Le blog du Pr Dominique Savary – urgentiste, réanimateur
TRANSCRIPTION
Bonjour, je suis Dominique Savary, je travaille au département de médecine d’urgence du CHU d’Angers et je suis ravi de vous retrouver sur Medscape pour évoquer la période COVID et une étude qui s’est intéressée à l’arrêt cardiaque extra-hospitalier pendant cette période.
Il s’agit d’un papier de Valentine Baert et collaborateurs, qui est sorti dans Critical Care Medicine l’année dernière. [1] C’est une étude sur registre, (le registre RéAC), qui est le registre français de l’arrêt cardiaque, et qui a voulu voir ce qu’étaient devenus ces patients pris en charge, qu’ils aient été COVID avérés, COVID suspectés ou non atteints de cette maladie.
On a vu, encore récemment, des papiers qui montraient qu’il y a eu une surmortalité de l’infarctus du myocarde et de l’accident vasculaire cérébral pendant la période COVID ― surmortalité de plus de 20 % en lien, en particulier, avec le fait que les patients n’aient pas consulté aux urgences, puisque, vous vous en souvenez, c’était l’époque où on disait « n’allez pas aux urgences si ce n’est pas nécessaire, puisque il y a beaucoup de patients COVID. »
L’étude de registre portait sur une période de neuf mois en 2020, avec plus de 6600 patients qui ont été analysés. Parmi ces 6600 patients, 127 patients qui avaient fait un arrêt cardiaque étaient COVID avérés, 473 étaient suspectés de pathologie COVID, quand un peu plus de 6000 patients (6024 exactement), n’avaient pas de maladie COVID-19. Sur ces trois cohortes, les auteurs se sont intéressés aux manœuvres de réanimation et à la survie de ces patients.
Résultats : D’abord, on constate qu’il y a une population non négligeable des patients COVID avérés ou suspectés qui ont fait un arrêt cardiaque d’origine respiratoire. On peut être surpris de cela, parce qu’il y a encore des études récentes, je pense à une étude du Lancet d’une équipe suédoise qui a montré que dans les 15 premiers jours de la pathologie de COVID, beaucoup de patients faisaient des pathologies cardiovasculaires et de l’infarctus du myocarde, en particulier. [2] Mais non, en fait, dans cette étude de registre, l’origine de l’arrêt cardiaque était plus particulièrement respiratoire dans la cohorte des patients COVID avérés ou suspectés, quand on la compare à l’origine cardiaque des patients qui n’avaient pas de COVID-19.
Quand on regarde la reprise d’activité circulatoire des patients et le taux d’hospitalisation, malgré que – on s’en souvient – les équipes préhospitalières devaient s’équiper et se protéger pour prendre en charge des patients qui avaient des pathologies respiratoires et un arrêt cardiaque, il n’y a pas de différence significative en termes de reprise d’activité circulatoire que les patients aient été COVID positifs ou suspectés, par rapport aux autres patients. Le taux d’hospitalisation, là aussi, était identique, et il n'y avait pas de différence significative entre ces deux cohortes.
Ce que j’ai trouvé intéressant dans cette étude, c’est l’élément final et le diagnostic final avec la survie à 30 jours des patients. On s’aperçoit que parmi les 127 patients qui étaient COVID avérés, tous sont décédés. C’est-à-dire qu’il n’y a eu aucune survie. Quant aux patients qui étaient COVID suspectés, la survie était de 0,9 % versus 3,5 % pour le reste des patients en non COVID+, avec une différence qui n’était pas significative. Je retiendrai donc que les patients, qu’ils aient été COVID ou pas ont bénéficié de gestes de réanimation et ont eu des reprises d’activité circulatoire qui étaient identiques, mais que la survie des patients COVID+ était nulle, ce qui est quand même un résultat qui est intéressant.
J’espère que ces données vous ont intéressés et je vous dis à très bientôt sur Medscape.
Inscrivez-vous aux newsletters de Medscape : sélectionnez vos choix
Suivez Medscape en français sur Twitter , Facebook et Linkedin .
© 2023 WebMD, LLC
Les opinions exprimées dans cet article ou cette vidéo n'engagent que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement celles de WebMD ou Medscape.
Citer cet article: Arrêts cardiaques pré-hospitaliers des patients COVID - Medscape - 8 nov 2023.
Commenter