathie ; et la deuxième des lésions ostéoarticulaires inflammatoires ou dégénératives, et des calcifications intra- ou périarticulaires.
Concernant la réalisation de l'ICO, les auteurs rappellent qu'un guidage par imagerie peut apporter plus de précision pour le praticien et de confort pour le patient (reco n°3), par exemple quand l'ICO concerne une zone difficile d'accès, difficile à repérer cliniquement ou profonde ou encore une zone riche en fibres nociceptives. Si, en général, une prise en charge médicamenteuse antalgique et/ou anti-inflammatoire par voie orale et/ou topique est préconisé avant un geste interventionnel local, celui-ci peut être fait en première intention s'il apporte une balance bénéfices/risques plus favorable (reco n°5).
Une ou plusieurs infiltrations de corticostéroïde ?
Faut-il répéter les infiltrations ? Le groupe de travail considère qu'il « n'est plus de mise d'envisager une série systématique d'infiltration ». Aussi, il a précisé les différentes situations pour lesquelles des infiltrations répétées sont acceptables : une seconde injection « est possible en cas de résultat incomplet, d'absence de guidage ou de rechute » (reco n°6), « la répétition d'une injection locale de corticostéroïde dans une même articulation est justifiée si la précédente a apporté un bon résultat » (reco n°6 et n°7). Néanmoins, il faut que les praticiens prennent en compte les risques, qui suivent une courbe en U et qui ont été décrits récemment, inhérents aux injections répétées (reco n°7). Une infiltration de corticostéroïde périarticulaire est-elle possible à proximité d'une prothèse articulaire ? Oui, considèrent les auteurs dans leur treizième recommandation, mais « sous réserve d'un guidage avec asepsie rigoureuse de type chirurgical et d'une indication posée en concertation avec le clinicien spécialiste ». Enfin, la règle de l'immobilisation systématique de l'articulation après infiltration de corticostéroïde est désormais révolue (reco n°12)
Y a-t-il des précautions à prendre ? Les spécialistes listent les contre-indications à la réalisation d'une ICO : un état infectieux ou une chirurgie programmée à court terme, un risque hémorragique, un diabète ou une hypertension mal équilibrés (reco n°8). Quant aux complications, les auteurs rappellent qu'elles restent exceptionnelles lors d'une infiltration rachidienne de corticostéroïde mais qu'il faut en tenir compte, en particulier en cas d'antécédent chirurgical, de localisation cervicale et/ou foraminale qui majorent leur risque de survenue (reco n°10). Pour garantir la sécurité du patient, les auteurs rappellent que la posologie et le type de corticostéroïde injecté doit être choisi en fonction de la localisation, de la pathologie et du terrain (n°9)
Enfin, quand une ICO est envisagée, le patient doit être informé de la nature de la procédure, du produit injecté et des bénéfices et risques potentiels et le médecin doit obtenir son consentement (reco n°4). « Un compte rendu doit être rédigé pour toute injection locale de corticostéroïde, mentionnant au minimum l'indication, la procédure d'injection, le nom, la posologie et le numéro de lot du ou des produits injectés, et les conseils post-procéduraux », précise aussi le groupe d'experts pour sa onzième recommandation.
Cet article a initialement été publié sur Mediquality.net, membre du réseau Medscape.
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Citer cet article: Infiltrations ostéoarticulaires de corticostéroïdes : les recos de la SFR - Medscape - 19 juil 2023.
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