France – Si selon l’adage « il faut souffrir pour être belle/beau », l’inverse est vrai aussi. En effet, les procédés visant à améliorer l’esthétique du corps (bronzage, pose d’ongles, coloration capillaire, …) sont susceptibles, eux aussi, d’entrainer des souffrances, via le développement de pathologies cancéreuses. Le phénomène n’est pas nouveau mais de mieux en mieux identifié. L’Académie de médecine a jugé bon d’émettre ce mois-ci une alerte concernant les salons de manucure qui utilisent des ultra-violets pour allonger le temps de pose des vernis à ongles semi-permanents [1].
Risque cancérigène
En 2016, alors que la pose de faux ongles était en plein essor, l’ANSM jugeait alors nécessaire d’alerter les médecins sur les risques et les contre-indications liés à cette pratique esthétique. L’agence indiquait alors que « les produits et les techniques utilisés pour poser ou déposer des ongles artificiels ne sont pas sans risque pour les ongles naturels ni pour les tissus autour des ongles. Ces pratiques sont de plus déconseillées dans certaines situations (grossesse, intervention chirurgicale…) ».
Aujourd’hui, l’engouement ne faiblit pas et, partout en France, les instituts spécialisés dans la beauté des ongles et les « bars à ongles » se développent. « L'onglerie compte pour 15 % du marché de l'esthétique et elle touche aujourd'hui tous les âges de 17 à 90 ans », précise l’Académie de médecine qui alerte, elle aussi, dans un communiqué des risques liés à cette pratique.
Elle se soucie tout particulièrement du risque cancérigène lié à la pose de vernis semi-permanent. Celui-ci présente l'avantage par rapport aux vernis classiques d'avoir une durée de pause entre 2 et 3 semaines, mais son application nécessite l'usage d'une lampe combinant UV (au moins 48 watts) et diode électroluminescente (LED) pour sécher et fixer chacune des quatre couches de vernis appliquées. « Or, ces lampes émettent des rayons UV de type A (UVA), qui pénètrent profondément dans la peau et sont connus pour favoriser le vieillissement mais surtout le développement de cancers de la peau », informe l’Académie de médecine, qui ajoute que le « Centre international de recherche sur le cancer a classé les UVA comme cancérogène du groupe 1 ».
Des facteurs favorisants
Pour l'année 2022, les effets secondaires induits par les vernis semi-permanents qui ont été recensés peuvent être classés en 3 catégories : des réactions cutanées allergiques (66 cas, 70,5 %), des atteintes mécaniques des ongles (23 cas, 26,1 %) et trois cas de cancers cutanés à type de carcinome épidermoïde induit (3,4 %).
Le rôle favorisant des lampes UV « à ongles » dans l'induction de ces cancers cutanés était évoqué dès 2009 mais une nouvelle étude expérimentale démontre que l'irradiation de trois types de cellules (fibroblastes embryonnaires de souris, fibroblastes et kératinocytes humains) par une lampe UV « à ongles » induit des mutations typiques des UVA. « Elle apporte des preuves concrètes sur le risque cancérigène de l'usage de ces lampes en onglerie », conclut le communiqué.
Dans le cadre de l'usage des vernis à ongle semi-permanents, ce risque semble avant tout lié à trois facteurs :
l'âge jeune de début d'utilisation (en moyenne 20 ans) ;
la fréquence rapprochée des expositions, (moyenne de 5 à 6 fois par an, voire plus avec le développement des lampes à domicile) ;
l'exposition durant plusieurs années. L'effet cumulatif des expositions aux UVA représente le risque majeur. Il peut être aggravé par le terrain (peau claire, immunodépression).
– D'appliquer une crème solaire avec une protection UVA indiquée, environ 20 minutes avant l'exposition des mains aux lampes UV/LED ;
– D'établir un recensement du nombre d'appareils UV/LED vendus chaque année, afin de pouvoir estimer l'évolution du marché et de joindre obligatoirement à chaque lampe achetée un message écrit d'alerte et de recommandations ;
– De développer des campagnes d'information pour le grand public et les professionnels concernés, soulignant le risque lié à une application continue des vernis semi-permanents dans l'année, en particulier chez les personnes de phototype clair ;
– La réalisation d'études épidémiologiques permettant d'évaluer le risque de carcinome cutané induit par la répétition fréquente de ce type d'irradiations sur une longue durée.
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Citer cet article: Vernis à ongles semi-permanents : attention au risque cancérigène - Medscape - 11 mai 2023.
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