Leptospirose ou dengue : l’apport du dosage de la CRP

Caroline Guignot

Auteurs et déclarations

8 juin 2023

La Réunion, France — Selon une étude rétrospective conduite sur l’Île de la Réunion, le seuil de 50 mg/L de la protéine C-réactive (CRP) est un biomarqueur efficace pour aider à orienter le diagnostic des patients vers la leptospirose plutôt que vers la dengue [1].

Ces résultats pourraient être utiles en zones tropicales, notamment en période épidémique. Une étude prospective validant la valeur discriminante de cette analyse est maintenant attendue.

Pourquoi est-ce important ?

La présentation clinique initiale de la leptospirose et de la dengue peut présenter des similarités. La confirmation diagnostique peut demander un délai délétère pour l’initiation de l’antibiothérapie anti-leptospirose. Aussi, outre les techniques PCR, ou les tests rapides, moins sensibles, des alternatives rapidement utilisables au chevet du patient seraient utiles pour aider le clinicien. Cette étude a donc comparé rétrospectivement les données cliniques et biologiques de patients dont le diagnostic de leptospirose ou de dengue avait été confirmé biologiquement.

Méthodologie

Les patients inclus avaient été accueillis dans l’un des 4 principaux hôpitaux réunionnais. Les cas de leptospirose ont été collectés à partir des dossiers médicaux entre janvier 2018 et septembre 2019, et ceux de dengue ont été identifiés à partir de la base de données EPIDENGUE entre janvier 2019 et juin 2019 (saison épidémique).

Principaux résultats

Au total, l’analyse a été conduite à partir des données de 98 patients touchés par la leptospirose et 673 sujets atteints par la dengue. La moyenne d’âge était comprise entre 48 et 49 ans et le rapport hommes/femmes était de 10,1 pour la leptospirose et de 0,80 pour la dengue (P < 0,001).

De nombreux paramètres étaient plus significativement associés à la leptospirose qu’à la dengue, à la fois cliniques (asthénie, anorexie, douleurs musculaires, toux, ictère, hémoptysie, oligurie) et biologiques (numération plus élevée des leucocytes ou des neutrophiles, numérations inférieures des plaquettes, taux plus élevé de créatininémie et d’urémie, etc.).

Les auteurs ont retenu les quatre paramètres biologiques les plus déterminants pour établir un modèle prédictif : neutrophiles, plaquettes, rapport du temps de céphaline activée versus contrôle, CRP. Le modèle final à 4 paramètres a donné des résultats satisfaisants dans lesquels la contribution de la CRP est apparue déterminante. Aussi, le test utilisant la CRP seule par rapport au modèle final a conduit à une performance équivalente, aucune différence statistique significative n'ayant été trouvée entre l'aire sous la courbe des deux modèles. La meilleure valeur seuil était de 50 mg/L de CRP, à laquelle un diagnostic de leptospirose est associé à un odds ratio de 221 [91-536].

Parmi les 98 patients atteints de leptospirose, 6 avaient une CRP < 50 mg/L (faux négatifs), mais ils avaient été admis dans les deux premiers jours de la maladie ou au-delà du 11e jour. Parmi les 673 patients atteints de dengue, 41 avaient une CRP > 50 mg/L (faux positifs) mais ils étaient globalement plus âgés, avec des comorbidités ou étaient co-infectés par d’autres maladies.

 

Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape

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