Le COVID long associé à des taux de vitamine D plus faibles

Istanbul, Turquie – Les patients atteints de Covid-19 de longue durée — lorsque les effets d'une infection initiale par le Covid durent plus de 12 semaines — présentent des taux de 25(OH) D inférieurs à ceux des autres patients, selon une étude rétrospective.

Aussi, la différence en termes de taux de vitamine D chez les patients atteints d’un Covid long étaient plus marqués chez ceux qui souffraient d’un brouillard cérébral.

Ces résultats, présentés par le Dr Luigi di Filippo et coll. lors du Congrès européen d'endocrinologie (ECE) à Istanbul (Turquie), ont été publiés dans le Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism ^[1].

« Nos données suggèrent que les niveaux de vitamine D devraient être évalués chez les patients infectés par le Covid-19 après leur sortie de l’hôpital », écrivent les chercheurs de l’hôpital San Raffaele (Milan, Italie).

« Le rôle de la supplémentation en vitamine D en tant que stratégie de prévention des séquelles du Covid-19 devrait être testé dans le cadre d'essais contrôlés randomisés », insistent-ils.

Les chercheurs soulignent également qu’il s'agissait d’une étude contrôlée dans une population homogène, qu’elle incluait plusieurs signes et symptômes de Covid long et que le suivi était plus long que celui de la plupart des études précédentes (6 mois contre 3 mois).

« Le fait que notre étude soit fortement contrôlée nous aide à mieux comprendre le rôle de la carence en vitamine D dans le Covid long et à établir qu’il existe probablement un lien entre la carence en vitamine D et le Covid long », a déclaré l’auteur principal le Dr Andrea Giustina, lors d’un communiqué de presse de l’ECE.

« Notre étude montre que les patients atteints de Covid-19 ayant un faible taux de vitamine D sont plus susceptibles de développer un Covid long, mais on ne sait pas encore si les suppléments de vitamine D pourraient améliorer les symptômes ou réduire complètement ce risque », a-t-il averti.

« Si elles sont confirmées par de vastes essais contrôlés, interventionnels et randomisés, [nos données suggèrent] que la supplémentation en vitamine D pourrait représenter une stratégie préventive possible pour réduire le fardeau des séquelles du Covid-19 », résument le Dr Giustina et coll.

Tester les niveaux de vitamine D et envisager une supplémentation

Invité à se prononcer, Amiel Dror, docteur en médecine de la Faculté de médecine Azrieli de l’Université Bar-Ilan (Safed, Israël), est d’accord avec ce point de vue. Il a dirigé une étude connexe montrant que les personnes présentant une carence en vitamine D étaient plus susceptibles de souffrir d'une forme grave de Covid-19.

« La nouveauté et l'importance de cette [nouvelle] étude résident dans le fait qu'elle élargit notre compréhension actuelle de l'interaction entre la vitamine D et le Covid-19, en allant au-delà de la phase aiguë de la maladie », a déclaré le Dr Dror dans un courriel adressé à l’édition américaine de Medscape Medical News.

« Il est frappant de voir comment les niveaux de vitamine D continuent d’influencer la santé des patients même après la guérison de l’infection initiale », a-t-il noté.

« Ces résultats renforcent certainement l’argument en faveur d'un essai contrôlé randomisé (ECR), poursuit-il, qui nous permettrait de déterminer de manière concluante si la supplémentation en vitamine D peut effectivement réduire le risque ou la sévérité d’un Covid long. »

« Dans l’intervalle, a déclaré le docteur Dror, étant donné le profil d’innocuité de la vitamine D et ses nombreux bienfaits pour la santé, il pourrait être raisonnable de tester les taux de vitamine D chez les patients admis pour le Covid-19. Si les taux s’avèrent faibles, une supplémentation pourrait être envisagée. »

« Cependant, il est important de noter que cela doit être fait sous surveillance médicale et que d’autres études sont nécessaires pour établir le moment et le dosage optimal de la supplémentation. Je m’attends à ce que d’autres essais contrôlés randomisés soient menés à l’avenir », a-t-il ajouté.

