#MendorsPas : une campagne qui vise notamment à alerter les médecins sur les pratiques de soumission chimique

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

22 mai 2023

France — #MendorsPas, une campagne de sensibilisation et d’information sur la soumission chimique, le fait d’être drogué.e à son insu par un proche, a été lancée le lundi 22 mai par Caroline Darian, auteure du livre « Et j’ai cessé de t’appeler papa ». *

Agressions sexuelles (y compris viols conjugaux et incestueux) mais également vols, extorsions d’héritage, violences physiques, maltraitance voire traite des personnes, proxénétisme… : 600 plaintes seraient déposées chaque années en lien avec une soumission chimique.

Alors que le danger des agressions en milieu festif, notamment par GHB, est désormais bien connu de la population, la soumission chimique dans la sphère privée souvent réalisée à l’aide d’anxiolytiques, d’hypnotiques ou d’antiallergiques, est plus fréquente mais reste encore dans l’ombre. « Plus insidieuse, celle-ci devrait pourtant être connue de tous (grand public et professionnels) », indique le site http://mendorspas.org/#soumission.

Or, « ni les médecins traitants ni les spécialistes ne sont familiers des conséquences de la soumission chimique sur leurs patients. Cette campagne vise à les sensibiliser afin que, confrontés à des symptômes inexplicables, ils soient en mesure d’évoquer ce diagnostic faisant ainsi gagner un temps précieux à leurs patients », explique la gynécologue Ghada Hatem-Ganzer, fondatrice de la Maison des Femmes du 93, qui soutient le mouvement.

Ni les médecins traitants ni les spécialistes ne sont familiers des conséquences de la soumission chimique sur leurs patients. Cette campagne vise à les sensibiliser. Dre Ghada Hatem-Ganzer

Comment repérer les victimes ?

« Chutes, coma, accidents de la voie publique mais aussi trouble du sommeil, de la mémoire, perte de poids, syndrome de sevrage et syndrome de stress post-traumatique… sont autant de complications rapportées qui s’ajoutent aux agressions subies », indique Leila Chaouachi, docteure en pharmacie & experte de l’enquête nationale sur la soumission chimique auprès de l’ANSM.

Or, très souvent, les victimes n’ont pas conscience de l’origine de ces accidents ou symptômes récurrents car en plus d’endormir les victimes, les médicaments qui leur sont administrés peuvent occasionner des amnésies.

Face aux symptômes et en l'absence de conscience des violences subies, certaines victimes multiplient les consultations médicales à la recherche d’un diagnostic toujours insatisfaisant. Au médecin donc de penser à une éventuelle soumission chimique lorsque des symptômes de ce type demeurent inexpliqués.

A noter que certaines plaintes peuvent laisser suspecter ce type d’agression. Le mouvement M’endors pas, Stop à la soumission chimique en a listé quelques-unes :

« Je me sens anormalement fatiguée, j’ai tendance à somnoler »
« J’ai des trous de mémoire à répétition »
« Je n’ai aucun souvenir du rapport sexuel »
« Je ne portais pas ces vêtements la veille »
« Je n’aurais jamais dépensé une somme pareille »
« Je n’aurais jamais donné mon accord pour ce prêt »
« Je ne l’ai jamais désiré. Il le sait »
« Des images me reviennent. Est-ce bien réel ?! »
« Mon café avait vraiment un goût bizarre »

Le retentissement psychologique, à l’occasion de la prise de conscience, est majeur et nécessite une prise en charge spécifique, précise le mouvement.

Que faire en cas de suspicion de soumission chimique dans la sphère privée ?

Une consultation médicale reste primordiale a fortiori en cas d’agression sexuelle (risque d’une grossesse non désirée, risque d’infection sexuellement transmissible). Des centres gratuits d’information, de dépistage et de diagnostics (CEGIDD) sont disponibles pour des consultations spécialisées.

Aussi, des dispositifs d’écoute anonymes et gratuits existent :

France Victime : 116 006 (7j/7 ; 24h/24)

Violences Femmes Info : 3919 (7j/7 ; 24h/24)

Dispositif Drogues Info Service : 0 800 23 13 13 (7j/7 ; 08h-02h)

Centre d’Addictovigilance de Paris : 01 40 05 42 70

Enfin, une plateforme nationale dédiée aux signalements des violences sexistes et sexuelles permet également de discuter par tchat avec un policier ou gendarme formé https://www.interieur.gouv.fr/Archives/Archives-des-infos-pratiques/2022-Infos-pratiques/Signalement-des-violences-sexuelles-et-sexistes

 

Précautions à prendre en cas d’agression avérée ou suspectée :

-Conserver le vecteur ou les vecteurs suspectés (boisson, nourriture…)
-Conserver l’agent de soumission chimique suspecté (produit ou médicament)
-Préserver les cheveux : les agents de soumission chimique sont éliminés rapidement du sang et des urines (de quelques heures à quelques jours selon les substances utilisées) mais pas des cheveux. Quelques précautions doivent cependant être respectées : ne pas les couper, les teindre, les décolorer ou leur appliquer un traitement agressif.

 

* publié aux éditions JC Lattès et en format de poche aux éditions Harper Collins).

 

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