Schizophrénie : un risque lié à la consommation de cannabis plus élevé chez les jeunes hommes

Megan Brooks

Auteurs et déclarations

7 juin 2023

Rockville, États-Unis – Une nouvelle étude, publiée dans la revue Psychological Medicine le 4 mai 2023, confirme le lien étroit entre la consommation de cannabis et la schizophrénie chez les hommes et les femmes, mais suggère que les jeunes hommes pourraient être particulièrement exposés à la schizophrénie en raison de l’abus de cannabis [1].

Les chercheurs estiment qu’environ 15 % des cas de schizophrénie chez les jeunes hommes pourraient être évités par la prévention des troubles liés à la consommation de cannabis : « L’enchevêtrement des troubles liés à la consommation de substances et des maladies mentales est un problème de santé publique majeur, qui nécessite une action urgente et un soutien aux personnes qui en ont besoin », déclare dans un communiqué de presse la Dre Nora Volkow, directrice de l’Institut national sur l’abus des drogues, co-auteure de l’étude.

« Alors que l’accès aux produits puissants du cannabis continue de se développer, il est crucial que nous développions également la prévention, le dépistage et le traitement des personnes susceptibles de souffrir de maladies mentales associées à la consommation de cannabis », ajoute la Dre Volkow.

Un facteur de risque qui peut être modifié

Les chercheurs ont analysé les données des registres danois couvrant cinq décennies et représentant plus de 6,9 millions de personnes au Danemark afin d’estimer le pourcentage de cas de schizophrénie au niveau de la population attribuable à l’usage de cannabis (CUD – cannabis use disorder).

Au total, 60 563 participants ont été diagnostiqués comme souffrant d’un trouble lié à l’usage du cannabis. Trois quarts des cas concernaient des hommes ; 45 327 cas incidents de schizophrénie ont été recensés au cours de la période d’étude.

Le rapport de risque ajusté (RRa) global pour la schizophrénie était légèrement plus élevé chez les hommes que chez les femmes (RRa, 2,42 contre 2,02) ; toutefois, chez les personnes âgées de 16 à 20 ans, le rapport de risque d’incidence ajusté (RRI) pour les hommes était plus de deux fois supérieur à celui des femmes (RRI, 3,84 contre 1,81).

Les chercheurs estiment qu’en 2021, environ 15 % des cas de schizophrénie chez les hommes âgés de 16 à 49 ans auraient pu être évités grâce à la prévention des troubles liés à la consommation de cannabis, contre 4 % chez les femmes de cette tranche d’âge.

Chez les hommes âgés de 21 à 30 ans, la proportion de cas de schizophrénie qui auraient pu être évités et qui sont liés à la consommation de cannabis et autres drogues illicites, pourrait atteindre 30 %, selon les auteurs.

« Parallèlement aux preuves de plus en plus nombreuses que les troubles liés à l’usage de cannabis sont un facteur de risque modifiable pour la schizophrénie, nos résultats soulignent l’importance de stratégies fondées sur des preuves pour réguler la consommation de cannabis et pour prévenir, dépister et traiter efficacement ces troubles ainsi que la schizophrénie », écrivent les chercheurs.

Chez les hommes âgés de 21 à 30 ans, la proportion de cas de schizophrénie évitables, liés à la consommation de cannabis et autres drogues illicites, pourrait atteindre 30 %.

La légalisation envoie un mauvais message

Dans un communiqué de presse, le chercheur principal, le Dr Carsten Hjorthøj, de l’Université de Copenhague, note que « la légalisation croissante du cannabis au cours des dernières décennies en a fait l’une des substances psychoactives les plus fréquemment utilisées dans le monde, tout en diminuant la perception de sa nocivité par le public. Cette étude nous permet de mieux comprendre que la consommation de cannabis n’est pas inoffensive et que les risques ne sont pas figés dans le temps ».

Lors d’une étude antérieure, le Dr Hjorthøj et coll. ont constaté que la proportion de nouveaux cas de schizophrénie attribuables aux troubles liés à la consommation de cannabis a augmenté de façon constante au cours des 20 dernières années, comme l’a rapporté Medscape Medical News.

« À mon avis, l’association est très probablement causale, du moins dans une large mesure », a-t-il déclaré à l’édition américaine de Medscape au moment de la publication de cette étude.

« Il est, bien sûr, presque impossible d’utiliser des études épidémiologiques pour prouver le lien de causalité, mais tous les chiffres se comportent exactement comme on s’y attendrait, si l'on suit la théorie du lien de causalité », a ajouté le Dr Hjorthøj.

 

Financements et liens d’intérêts
L'étude n'a bénéficié d'aucun financement spécifique. Les auteurs n'ont révélé aucune relation financière pertinente.

 

Cet article a initialement été publié sur Medscape.com sous l’intitulé Young Men at Highest Schizophrenia Risk From Cannabis Abuse. Traduit et adapté par Mona El-Guechati

 

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