Détails de l’étude

Les chercheurs ont analysé les données d’adultes hospitalisés à l’hôpital San Raffaele avec un diagnostic confirmé de Covid-19 et sortis au cours de la première vague pandémique, de mars à mai 2020, puis revus 6 mois plus tard pour un suivi.

Les patients étaient exclus s’ils avaient été admis en unité de soins intensifs pendant l’hospitalisation ou s’il manquait des données médicales ou des échantillons de sang pour déterminer les niveaux de vitamine D (OH), à l’admission et lors du suivi à 6 mois.

Le Covid-19 long a été défini selon les recommandations du National Institute for Health and Care Excellence (NICE) au Royaume-Uni comme la présence concomitante d'au moins 2 des 17 signes et symptômes qui étaient absents avant l’infection par le Covid-19 et qui ne pouvaient être attribués qu’à cette maladie aiguë.

Les chercheurs ont identifié 50 patients atteints de Covid long lors du suivi à 6 mois et les ont comparés à 50 patients sans Covid longue durée à ce moment-là, sur la base de l’âge, du sexe, des comorbidités concomitantes, du besoin de ventilation mécanique non invasive et de la semaine d’évaluation.

Les patients étaient âgés en moyenne de 61 ans (intervalle : 51-73), 56 % étaient des hommes ; 28 % avaient été placés sous ventilateur pendant l’hospitalisation pour Covid-19.

Les signes et symptômes les plus fréquents à 6 mois chez les patients ayant subi un Covid long étaient l’asthénie (faiblesse, 38 % des patients), la dysgueusie (mauvais goût dans la bouche, 34 %), la dyspnée (essoufflement, 34 %), et l’anosmie (perte de l'odorat, 24 %).

La plupart des symptômes étaient liés au système cardio-respiratoire (42 %), à la sensation de bien-être (42 %) ou aux sens (36 %), et moins de patients présentaient des symptômes liés aux troubles neurocognitifs (maux de tête ou brouillard cérébral, 14 %), à l’oto-rhino-laryngologie (12 %) ou au système gastro-intestinal (4 %).

Les patients atteints de Covid long avaient des taux moyens de 25-hydroxyvitamine (OH) D inférieurs à ceux des patients sans Covid long (20,1 vs 23,2 ng/ml ; p = 0,03). Cependant, les niveaux de carence en vitamine D (<20 ng/ml  )étaient similaires dans les deux groupes.

Deux tiers des patients ayant un faible taux de vitamine D lors de leur admission à l’hôpital présentaient toujours un faible taux lors du suivi à 6 mois.

Les taux de vitamine D étaient significativement plus bas chez les patients présentant des symptômes neurocognitifs au moment du suivi (n = 7) que chez ceux ne présentant pas de tels symptômes (n = 93) (14,6 versus 20,6 ng/ml ; p = 0,042).

Chez les patients présentant une carence en vitamine D (< 20 ng/ml) à l’admission et lors du suivi (n = 42), ceux ayant un Covid long (n = 22) avaient des taux de vitamine D plus faibles lors du suivi que ceux sans Covid long (n = 20) (12,7 versus 15,2 ng/ml ; p = 0,041).

Et dans les analyses de régression multiple, un taux plus faible de 25(OH) D au moment du suivi était la seule variable significativement associée à un Covid long (p = 0,008 ; odds ratio, 1,09 ; IC 95 %, 1,01-1,16).

Les résultats « renforcent fortement l'utilité clinique de l'évaluation de la 25(OH) D en tant que facteur physiopathologique modifiable possible sous-jacent à ce problème de santé critique émergeant au niveau mondial », concluent les chercheurs.

 

 

Cet article a initialement été publié sur Medscape.com sous l’intitulé Could Vitamin D Supplementation Help in Long Covid? Traduit et adapté par Mona El-Guechati

 

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Crédit photo de Une : Dreamstime

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Citer cet article: Le COVID long associé à des taux de vitamine D plus faibles - Medscape - 28 juin 2023.