Vers une refonte du carnet maternité

Serge Cannasse

Auteurs et déclarations

10 mai 2023

France — Le carnet maternité a pour double objectif de donner à la femme enceinte les informations nécessaires au bon déroulement de sa grossesse et de favoriser son suivi par les professionnels de santé et du médico-social, notamment en facilitant la communication entre eux. Il comporte ainsi un livret destiné à la future mère, un dossier médical « prénatal » et des fiches thématiques, le tout dans une pochette de format A4. Sa dernière mise à jour date de 2018 [1].

En principe, sa diffusion est assurée par le Conseil départemental et sa distribution est effectuée par le médecin ou la sage-femme en charge du suivi de la grossesse, ou par un centre de PMI (Protection maternelle et infantile). En pratique, la dernière enquête nationale périnatale montre qu’en 2021 seules 40,4 % des femmes concernées l’ont reçu, contre 59,1 % en 2010. Un travail mené en 2018 montrait que « plus de la moitié des médecins généralistes interrogés ne connaissaient pas l’existence de ce carnet, ni son cadre légal, et encore moins les moyens de se le procurer. » Aussi, la Direction générale de la santé a saisi le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) pour évaluer la pertinence de ce dispositif et ses modifications souhaitables éventuelles, notamment en termes d’actualisation des connaissances.

Pour un carnet plus accessible

Le HCSP estime que la distribution du carnet doit rester obligatoire, mais s’effectuer plus tôt dans la grossesse, avant le 4ème mois. Pour lui, le risque de fausse-couche « ne devrait pas être un prétexte à attendre la déclaration de grossesse pour faire bénéficier les femmes des informations et des conseils de prévention. » La remise du carnet doit rester effectuée par un professionnel, en mains propres, dès la première consultation de grossesse si celle-ci est désirée. Le dossier médical doit être articulé avec l’espace numérique en santé de la femme et avec les autres guides officiels, en précisant la place de chacun. Il est souhaitable de compléter le format papier par des contenus accessibles en format numérique, par exemple au moyen de QR codes, ce qui aurait l’avantage d’une actualisation plus facile des informations.

L’expérience montre que le dossier médical est l’élément central du carnet. Les femmes apprécient d’en être les détentrices en tant qu’actrices de leur grossesse. Mais il constitue aussi un outil précieux de partage entre les professionnels concernés. Il devrait d’ailleurs préciser les rôles respectifs de chacun d’entre eux et comporter deux volets : un national, comportant les informations obligatoires ou communes à toutes les femmes, et un territorial, fournissant les informations locales concrètes. De plus, ses versions futures devraient s’adapter aux « femmes les plus fragiles », notamment pour qu’elles en aient un accès effectif. D’une manière générale, son écriture devrait être plus simple et plus synthétique et les illustrations être informatives et non seulement décoratives.

Son contenu devrait répondre « aux soucis du quotidien et aux symptômes considérés comme physiologiques », y compris en post-natal, période souvent négligée par les professionnels selon de nombreuses femmes. Il devrait notamment aborder les problèmes de santé mentale, y compris lorsqu’ils se présentent comme des manifestations somatiques (mal de dos, de jambe, aigreurs d’estomac, etc.). Il est souhaitable qu’il parle des violences intrafamiliales. La compétence des infirmières puéricultrices de PMI notamment en termes de prévention doit être réaffirmée.

Cela étant, le HCSP fera de plus amples recommandations sur le contenu du carnet dans un deuxième rapport.

 

Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape

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