Pays-Bas, États-Unis – D’après une étude binationale, le score de calcium dans les artères coronaires (CAC) obtenu par tomodensitométrie est un meilleur facteur prédictif des maladies coronariennes que le score de risque polygénique [1]. De plus, lorsqu’il est ajouté aux facteurs de risque cardiovasculaire classiques, le score CAC améliore de manière significative la classification du risque, contrairement au score des facteurs de risque polygéniques.
Ces résultats sont issus de deux grandes cohortes d’adultes blancs d’âge moyen et plus âgés des États-Unis et des Pays-Bas, dans le cadre de la première comparaison directe de ces deux approches.
Dirigée par la Dre Sadiya S. Kahn, professeure adjoint de médecine (cardiologie) et de médecine préventive (épidémiologie) à l’université Northwestern (Chicago, États-Unis) l’étude a été publiée en ligne dans le JAMA .
Avantages et inconvénients de chaque approche
L’utilisation de facteurs génétiques et de l’imagerie par tomodensitométrie pour une meilleure identification des personnes présentant un risque de maladie cardiaque a suscité beaucoup d’intérêt. « Chaque approche présente des avantages et des inconvénients, et nous voulions mieux comprendre l’utilité prédictive comparative afin d’étayer l’approche à privilégier », a déclaré la Dre Kahn lors d’une interview.
« Nous nous sommes concentrés sur les adultes d’âge moyen ou plus âgés pour lesquels les équations actuelles de prédiction du risque sont pertinentes pour estimer le risque à l’aide de l’équation de cohorte regroupée (Pooled Cohort Equation, ou PCE). »
La supériorité du score de risque coronarien obtenu par tomodensitométrie peut être due à la visualisation directe de la calcification des artères et de la charge de morbidité subclinique plutôt qu’à l’accent mis sur les variantes génétiques communes, a-t-elle expliqué.
« En outre, des études antérieures ont démontré que la génétique, ou le risque héréditaire, n’est pas une fatalité, de sorte que ce score peut ne pas être aussi efficace pour la discrimination du risque que les facteurs de risque traditionnels eux-mêmes associés à la tomodensitométrie. »
Principaux résultats de l’étude
Les participants de cette étude provenaient de l’étude américaine Multi-Ethnic Study of Atherosclerosis (MESA, n = 1 991) et de l’étude néerlandaise Rotterdam Study (RS, n = 1 217). Les âges variaient de 45 à 79 ans, les médianes dans les deux cohortes étant respectivement de 61 et 68 ans. Un peu plus de la moitié des participants des deux groupes étaient des femmes.
Les facteurs de risque traditionnels ont été utilisés pour calculer le risque de coronaropathie à l’aide d’équations de cohortes regroupées, tandis que la tomodensitométrie a été utilisée pour déterminer le score CAC et les échantillons génotypés pour un score de risque polygénique validé.
Les deux scores ont été associés de manière significative au risque de coronaropathie à 10 ans.
Le risque médian de maladie athéroscléreuse prédit sur la base des facteurs de risque traditionnels était de 6,99 % dans l’étude MESA et de 5,93 % dans l’étude RS.
Au cours du suivi total disponible dans l’étude MESA (médiane, 16,0 ans) et dans l’étude RS (médiane, 14,2 ans), une coronaropathie est survenue chez 187 participants (9,4 %) et 98 participants (8,1 %), respectivement.
Les statistiques C (concordance) pour les deux scores ont montré la supériorité du CAC. Cette statistique mesure la capacité d’un modèle à classer les patients d’un risque élevé à un risque faible, une valeur de 1 correspondant à une concordance parfaite et une valeur de 0,70 ou plus indiquant une bonne concordance et une bonne distinction des risques. Le score CAC avait une statistique C de 0,76 (IC 95 %, 0,71-0,79) contre 0,69 pour le score de risque polygénique (IC 95 %, 0,63-0,71).
Lorsque chaque score a été ajouté aux PCE, les statistiques C ont changé comme suit : score CAC, 0,09 (IC 95 %, 0,06-0,13) ; score de risque polygénique, 0,02 (IC 95 %, 0,00-0,04) ; et 0,10 (IC 95 %, 0,07-0,14) pour les deux.
La reclassification nette s’est améliorée de manière significative avec la CAC et les PCE, avec les valeurs suivantes : 0,19 (IC 95 %, 0,06-0,28). Le changement n’était pas significatif, cependant, avec le score de risque polygénique plus les PCE : 0,04 (IC 95 %, -0,05-0,10).
Dans le contexte clinique, la Dre Kahn a déclaré : « L’utilisation de la tomodensitométrie chez les patients qui présentent un risque intermédiaire de maladie cardiaque peut être utile pour affiner l’estimation du risque et guider les recommandations en matière de traitement hypolipidémiant. Les scores de risque polygénique ne sont pas utiles chez les adultes d’âge moyen ou plus âgés, au-delà des facteurs de risque traditionnels, pour prédire le risque de maladie cardiaque. »
Financements et liens d’intérêts
Cette étude a été soutenue par le National Heart, Lung, and Blood Institute. L’étude MESA est soutenue par le NHLBI. L’étude de Rotterdam est financée par le Centre médical Erasmus et l’Université Erasmus de Rotterdam, l’Organisation néerlandaise pour la recherche scientifique, l’Organisation néerlandaise pour la recherche et le développement en matière de santé, l’Institut de recherche sur les maladies des personnes âgées, l’Initiative néerlandaise pour la génomique, le ministère de l’Éducation, de la Culture et des Sciences, le ministère de la Santé, du Bien-être et des Sports, la Commission européenne (DG XII) et la municipalité de Rotterdam. La docteure Khan a fait état de subventions du NHLBI et du NIH pendant l’étude et en dehors du travail soumis. Plusieurs coauteurs ont fait état de subventions accordées par le NIH, le NHLBI et l’American Heart Association
Cet article a initialement été publié sur Medscape.com sous l’intitulé Coronary Artery Calcium Score Bests Polygenic Risk Score in CHD Prediction. Traduit et adapté par Mona El-Guechati
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Crédit de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Le score calcique surpasse le score de risque polygénique dans la prédiction des maladies coronariennes - Medscape - 6 juin 2023.
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