POINT DE VUE

Le bonheur : quelles leçons tirer de la plus longue étude sur le sujet?

Dr Mauricio Wajngarten

Auteurs et déclarations

5 juillet 2023

Tout le monde est à la recherche du bonheur... Mais comment l'atteindre ? Quels sont ses principaux déterminants ? La "Harvard Study of Adult Development", l'étude la plus longue jamais réalisée sur le sujet, apporte des éléments de réponses.

Débutée en 1938 à Boston, elle a suivi 2000 personnes tout au long de leur vie d'adulte, couvrant trois générations : grands-parents, parents et enfants, considérés aujourd'hui comme des baby-boomers. Les participants ont été analysées au cours de ces 85 années de recherche longitudinale. Le Dr Robert Waldinger, coordinateur de cette étude étonnante, a publié en janvier dernier un livre intitulé "The Good Life : Lessons From the World's Longest Scientific Study of Happiness" (La belle vie : les leçons de la plus longue étude scientifique sur le bonheur), coécrit avec le Dr Marc Schulz.

Après avoir suivi cette vaste population pendant plus de huit décennies, l'étude a permis de découvrir les facteurs les plus étroitement liés à la qualité de vie et au bonheur. Voici, en résumé, certains concepts formulés par les auteurs.

Les facteurs les plus importants

Les participants les plus « heureux » de l'étude présentaient deux facteurs majeurs en commun : ils prenaient soin de leur santé et nouaient des liens chaleureux avec d'autres personnes tout au long de leur vie.

Maintenir une bonne santé pour bien vivre semble évident. Cependant, les chercheurs ont constaté que le fait d'avoir de bonnes relations avec autrui était le facteur prédictif le plus important de la santé et du bonheur tout au long du vieillissement. Ce résultat est confirmé par d'autres auteurs, et la recherche se penche sur les mécanismes physiologiques associés à ce bénéfice.

Avoir de bonnes relations avec autrui était le facteur prédictif le plus important de santé et de bonheur.

La réussite professionnelle ne suffit pas

La réussite professionnelle ne garantit pas à elle seule le bonheur, même si elle est gratifiante.

La recherche révèle également que les personnes les plus heureuses ne restent pas isolées, au contraire, elles valorisent et cultivent leurs relations personnelles et professionnelles. Les niveaux d'éducation et de culture, plus élevés chez les participants avec des revenus supérieurs, sont également des facteurs importants pour l'adoption d'habitudes saines (plus répandues depuis les années 1960) et pour un meilleur accès aux soins de santé.

« Forme sociale »

La solitude est de plus en plus fréquente et complique la résolution des situations de stress que chacun traverse. Il est important d'avoir quelqu'un à qui se confier. Le Dr Robert recommande donc d'évaluer les moyens d'améliorer, de renforcer et de prolonger ses relations. Il appelle ce processus le maintien de la « forme sociale » qui, comme la forme physique, nécessite un entraînement constant. Les amitiés et les relations méritent une attention permanente si l'on ne veut pas qu'elles s'étiolent. De simples appels téléphoniques peuvent être utiles. La participation à des activités qui apportent plaisir et convivialité, telles que le sport, les loisirs et le bénévolat, peut favoriser l'expansion du réseau de relations.

Personne n'est heureux en permanence

Les médias sociaux montrent le plus souvent les aspects positifs, les moments de réussite, et suggèrent que tout le monde mène une vie facile, sans problème. En réalité, aucune vie n'est exempte de difficultés et de défis. La "forme sociale" peut alors jouer un rôle et contribuer à la résilience lors des moments difficiles.

La vie est pleine de surprises

Il n'est jamais trop tard pour que des rebondissements se produisent et pour que les gens changent de vie, nouent des relations et vivent de nouvelles expériences. Quiconque pense tout savoir sur la vie se trompe…. L'étude montre que des évènements positifs sont arrivés à des personnes qui pourtant avaient renoncé à modifier leur situation, et alors qu’elles s'y attendaient le moins.

Implications

Nous disposons enfin de données solides pour parler d'un bonheur fondé sur des preuves. Cette étude souligne l'importance de l'aptitude sociale et des bienfaits d’entretenir des relations sur le long terme : cela permet de se maintenir en bonne santé, de surmonter les épreuves difficiles et d'atteindre le bonheur tant espéré.

 

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