Etats-Unis__ L'envoi par la poste de kits d’autotest HPV à domicile double presque la participation au dépistage du cancer du col de l'utérus parmi les populations difficiles à atteindre, selon l’essai clinique américain My Body My Test-3 qui a été publié dans The Lancet Public Health [1].
L’essai clinique randomisé qui s'est déroulé de 2016 à 2019 a été mené auprès de 665 femmes insuffisamment dépistées dans 22 comtés de Caroline du Nord, aux États-Unis. Des campagnes de sensibilisation par voies d’affichage, radiophonique, numérique, mais aussi l’organisation d’événements et la création d’une ligne d'assistance sociale ont été utilisées pour enrôler des femmes issues de groupes sociaux défavorisés.
L'âge moyen des femmes était de 42 ans, plus de la moitié se sont déclarées noires ou hispaniques (55%, 365/664 participants), non assurées (78%, 518/663), ou sans emploi (57%, 373/660). Les femmes n'étaient éligibles à l'essai que si elles n'avaient pas réalisé de frottis depuis au moins quatre ans, ou de test HPV depuis au moins six ans.
Les participantes ont reçu soit des kits d’autoprélèvement et une assistance pour prendre un rendez-vous de consultation, soit uniquement l’assistance pour le rendez-vous.
Le résultat principal de l’étude était la participation au dépistage du cancer du col de l'utérus dans les 6 mois suivant l’entrée dans l’étude, définie comme un résultat au test HPV ou le fait d’avoir eu une consultation de dépistage.
Une participation pratiquement doublée
Chez les participantes qui ont reçu les kits d’autoprélèvement par la poste et une assistance pour le rendez-vous, la participation au dépistage du cancer du col de l'utérus a presque doublé (72 %, 317/438 participantes) par rapport à celles qui n'ont reçu que l’assistance pour prendre rendez-vous (37 %, 85/227 participantes).
Ces résultats étaient similaires quels que soient l'âge des participantes, le temps écoulé depuis le dernier dépistage, les origines, la couverture médicale ou le niveau d'éducation.
Plus des trois quarts (78 %, 341/438 participantes) des participantes ayant reçu un kit de dépistage ont renvoyé un échantillon. Des résultats valides ont été obtenus pour 329 participantes, dont 52 (16%) ont été testées positives et ont été orientées vers des rendez-vous de suivi auxquels 22 (42%) se sont rendues. Les tests complémentaires ont permis de détecter des lésions CIN2+ chez deux participantes (<1%), qui ont ensuite reçu un traitement.
« Si le gouvernement autorisait les autotests HPV à domicile, cela aurait un impact énorme. Nous pourrions plus facilement atteindre les femmes vivant dans des zones rurales où le dépistage du cancer du col de l'utérus est compliqué. En outre, seules les femmes dont l'autotest est positif auraient besoin de se rendre en clinique. Pour les nombreuses américaines qui ne disposent pas d'un accès facile aux soins, le dépistage du cancer du col de l'utérus à domicile permettrait de bénéficier de soins préventifs qui leur sauveraient la vie », a commenté le Dr Noel Brewer (Université de Caroline du Nord), deuxième auteur de l'étude dans un communiqué de presse.
Quelles limites ?
Les auteurs de l’étude reconnaissent que leur travail n’est pas exempt de biais. L'approche utilisée a pu sélectionner les femmes les plus motivées et limiter quelque peu la généralisation de l'étude. Elle a toutefois permis de recruter un grand nombre de femmes à risque et peu consommatrices de soins, indiquent les chercheurs
Aussi, les autotests de dépistage envoyés par la poste ne répondaient pas aux besoins de toutes les femmes sous-dépistées.
Enfin, conformément à d'autres études, moins de la moitié des participantes ayant obtenu un résultat positif au test ont poursuivi les soins, « ce qui souligne la nécessité de poursuivre les efforts pour assurer la continuité des soins chez les personnes ayant obtenu un résultat positif à l'autotest », précisent-ils.
Bientôt des autotests en France ?
En France, 40 % des femmes qui devraient participer au dépistage du cancer du col de l’utérus ne le font pas. L'Institut National du Cancer (INCa) a donc proposé de se tourner vers l'autoprélèvement et publié en mai 2022 un référentiel qui détaille la place de l'autoprélèvement dans le cadre du programme national de dépistage organisé du cancer du col de l'utérus.
Toutefois, à l'occasion du 45ème congrès de la Société Française De Colposcopie Et De Pathologie Cervico-Vaginale (SFCPCV) en juin 2022, le Pr Xavier Carcopino (Hôpital Nord, Marseille), vice-président de la SFCPCV, a rappelé que l'Inca « avait énormément d'avance par rapport à la réalité du terrain » car les Centres régionaux de dépistage des cancers (CRCDC) peinent à se mettre en place. L’expert a aussi précisé à cette occasion qu’aucun kit d'autotest n’avait encore été validé ni reconnu de façon consensuelle.
Enfin, confirmant la conclusion de cette dernière étude américaine, le spécialiste français a souligné que les études réalisées jusque-là montraient bien que l’autoprélèvement permettait de repêcher un nombre important de femmes ne participant pas au dépistage mais qu’en revanche, « quand on demandait aux femmes de venir car leur test était anormal, elles ne se déplaçaient pas toujours ».
L'autoprélèvement semble donc simplifier l'accès au dépistage mais pas forcément les démarches ultérieures en cas de positivité du test.
Cette étude a été financée par les National Institutes of Health des États-Unis. Elle a été menée par des chercheurs de l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill.
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Citer cet article: Cancer du col : les autotests HPV pourraient doubler la participation au dépistage - Medscape - 15 mai 2023.
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