Étude de cas : douleurs dorsales et cervicales chez une fillette 

Dr Thomas Kron

Auteurs et déclarations

16 mai 2023

Présentation

Une fillette de 7 ans s’était présentée en service de pédiatrie en raison de douleurs au cou et entre les omoplates. Les douleurs avaient entraîné une limitation progressive des mouvements au cours des trois semaines précédentes. Il n'y avait aucun signe de traumatisme, ni d'infection. L'examen clinique et le diagnostic chimique en laboratoire n'avaient pas fourni d'information supplémentaire, de même que l'examen radiologique de la colonne vertébrale.

Il avait été alors recommandé aux parents de s'adresser à un orthopédiste pédiatrique et, si les troubles devaient persister, de faire passer une IRM de la colonne vertébrale.

Deux mois plus tard, la fillette a été présentée à un autre service de pédiatrie (neurologie) en raison d'une symptomatologie neurologique rapidement progressive.

Résultats d’examens neurologiques :

  • Hypoesthésie à partir du dermatome Th5 et paraparésie spastique

  • Réflexes propres des muscles des membres inférieurs augmentés jusqu'au clonus, réflexe de Babinski positif des deux côtés

  • Urine résiduelle : 90 ml

  • IRM de la colonne vertébrale : une excroissance tumorale presque symétrique de la partie dorsale de la 4e vertèbre thoracique ; Extension du processus tumoral dans le canal rachidien, déplacement du sac dural vers la partie ventrale ; captation homogène du produit de contraste, altération discrète du signal du myélon.

Prise en charge et suivi

Après avoir posé l'indication d'une intervention chirurgicale en raison de la progression de l'état clinique, une laminectomie Th3-5 et une résection du tissu tumoral épidural ont été réalisées. Le diagnostic sur la base des résultats histologiques a été celui d’ostéoblastome.

Les déficiences neurologiques ont rapidement régressé en postopératoire. Une IRM avec produit de contraste réalisée deux mois après l'opération n'a pas montré de tumeur résiduelle ou récidivante.

Lors du dernier contrôle, la patiente, aujourd'hui âgée de 17 ans, a déclaré ne pas avoir de symptômes. La radiologie n'a montré qu'une cyphose thoracique légèrement progressive.

Discussion

Les douleurs dorsales sont plutôt rares chez les enfants et ont généralement un corrélat organique, expliquent les auteurs rapportant ce cas. [1] Les diagnostics différentiels à envisager sont notamment les processus inflammatoires et les tumeurs.

Ainsi, il faut penser à une spondylodiscite chez les enfants présentant des douleurs dorsales et abdominales provoquées par les mouvements, une tension musculaire paravertébrale, un refus de marcher ou une claudication. La maladie est relativement rare et les enfants entre 1 et 5 ans sont les plus touchés. En outre, il convient d'envisager une ostéomyélite ou une maladie à symptomatologie rhumatismale.

Une cause fréquente de douleurs dorsales thoraciques à l'adolescence est la maladie de Scheuermann. Une cause possible est également le spondylolisthésis.

Les tumeurs spinales telles qu'astrocytomes et épendymomes font partie de celles entrant en jeu dans le diagnostic différentiel. [1]  Les métastases spinales de tumeurs cérébrales primaires (comme le médulloblastome et l'épendymome), les schwannomes, les méningiomes, les neurofibromes, les dermoïdes, les épidermoïdes ou les lipomes peuvent également être pris en considération. En outre, les tumeurs osseuses primaires doivent être prises en considération, par exemple les ostéomes ostéoïdes, les ostéoblastomes, les ostéchondromes ou les sarcomes d'Ewing.

Parmi les néoformations bénignes les plus fréquentes de l'os de la colonne vertébrale, on compte, outre l'ostéome ostéoïde et l'ostéoblastome, le kyste osseux anévrysmal. L'ostéoblastome touche les jeunes adultes (entre 20 et 30 ans), les hommes étant plus souvent touchés que les femmes. La tumeur histologiquement similaire, l'ostéome ostéoïde, apparaît déjà chez les enfants et les adolescents.

Les ostéoblastomes se manifestent principalement dans la colonne vertébrale (cervicale > lombaire > thoracique). Les symptômes typiques sont des douleurs locales, une limitation des mouvements et une mauvaise posture. Comme il s'agit d'une tumeur biologiquement agressive, elle détruit l'os et s'infiltre dans les tissus mous, si bien que des déficits neurologiques sont déjà présents dans 43 à 70 % des cas au moment du diagnostic.

L'ostéoblastome se développe principalement dans la zone spongieuse de l'os et peut atteindre une taille de plusieurs centimètres, rapportent encore les auteurs. En revanche, l'ostéome ostéoïde, dont la taille est généralement inférieure à 1,5 cm, se localise le plus souvent dans la corticale du membre inférieur. Les douleurs nocturnes, qui répondent généralement bien à l'acide acétylsalicylique, sont caractéristiques de cette entité tumorale. En revanche, dans le cas de l'ostéoblastome, cette réponse est beaucoup moins prononcée.

Comme pour les adultes souffrant de douleurs dorsales, les auteurs rapportant ce cas estiment qu'il convient de rechercher de manière ciblée les signaux d'alerte suivants chez les enfants : douleurs aiguës, évolution chronique progressive, limitation de la mobilité, absence de traumatisme et troubles neurologiques. Il faut également tenir compte de maladies qui pourraient s'accompagner d'une projection de la douleur dans le dos, comme une pneumonie ou une pyélonéphrite.

 

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