Marseille, France — Des chercheurs de l’Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection (IHU-MI, Marseille) ont identifié les tiques prélevées sur des humains entre 2014 et 2021 et analysé les bactéries pathogènes dont ils étaient porteurs. Ils montrent que l’analyse de tiques retirées sur des patients en France montre que les morsures peuvent provenir d’espèces variées et porteuses d’un large éventail de bactéries pathogènes.
Par ailleurs, les espèces d’Ixodes sont les plus fréquemment retrouvées et leurs morsures peuvent se produire toute l’année mais plus souvent durant les mois d’été.
Ixodes ricinus est infecté par une Borrelia dans 9% des cas et dans cette étude tous les patients ayant développé une maladie de Lyme en France avaient été mordus par cette espèce de tique infectée par la bactérie.
Selon les auteurs : « l’identification des espèces de tique et des bactéries dont elles sont porteuses représente la première étape dans le diagnostic des patients ayant été mordus. La connaissance des espèces endémiques peut aussi faciliter la mise en place d’un traitement antibiotique préventif après une morsure. »
Les tiques et leurs bactéries analysées par l'IHU-MI
L’Institut Hospitalo-Universitaire Méditerranée Infection (IHU-MI, Marseille) est un centre de référence pour les maladies transmises par les tiques et reçoit des spécimens du monde entier pour analyse. En 2016, une première étude avait identifié les tiques prélevées sur des humains entre 2002 et 2013 et analysé les bactéries pathogènes dont ils étaient porteurs. Une nouvelle étude a été réalisée sur le même principe à partir des tiques prélevées sur des humains entre 2014 et 2021.
Toutes les tiques retirées à des humains en France et envoyées à l’IHU-IM sur la période considérée ont été incluses dans l’étude. Elles étaient d’abord identifiées sur des bases morphologiques par un entomologiste et confirmées par spectrométrie de masse MALDI-TOF (désorption-ionisation laser assistée par matrice), une technique très fiable pour identifier les arthropodes et autres vecteurs. En cas de doute l’identification était recherchée par PCR puis séquençage de l’ADN. Les bactéries dont les tiques étaient porteuses étaient identifiées par PCR quantitative à partir des mêmes prélèvements d’ADN. Les données cliniques et démographiques des patients mordus étaient relevées et une recherche d’antigènes bactériens était réalisée chez les patients symptomatiques.
58% des tiques porteuses de bactéries
Au total, 418 tiques retirées chez 359 patients (62% de femmes) ont pu être identifiées sur la période 2014-2021, et les bactéries dont elles étaient porteuses analysées.
Les espèces de tiques les plus fréquemment notifiées étaient Ixodes (47%), Dermacentor (33%) et Rhipicephalus (16%). Plus des trois-quart des morsures s’étaient produites entre mars et août. Les espèces les plus fréquemment retrouvées en France métropolitaine étaient les Ixodes spp. Les espèces de Dermacentor spp étaient plus représentées dans le sud de la France, Rhipicephalus spp dans le Sud et l’Est et Hyalomma spp dans le Sud.
Parmi ces 418 tiques, 58% se sont révélées porteuses de bactéries et des coinfections ont été observées dans environ un tiers des cas.
Chez les tiques Dermacentor, les bactéries les plus fréquemment retrouvées étaient Rickettsia raoultii (17%) et R. slovaca (13%). Borrelia spp (9%) et R. massilae (16%) étaient plus fréquentes chez les Ixodes et les Rhipicephalus respectivement.
Les données cliniques ont pu être obtenues dans 60% (n=217) des cas de patients mordus. Et parmi eux, 49% (107) étaient symptomatiques. Les symptômes les plus fréquents étaient : érythème local (37), escarre d’inoculation (33), lymphadénopathie (27), fièvre et rash cutané (15). Une maladie transmise par les tiques a pu être diagnostiquée chez 26 d’entre eux, dont 9 borrélioses de Lyme. Des escarres du cuir chevelu et des lymphadénopathies ont également été observées chez 15 patients. Tous avaient été mordus par des tiques porteuses de bactéries pathogènes.
Limitations
Les niveaux d’engorgement des tiques et la durée d’attachement à l’hôte, paramètres associés au risque de transmission bactérienne, n’étaient pas connus.
Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape
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Crédit photo de une : Dreamstime
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Citer cet article: Tique : à chaque espèce sa maladie vectorielle ? - Medscape - 29 mai 2023.
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