Chicago, Etats-Unis — Spécialistes de l'oncologie du monde entier vont se réunir à Chicago lors de la réunion annuelle de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) du 2 au 6 juin.
En tout, plus de 5 500 résumés seront présentés ou publiés lors de l'ASCO 2023 qui concerneront l'optimisation des soins, l'amélioration de l'accès aux soins en cancérologie et le développement de nouveaux traitements.
Le partenariat avec le patient : fil rouge de 2023
Cette année, le thème de la conférence est « Partenariat avec les patients : la pierre angulaire des soins et de la recherche sur le cancer ».
« Les patients sont nos partenaires les plus importants dans le parcours de soins et de recherche […] Je me réjouis de l'accent mis sur les interactions médecin-patient et sur les nouvelles approches visant à assurer l'équité dans les soins de santé et le bien-être des médecins », a expliqué Eric P. Winer (Yale Cancer Center, Etats-Unis), président de l'ASCO 2022-2023, lors de la conférence de presse d'ouverture du congrès.
Concrètement, le programme comprendra plus de 200 sessions centrées sur les relations avec les patients.
A titre d’exemple, l'une d'entre elles portera sur la façon dont les oncologues peuvent optimiser la prise de décision partagée de manière à améliorer les soins et à rester attentifs aux besoins des patients. Au cours de cette session, la Pre Yvonne Bombard de l'Université de Toronto, et Li Ka Shing, du St. Michael's Hospital, exploreront la prise de décision partagée dans les tests génétiques du cancer, tandis que le Dr Mark Lewis discutera du point de vue du patient.
« Les paramètres quantitatifs appréciés par les oncologues peuvent différer de ceux qui comptent pour les patients : la longévité et la qualité de vie », a souligné le Pr Mark Lewis, directeur du service d'oncologie gastro-intestinale à Intermountain Healthcare, dans l'Utah à notre consœur de Medscape Medical News, Victoria Stern.
Des essais de désescalade thérapeutique
En parallèle, cette année encore, un focus particulier sera consacré la désescalade thérapeutique.
Au programme notamment, un « late breaking trial » mettra en lumière les résultats de l'essai de phase 3 PROSPECT (résumé LBA2) qui compare la chimiothérapie seule ou la chimiothérapie associée à la radiothérapie pour les patients atteints d'un cancer du rectum localement avancé qui subissent une intervention chirurgicale. Les chercheurs examineront si certains patients peuvent renoncer à la radiothérapie et obtenir les mêmes résultats que leurs pairs qui en bénéficient.
Aussi, seront présentés les résultats de l'essai SHAPE (résumé LBA5511) qui compare l'hystérectomie simple à l'hystérectomie radicale pour les patientes atteintes d'un cancer du col de l'utérus à un stade précoce et à faible risque. L’objectif : déterminer si la chirurgie moins invasive et moins toxique permet d'obtenir des résultats similaires en matière de récidive à long terme.
Des avancées dans les cancers solides et hématologiques
Lors du congrès, l’accent sera aussi mis, bien sûr, sur les aspects cliniques et l’actualité de la recherche en oncologie. Pas question de faire un compte-rendu exhaustif des essais qui seront présentés à l’ASCO mais voici quelques études phares dont les résultats seront dévoilés en séances plénières.
Dans le cancer du sein seront rapportés des résultats évaluant l’intérêt d’un anti CDK4/6 à un stade précoce de la maladie. Il s’agit de l’essai de phase III NATALEE (LBA500) sur l'association ribociclib + traitement endocrinien comme traitement adjuvant chez des patientes atteintes au stade précoce du cancer du sein.
« Actuellement on dispose de trois inhibiteurs de CDK utilisés en routine chez les patientes qui ont un cancer du sein métastatique. Et avec au moins deux d’entre eux, on a montré que l’on avait non seulement une amélioration du contrôle de la maladie mais aussi une augmentation de la survie globale avec des profils de tolérance qui sont clairement meilleurs que ce que peut donner la chimiothérapie chez ces patientes. Logiquement, ces molécules sont donc désormais testées à des stades plus précoces de la maladie dans un but curatif. L’étude monarchE, avec l’abémaciclib, a déjà montré un bénéfice sur la diminution du risque de récidive. L’étude NATALEE qui va être présentée à l’ASCO a porté sur des milliers de patients et s’intéresse à un autre anti CDK, le ribociclib. Lors de cette présentation, il y aura probablement beaucoup de discussion autour du niveau de bénéfice pour les patientes, du type d’effets secondaires et des patientes chez qui il y a un réel bénéfice à utiliser ce type de médicament », a commenté le Pr Jean-Yves Pierga (chef du département d’Oncologie médicale de l’Institut Curie) lors d’une conférence de presse organisée par l’Institut Curie (Paris).
Autres données transformantes, dans le cancer du poumon cette fois, l’analyse de la survie globale de l'essai ADAURA sur la thérapie ciblée osimertinib en adjuvant chez des patients atteints d'un cancer du poumon non à petites cellules de stade IB-IIIA avec mutation EGFR (LBA3).
« Ces résultats vont assurément montrer que donner la thérapie ciblée tout de suite après la chirurgie et la chimiothérapie améliore la survie par rapport à attendre la rechute pour traiter avec ce même médicament », a commenté le Pr Nicolas Girard (pneumologue à l'Institut Curie, coordinateur de l'Institut du thorax Curie-Montsouris) lors de la conférence de presse du l’Institut Curie.
Seront également mis en exergue les résultats d’un essai de phase 3 chez des patients atteints de glioblastome qui ont une mutation IDH1/2 (LBA1). Il s’agit de l’essai INDIGO, randomisé, réalisé en double aveugle, comparant la thérapie ciblée vorasidenib contre placebo.
« Nous n’avons pas encore les résultats mais nous pouvons imaginer qu’ils sont positifs car ils sont présentés en plénière. A priori, IDH1 va devenir une cible validée en phase 3 pour ce type de cancers qui sont très difficiles à traiter », a commenté le Pr Christophe Le Tourneau (oncologue médical, chef du département des essais cliniques précoces (D3i) de l'Institut Curie) lors de la conférence de presse.
Les cancers hématologiques ne sont pas en reste. « Il y a une communication orale sur les lymphomes de Hodgkin au stade avancé en session plénière qui compare une chimiothérapie (AVD) combinée à un anticorps monoclonal anti-PD1, le nivolumab versus la même chimiothérapie combinée à un anticorps conjugué (LBA4 : SWOG S1826).
« Ce résultat en hématologie est très attendu », a commenté le Pr Steven Le Gouill (hématologue, directeur de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie) qui ajoute qu’« il y aura aussi une session importante sur le myélome le samedi où l’on retrouvera des AC monoclonaux, des AC bispécifiques et des CART cells. C’est un ASCO hématologie assez riche qui nous est proposé ».
A noter que l'ASCO accueillera cette année une délégation d'oncologues ukrainiens pour discuter de leur situation plus d’un an après le début de la guerre entre la Russie et l'Ukraine.
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Citer cet article: ASCO 2023 : des études qui vont faire bouger les lignes - Medscape - 1er juin 2023.
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