Paris- France – « Les canicules sont les événements climatiques extrêmes qui ont le plus fort impact sur toutes les classes d’âge de la population », a expliqué Sébastien Denys, directeur santé environnement et travail à Santé Publique France, lors d’une conférence de presse consacrée à l’impact de la chaleur estivale sur la mortalité en France métropolitaine.
Avant d’ajouter « depuis 2015, les canicules sont de plus en plus étendues sur l’ensemble du territoire métropolitain, elles surviennent sur des périodes de plus en plus précoces, dès le mois de juin, et elles ont des impacts sanitaires notables en termes de morbidité et en termes d’excès de mortalité ».
Pour tenter de quantifier de façon fine cette part de la mortalité attribuable spécifiquement à l’exposition à la chaleur durant l’été, Santé Publique France a développé une méthode originale permettant d’estimer cette mortalité à l’échelle départementale (hors Droms) d’une part pour tous âges confondus et d’autre part pour les personnes de 75 ans et plus.
Pour cela, les chercheurs ont utilisé trois chiffres, celui des décès toutes causes pendant la période estivale (liés à la chaleur mais aussi à la pollution atmosphérique liée au feux de forêts, aux noyades, ou encore au covid, par exemple), celui des décès spécifiquement attribuables à la chaleur et celui des accidents du travail liés à la chaleur.
Il en ressort que pendant les périodes estivales de 2014-2022, du 1er juin au 15 septembre, sur l’ensemble des départements métropolitains :
près de 33 000 décès seraient attribuables à la chaleur estivale (sur 9 ans).
Environ deux tiers de l’excès de mortalité concerne, comme attendu, majoritairement des personnes d’au moins 75 ans, ce qui signifie aussi qu’un tiers touche des personnes plus jeunes.
Globalement, entre 1000 et 7000 décès sont attribuables à la chaleur chaque année, selon le contexte météorologique. L’impact le plus important ayant été observé en 2022 avec près de 7000 décès (dont plus de 2800 pendant les canicules).
Parmi les décès, 28% ont été observés pendant les canicules (total des décès survenus jusqu’à 3 jours après la fin de la période de canicule) telles que définies par le plan de gestion des vagues de chaleur*, alors qu’elles ne représentent que 6% des jours étudiés, « justifiant ainsi une surveillance et une prévention particulièrement renforcées ».
72 % de la mortalité en lien avec la chaleur estivale est donc observée en dehors des épisodes de canicules (étalée sur 94% des jours).
*Une canicule correspond à une période d’au moins trois jours où les moyennes de températures maximales et les températures minimales dépassent des seuils d’alerte qui varient d’un département à l’autre. Les seuils d’alertes sont plus élevés dans le Sud de la France que dans le Nord. Par exemple, en Ile-de-France, le seuil d’alerte minimal est de 21 °C et le seuil d’alerte maximal est de 31°C. donc pendant trois jours si la moyenne des températures de la nuit dépasse 21 °C et la moyenne des températures du jour dépasse 31°C, l’Ile de France est en canicule.
« Il n’y a pas de point de rupture mais plus les températures deviennent extrêmes, plus le risque de mortalité augmente de manière exponentielle. Il y a un accélération du risque de mortalité quand les températures sont très élevées, notamment proches des 30 °C », a souligné Guillaume Boulanger, responsable d’unité (direction santé, environnement, travail, SPF) qui a présenté les données.
« Il est donc important de renforcer l’adaptation à la chaleur tout l’été, et pas uniquement pendant les canicules, dans un contexte de changement climatique », conclut l’expert.
Il convient de rappeler les bons gestes de prévention (aérer la nuit, mouiller le corps, penser à fermer les volets le jour, mettre des plantes devant les fenêtres, placer des glaçons devant un ventilateur…), mais aussi de préciser la diversification des apports hydriques et de pousser les personnes traitées à consulter un professionnel de santé qui peut éventuellement adapter un traitement médicamenteux en cours.
Aussi, plus globalement, SPF insiste sur la nécessaire « adaptation des villes à la chaleur : via notamment le concept de « nature en ville » par la végétalisation, les revêtements absorbant peu de chaleur, les jets d’eau, et les plans d’eau.
Les 3 principaux risques liés à la chaleur
L’hyperthermie
La température du corps ne peut se maintenir à 37°C. Les symptômes sont variés : peau chaude, malaise, étourdissements, nausée, confusion, trouble de l’élocution…Le risque d’hyperthermie concerne principalement les nouveau-nés, les jeunes enfants et les adultes particulièrement exposés à la chaleur (sportifs ou travailleurs en extérieur).
L’hyponatrémie
Ce risque concerne principalement les personnes âgées ayant une trop grande consommation d’eau non compensée par une alimentation variée. Les symptômes sont non-spécifiques : nausées, vomissements, dégoût de l’eau, asthénie, céphalée, confusion. Ils peuvent aller jusqu’au décès.
La déshydratation
Ce risque apparait chez les personnes qui transpirent beaucoup et qui ne boivent pas assez. Il s’agit le plus souvent de personnes âgées.
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Crédit image de Une : Dreamstime
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Citer cet article: 7000 décès attribuables à la chaleur estivale en métropole en 2022 - Medscape - 28 juin 2023.
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