France – La saison grippale 2022-2023 a été marquée par sa précocité, une durée exceptionnellement longue liée à deux vagues successives et par de nombreuses hospitalisations, selon un bilan préliminaire publié par Santé Publique France[1].
A l’échelle métropolitaine, l’épidémie de grippe 2022-23 a démarré fin novembre pour atteindre son pic fin décembre et s’est achevée début avril soit une durée de 19 semaines. Une première vague épidémique, principalement portée par le virus A(H3N2) a été observée jusqu’à mi-janvier suivie d’un rebond épidémique lié au virus B/Victoria.
Une importante vague d’hospitalisations pour grippe/syndrome grippal
Au cours de la saison 2022-2023, le réseau Oscour® a enregistré 110 956 passages aux urgences pour syndrome grippal, dont 15 857 ont conduit à une hospitalisation.
« La part d’hospitalisations pour grippe/syndrome grippal au pic de l’activité a atteint un niveau exceptionnellement élevé » en comparaison des données observées durant les saisons 2015-2016 à 2021-2022, indique SPF.
Aussi, sur l’ensemble de la période épidémique, la proportion d’hospitalisation après passage aux urgences pour grippe était de 14%, « indiquant une part importante de formes sévères de grippe », précise SPF.
La part d’hospitalisations pour grippe/syndrome grippal parmi toutes les hospitalisations était de 9,7/1 000, « valeur la plus haute jamais enregistrée lors des épidémies précédentes ».
« Cette sévérité importante par rapport aux épidémies de grippe précédentes a été observée dans toutes les classes d’âge et particulièrement marquée chez les 15-64 ans », ajoute SPF.
En chiffres, au cours de la saison 2022-23, 977 cas graves de grippe ont été signalés par les services de réanimation participant à la surveillance. Parmi eux, 7% avaient entre 0 et 4 ans, 4% entre 5 et 14 ans, 50% entre 15 et 64 ans, 38% avaient 65 ans ou plus et pour 1% d’entre eux l’âge n’était pas renseigné.
Aussi, cent-vingt-et-un décès ont été rapportés (données non consolidées) : 62 chez les 65 ans ou plus, 54 chez les 15-64 ans, 4 chez les moins de 15 ans et 1 dont l’âge n’était pas renseigné. « Au total, la majorité des cas était due à un virus de type A (77%). Cependant, la part des cas dus à un virus de type B, en augmentation depuis mi-janvier, est devenue majoritaire à partir de mi-février », souligne SPF.

Source SPF
Un impact modéré à élevé sur la mortalité
Au cours de la saison 2022-23, parmi les 144 504 décès déclarés en métropole par certificat électronique de décès, 1 505 (1,0%) l’ont été avec une mention de grippe comme affection morbide ayant directement provoqué ou contribué au décès. Parmi ces 1 505 décès, 14 étaient âgés de moins de 15 ans, 167 avaient entre 15 et 64 ans et 1 324 étaient âgés de 65 ans ou plus.
« Le pic survenu fin décembre est supérieur à ceux habituellement observés lors des épidémies de grippe, excepté celui de la saison 2018-2019 et comparable à celui de la saison 2016-17; ces deux saisons ayant été dominées par la circulation des virus A(H3N2) et un fort impact sur la mortalité », précise SPF.
Les régions ayant rapporté les parts de décès liés à la grippe les plus élevées durant la saison 2022-2023 ont été : la Normandie (1,5%), l’Ile-de-France (1,3%), la Corse (1,3%) et les Hauts-de-France (1,2%).

Source : SPF
Une couverture vaccinale légèrement inférieure à celle de 2021-2022
Pour cette saison, les virus circulants ont été majoritairement apparentés aux souches vaccinales présentes dans le vaccin de l’hémisphère nord 2022-23 respectivement A/Darwin/9/2021 (clade 3C.2a1b.2a2) et B/Austria/1359417/2021 (clade V1A.3a2).
Malheureusement, la couverture vaccinale contre la grippe toujours s’est une nouvelle fois révélée insuffisante.
La couverture vaccinale chez les personnes à risque a été estimée à 51,5%, avec 56,2% chez les personnes à partir de 65 ans et 31,6% chez les moins de 65 ans à risque de grippe sévère.
« Ces données indiquent une couverture vaccinale légèrement inférieure à celle estimée pour la saison 2021/22 (52,6%, avec 56,8% chez les 65 ans et plus et 34,3% chez les moins de 65 ans avec affection de longue durée) et toujours insuffisante au regard de l’objectif fixé par l’OMS à 75% chez les personnes à risque », note SPF.
Une saison grippale atypique observée dans les DROM, excepté en Guyane
Selon un bilan préliminaire, à Mayotte, deux vagues épidémiques sont survenues, une de novembre à janvier 2022,à une période de l’année où il est rare d’observer une recrudescence épidémique de grippe, et l’autre de plus courte durée de mi-mars à mi-avril.
A la Réunion, l’épidémie a été de longue durée avec une survenue de septembre à début janvier, période de l’année où l’on n’observe habituellement pas de circulation active de virus grippaux.
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Crédit images texte : SPF
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Citer cet article: Grippe : l’épidémie 2022-2023 a été longue et sévère - Medscape - 16 mai 2023.
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