France — Introduite par la convention médicale de 2011, la rémunération sur objectif de santé publique (ROSP) fait la fierté de l'assurance maladie. En cette treizième année de bilan, la sécu se glorifie de voir quasiment tous les indicateurs de cette rémunération forfaitaire orientés à la hausse.
Petit rappel : l'assurance maladie a fixé aux médecins un certain nombre d'objectifs portant sur la prévention, le suivi des pathologies cliniques, l'efficience des prescriptions, qui, lorsqu'ils sont atteints, donnent droit à une rémunération forfaitaire (ROSP). Cette année, l'atteinte de ces objectifs est meilleure que l'an dernier, si bien que la rémunération versée aux médecins est également supérieure.
Médecins traitants adultes : les plus
En ce qui concerne les médecins traitants adultes, l'assurance maladie s'enorgueillit de constater que « la majorité des indicateurs de santé publique pour la ROSP du Médecin traitant sont en progrès en 2022, traduisant l’investissement renforcé des médecins généralistes libéraux ».
Au chapitre des maladies chroniques, le suivi du diabète (+1,6 point), le dépistage de la maladie rénale chronique (+1,1 point) sont en augmentation : « L’indicateur de dépistage de la maladie rénale chronique chez les patients hypertendus augmente significativement (+1,9 point) : 40% des médecins dépassent désormais l’objectif cible. Idem pour ce qui est du suivi des patients à risque cardiovasculaire en particulier la prévention secondaire du risque cardiovasculaire (+0,8) qui poursuit sa croissance.
En matière de prévention du cancer, pour la population des médecins traitants adultes, là aussi les résultats sont en progression : +1,4 pour le cancer colorectal, +1,2 pour le cancer du sein, et +0,9 pour le cancer du col de l'utérus.
Concernant la prévention de la iatrogénie médicamenteuse : « Les traitements par benzodiazépines anxiolytiques et hypnotiques sont en baisse respectivement de -0,8 et -0,5 point (indicateur décroissant) ».
Pour ce qui est de l'efficience des prescriptions, « l’indicateur décroissant portant sur les inhibiteurs de la pompe à protons prescrits à l’adulte continue son amélioration en 2022 (-1,8 point), et celui sur les traitements par antiagrégants plaquettaires par aspirine progresse à nouveau (+0,5 point) ». Autre bonne nouvelle : « La prescription dans le répertoire d’antihypertenseurs et autres traitements progresse respectivement de +1,1 et +5,7 points ».
Médecins traitants adultes : les moins
En revanche, se désole l'assurance maladie, la vaccination contre la grippe des sujets à risque poursuit sa baisse : -3,5, soit 33,6% des sujets à risque vaccinés.
Autre mauvais résultat : l'indicateur général sur l'antibiothérapie augmente de +3,8 points, « mais reste à un niveau inférieur à celui d’avant pandémie (27,2 versus 32,9) ».
Enfin, la prescription dans le répertoire de statines demeure mal orientée en 2022 : -2,7 points ».
Spécialistes : quel bilan ?
Pour la ROSP des médecins cardiologues, tous les indicateurs sont bien orientés, se félicite l'assurance maladie, mis à part l'indicateur de prescription de statines, qui évolue négativement (-6,4).
À l'endroit des médecins gastro-entérologues, « l’ensemble des indicateurs évolue positivement en 2022, à l’exception des dosages de NFS (-1,6 point) et des coloscopies avec polypectomie (+0,3, indicateur décroissant) ».
Idem pour les médecins endocrinologues, qui obtiennent de bons résultats également, « notamment l’indicateur de prévention relatif aux soins de podologie (+2,9 pts) qui poursuit son évolution à la hausse ».
Reste la ROSP du médecin traitant de l'enfant, plutôt médiocre : « Sur le volet des pathologies chroniques, les deux indicateurs de suivi de l’asthme sont en baisse : -2,0 points sur l’EFR et -1,7 point sur les traitements par corticoïdes inhalés et/ou anti leucotriènes. Sur la prévention, la vaccination ROR baisse légèrement (-0,7 point) tandis que l’anti méningocoque C est stable ».
Les indicateurs décroissants d'antibiorésistance augmentent légèrement et le suivi buccodentaire est stable par rapport à 2021.
Rémunération : les médecins généralistes en tête
Quel est le montant de la rémunération versée aux médecins ? Tout dépend du statut ! Les médecins les mieux rémunérés sont sans conteste les médecins généralistes. Ils ont perçu en 2022 en moyenne 5113 euros, soit une augmentation de +1,1% par rapport à 2021. À cela il faut ajouter le versement du forfait structures et la rémunération moyenne des 51 661 médecins généralistes concernés atteint 9151 euros en moyenne.
Pour ce qui est des médecins traitants adultes, soit 64 824 médecins, le montant moyen augmente également, passant de 4891 euros en 2021 à 4958 euros en 2022.
La rémunération moyenne des cardiologues est de 2067 euros soit une augmentation de +4,2% depuis l'an dernier.
Pour les gastro-entérologues, la rémunération moyenne est de 1443 euros, soit +2,9% par rapport à l'an dernier.
Les endocrinologues pour leur part ont touché en moyenne 1529 euros, soit +10,9% comparé à 2021.
Quant aux médecins traitants de l'enfant, leur rémunération moyenne est de 1054 euros, soit +9,2%.
Mécontentement des syndicats
Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si les syndicats ne faisaient entendre leur voix. MG France par exemple signale des erreurs et des bugs dans les forfaits structure et ROSP : « De nombreux confrères nous ont alertés sur la ROSP et le Forfait Structure fournis sur Ameli Pro avec manifestement de nombreuses erreurs. [...] Par exemple le retraitement manuel des AT dématérialisés en cas de chevauchement de dates provoque leur comptabilisation comme arrêts « papier » : à l'assurance maladie de corriger ses données ! Ou encore non prise en compte des créneaux SNP mis à disposition. »
La FMF abonde dans le même sens, en notant au passage que l'augmentation de 2,5% du forfait structures ne permet pas de rattraper l'inflation de 5,2% en 2022. Et, tout comme MG France, la FMF relève des bugs dans le traitement du forfait structures, comme un bug d'affichage qui « conduit à toujours afficher le même nombre de points quand on change d’année dans le téléservice EspacePro ».
Autre erreur relevée : « Plusieurs centaines de médecins ont ainsi fait les frais d’un bug qui ne leur accorde aucun point dans le volet 1, alors qu’ils valident tous les items. Ce bug est particulièrement grave puisqu’il supprime totalement le bénéfice du FS pour ces malheureux confrères. »
La FMF liste une demi-douzaine d'autres bugs moins importants, mais pénalisants tout de même. Concernant la ROSP, la FMF relève également des erreurs commises par l'assurance maladie : elle aurait envoyé aux médecins traitants une liste de leurs patients qui n'auraient pas fait leurs dépistages contre les cancers, mais il s'avère qu'un tiers des dits patients ont bel et bien été dépistés... Nul doute que sans ces bugs, l'assurance maladie aurait pu se targuer de résultats encore meilleurs en matière d'atteinte des objectifs de la ROSP.
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Citer cet article: Forfait ROSP : de meilleures rémunérations en 2022 - Medscape - 8 mai 2023.
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