FA : l’ablation pourrait protéger le cerveau vieillissant

Megan Brooks

Auteurs et déclarations

9 mai 2023

Worcester, États-Unis – Le traitement de la fibrillation auriculaire par ablation par cathéter en plus de la prise en charge médicale pourrait offrir une meilleure protection contre le développement des troubles cognitifs que la prise en charge médicale seule [1], d’après une étude présentée lors du Congrès de l’American Academy of Neurology (AAN).

Des chercheurs américains ont constaté que les séniors qui avaient déjà subi une ablation par cathéter étaient nettement moins susceptibles de souffrir de troubles cognitifs au cours de la période d’étude de deux ans, par rapport à ceux qui n’avaient reçu qu’une prise en charge médicale.

« L’ablation par cathéter a pour but d’arrêter la fibrillation auriculaire et de rétablir un rythme cardiaque normal. Ce faisant, le profil hémodynamique cérébral s’améliore », a expliqué le Dr Bahadar S. Srichawla, du département de neurologie de l’école de médecine Chan, Université du Massachusetts (Worcester, États-Unis) à Medscape Medical News.

« Ainsi, les capacités cognitives à long terme peuvent être améliorées en raison de l’amélioration du flux sanguin vers le cerveau par le rétablissement du rythme cardiaque normal », a-t-il ajouté.

Les capacités cognitives à long terme peuvent être améliorées en raison de l’amélioration du flux sanguin vers le cerveau par le rétablissement du rythme cardiaque normal.

Connexion cœur-cerveau

L’étude a porté sur 887 personnes âgées (âge moyen de 75 ans, 49 % de femmes) souffrant de fibrillation auriculaire (FA) et participant à l’étude SAGE-AF (Systematic Assessment of Geriatric Elements).

Au total, 193 participants (22 %) avaient subi une ablation par cathéter avant l’entrée dans l’étude. Ces personnes étaient plus souvent porteuses d’un dispositif cardiaque implantable (46 % contre 28 % ; P < 0,001) et d’une FA persistante (31 % contre 23 % ; P < 0,05).

La fonction cognitive a été évaluée à l’aide de l’outil Montreal Cognitive Assessment (MoCA) au début de l’étude et à 1 et 2 ans, la déficience cognitive étant définie par un score MoCA ≤ 23.

Les personnes ayant subi une ablation par cathéter avaient un score MoCA moyen de 25, contre un score moyen de 23 chez les personnes n’ayant pas subi d’ablation par cathéter.

Après ajustement des facteurs de confusion potentiels tels que les maladies cardiaques, les maladies rénales, l’apnée du sommeil et le score de risque de FA, les personnes ayant subi une ablation par cathéter étaient 36 % moins susceptibles de développer des troubles cognitifs sur une période de deux ans que celles qui n’avaient reçu qu’un traitement médicamenteux (Hazard ratio 0,64 ; IC à 95 %, 0,46-0,88).

Au cours de sa présentation, le Dr Srichawla est revenue sur l’hypothèse selon laquelle les personnes qui sont anticoagulées avec de la warfarine peuvent être sujettes à des micro-bouleversements cérébraux et peuvent présenter des troubles cognitifs plus importants au fil du temps.

Cependant, dans une analyse de sous-groupe, « la fonction cognitive était similaire après deux ans de suivi chez les personnes anticoagulées à la warfarine par rapport à tous les autres anticoagulants ».

Il convient toutefois de noter que cette étude n’a pas fait l’objet d’une comparaison directe entre les deux groupes », a expliqué le Dr Srichawla aux participants.

« Chez les patients souffrant de fibrillation auriculaire, l’ablation par cathéter devrait être envisagée comme une stratégie de traitement potentielle, en particulier chez les patients qui présentent ou risquent de présenter un déclin cognitif et une démence », a déclaré le Dr Srichawla à Medscape Medical News.

Des résultats intrigants

Commentant cette étude pour Medscape Medical News, le Dr Percy Griffin, directeur de l’engagement scientifique de l’Alzheimer Association, a déclaré que l’étude était « intrigante et qu’elle confirmait des recherches antérieures sur l’ablation par cathéter ». Il a toutefois ajouté que cette étude présentait des limites « notamment sa cohorte majoritairement blanche et l’utilisation de tests neuropsychiatriques pour diagnostiquer la démence ».

Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre pleinement l’impact de la fibrillation auriculaire sur les résultats cognitifs chez toutes les personnes.

« Il est bien connu que le cœur et le cerveau sont intimement liés. Les personnes souffrant de problèmes cardiovasculaires devraient en parler à leur médecin », a-t-il ajouté.

Un avis partagé par le Dr Shaheen Lakhan, docteur en médecine, neurologue et chercheur à Boston.

« Si vous vous levez trop vite et que vous vous sentez étourdi, c’est que votre cerveau n’est pas suffisamment irrigué et que vous recevez tous les signaux d’alerte pour y remédier – ou pas ! De même, en cas de fibrillation auriculaire, le cœur se contracte, mais ne pompe pas efficacement le sang vers le cerveau », a-t-il déclaré à Medscape Medical News.

« Ce courant de recherche montre que la correction du rythme cardiaque anormal par la stimulation du circuit défectueux à l’aide d’un cathéter est en fait meilleure pour la santé du cerveau que la seule prise de médicaments », a ajouté le Dr Lakhan, qui n’a pas participé à l’étude.

 

L’étude n’a bénéficié d’aucun financement commercial. Les Drs Srichawla, Griffin et Lakhan ne font état d’aucune relation financière pertinente.

 

Cet article a initialement été publié sur Univadis.com sous l’intitulé Ablation for Atrial Fibrillation May Protect the Aging Brain. Traduit et adapté par Mona El-Guechati

 

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