France – Depuis le mois de juillet 2022, 9 cas d’infections néonatales graves à entérovirus (Echovirus 11) ont été diagnostiqués, dont 7 se sont soldés par le décès du nourrisson, a alerté la Société Française de Pédiatrie (SFP) fin avril [1]. L’alerte a été relayée par l’Organisation mondiale de la Santé le 31 mai [2].
Un contexte infectieux maternel
Depuis juillet dernier, « 9 cas d’infections néonatales graves à entérovirus (Echovirus 11) ont été diagnostiqués dans un tableau de sepsis sévère, compliqué d’insuffisance hépatocellulaire grave et parfois d’atteinte myocardique, neurologique ou d’entérocolite » alerte la SFP.
Ces 9 nourrissons issus de 4 hôpitaux différents situés dans 3 régions de France comprenaient 4 paires de jumeaux nés prématurément (entre 31+5 SA et 36+3 SA) ainsi que d’un enfant né à 39 SA. « Tous ont présenté des signes cliniques entre 3 et 6 jours de vie, dans un contexte de transmission materno-fœtale avérée (7 cas) ou probable. Un contexte infectieux maternel (fièvre, signes digestifs) a été rapporté pour 4 des 5 mères dans les 48 heures précédant l’accouchement » indique le communiqué de la SFP. Au 5 mai, sept enfants étaient décédés, et 2 étaient toujours hospitalisés en réanimation sans que leur pronostic vital soit menacé, précise l’OMS.
« Un tel taux de mortalité n’avait à ce jour jamais été observé dans le cadre de la surveillance des infections néonatales à entérovirus », signale la SFP.
La gémellité comme facteur de risque prépondérant
Plusieurs facteurs pourraient expliquer la sévérité de l’infection. La SFP liste :
l’acquisition de l’infection dans les 7 premiers jours de vie ;
la prématurité et le petit poids de naissance (5/9 nouveau-nés) ;
la circulation d’un nouveau variant d’echovirus 11, type prédominant en 2022 chez les nouveau-nés (30,2% des virus identifiés), détecté à partir du mois de juin en France métropolitaine et dans certains départements et régions d’outre-mer (Nouvelle-Calédonie et Réunion) ;
la possibilité déjà connue pour l’echovirus 11 de donner des infections néonatales graves avec défaillance hépatique majeure;
la gémellité et le sexe masculin sont très prépondérants chez les 9 patients rapportés, sans que nous puissions à ce jour expliquer pourquoi.
L’entérovirus Echovirus-11 (E-11) en cause
« L'analyse des entérovirus par transcription inverse de la réaction en chaîne de la polymérase (RT-PCR) dans les 9 (y compris les échantillons de sang, les écouvillons de gorge, les écouvillons nasopharyngés, les échantillons de liquide céphalorachidien et/ou les biopsies post-mortem) a confirmé la présence d'un entérovirus, typé comme Echovirus-11 (E-11). L'infection maternelle par l'E-11 a été confirmée par RT-PCR et par génotypage de l'entérovirus en analysant les échantillons de sang de quatre des cinq mères » indique l’OMS [2].
Les analyses de séquences de toutes les infections à entérovirus typées en 2022 ont montré la circulation d'au moins deux lignées d'origine recombinante, dont la principale comprenait toutes les séquences associées aux 9 cas ainsi que des séquences associées à des infections néonatales graves ou non graves. D'autres analyses génétiques sont en cours, précise l’OMS.
Selon les données historiques de 2016 à 2021, l'E-11 représentait 6,2 % (3 sur 48) des infections néonatales sévères signalées avec un type d'entérovirus connu, tandis que cette proportion est passée à 55 % (11 sur 20) en 2022.
La survenue de 2 nouveaux cas graves dans un contexte de circulation d’un nouveau variant d’échovirus 11 – après une première alerte au sujet des 7 premiers cas auprès du réseau de surveillance des EV et de Santé publique France – incite à une « plus grande vigilance et justifie une surveillance renforcée », considère la SFP, laquelle a émis une conduite à tenir (voir ci-dessous).
Conduite à tenir [1]
Il est donc recommandé de :
- Evoquer l’infection à entérovirus chez les nouveau-nés présentant une insuffisance hépatique grave, une entérocolite, une méningo-encéphalite ou une myocardite ;
- Surveiller de manière rapprochée la fonction hépatique, cardiaque, neurologique et le risque d’entérocolite chez les nouveau-nés présentant un tableau de sepsis néonatal sévère d’étiologie indéterminée ;
- Prévenir précocement les CHU de référence chez tout enfant présentant un tableau compatible avec une infection à entérovirus, l’aggravation pouvant être rapide et brutale ;
- Réaliser systématiquement chez ces patients en sus des prélèvements bactériologiques des prélèvements (sang, selles, nasopharyngé) incluant une recherche du génome des entérovirus (RT-PCR) chez les nouveau-nés et la mère ;
- En cas de diagnostic avéré, se rapprocher très rapidement du groupe de praticiens cliniciens et virologues spécialisés pour discuter d’éventuelles options thérapeutiques ;
- En cas d’infection maternelle avérée en pré ou per partum, surveiller l’enfant pendant au moins 7 jours ;
- En cas de positivité pour la recherche d’entérovirus, d’adresser les prélèvements pour typage moléculaire aux laboratoires du CNR des Entérovirus selon l’organisation prévue dans le cadre de la surveillance des infections à entérovirus.
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Citer cet article: Signalement de 9 cas d’infections néonatales sévères à échovirus-11 en France - Medscape - 2 juin 2023.
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