Transidentité : l’association OUTrans poursuit des médecins devant le conseil de l’Ordre

Jacques Cofard

Auteurs et déclarations

7 avril 2023

France — La publication d’un article de la Caisse d’allocation familiale (CAF) intitulé « Mon enfant est transgenre, comment bien l’accompagner » le 25 janvier dernier a engendré une véritable passe d’arme entre médecins et associations de patients transgenres.

Elle illustre combien les questions autour du transsexualisme n’ont pas fini de faire réagir.

Des médecins sont poursuivis devant l'Ordre des médecins pour avoir contesté, dans une lettre ouverte adressée au ministre de la Santé François Braun , les thèses défendues par cet article sur la théorie du genre publié par la caisse d'allocation familiales.

Il s’agit notamment de grands noms de la médecine, parmi lesquels les Prs René Frydman, Didier Sicard, Israël Nisand et les Drs Anne-Laure Boch, Claire Squires, Catherine Dolto, Patrick Miller, Christian Flavigny, Manuel Maidenberg...

La raison de cette nouvelle polémique ?

Dans l’article paru sur le site de la CAF, sont prodigués des conseils aux parents afin d'accompagner leurs enfants se sentant "trans". Selon les auteurs dudit article, « entre 20 000 et 60 000 personnes se considéreraient transgenre en France* et 22% des Français entre 18 et 30 ans ne se sentiraient ni homme ni femme ».

Les auteurs affirment également, citant Anaïs Perrin-Prevelle, co-présidente de l'association OUtrans : « Le préfixe “trans” signifie étymologiquement “qui va au-delà de son état initial. Et le genre n’a rien à voir avec la sexualité. »

Et c'est là que le bât blesse, selon les médecins auteurs de la tribune publiée dans Le Figaro : « Non seulement cette théorie ne repose sur aucun fondement scientifique, mais en outre elle rejette une donnée biologique, scientifique, incontestable : l’espèce humaine est constituée de deux sexes, mâle et femelle, et de deux genres, le féminin et le masculin. À ce titre, la phrase du premier paragraphe « Et le genre n’a rien à voir avec la sexualité » ne peut que laisser perplexe. Avec quoi le genre aurait-il à voir, alors ? »

Les auteurs de la tribune, qui demandent expressément au ministre de la Santé « de faire retirer sans délai du site internet de la CAF cette page de désinformation », s'en prennent également aux personnes citées dans cet article, à savoir Anaïs Perrin-Prevelle, coprésidente de l'association OUTrans, Maryse Rizza, présidente de Grandir Trans, Elisa Bligny, également membre de l'association Grandir Trans : « D’autre part, les seules références, les seules paroles exposées sont celles de deux militantes des droits des personnes transgenres. Jamais il n’est fait référence à de véritables spécialistes de l’enfance et de l’adolescence, psychologues, médecins ou biologistes. »

Il est à noter que l'Académie nationale de médecine , tout comme la Haute autorité de santé , sont tout de même citées dans cet article de la CAF, pour les travaux que ces institutions ont menés sur la question transgenre.

Nolens volens, les médecins auteurs de la tribune dans Le Figaro accusent aussi des influenceurs présents sur les réseaux sociaux de convaincre des « enfants et adolescents fragiles », qu'ils sont « transgenres » : « via les réseaux sociaux, ce sont pour l’essentiel des « vlogueurs » et blogueurs militants trans-activistes qui propagent cette vague de « conversions » socialement destructrice. Par des allégations mensongères, ces « influenceurs » induisent des enfants et des adolescents fragiles à s’engager dans de longues et coûteuses thérapies physiologiquement et psychologiquement invalidantes. Et irréversibles. »

Article sous l’égide de « véritables spécialistes »

Outre le retrait de l'article du site de la CAF, les médecins ont demandé aussi que le même organisme publie un autre article « sous l’égide de véritables spécialistes – psychologues, médecins, biologistes… – en tenant compte des prudentes recommandations de l’Académie de médecine », afin d'alerter les familles « sur les manipulations mentales dont sont victimes les jeunes par le biais des réseaux sociaux ».

L’association OUTrans porte plainte

Indignée par la parution de cette lettre ouverte, l'association OUTrans a décidé de porter plainte devant le conseil départemental de l'Ordre contre ces médecins tribuniciens, pour « désinformation médicale et promotion de pratiques charlatanes ».

Mais l'histoire ne s'arrête pas là : les médecins poursuivis ont reçu immédiatement le soutien de ... 691 autres médecins, qui rejoignent leurs thèses.

Ces centaines de médecins ont fait paraitre une nouvelle tribune dans Le Figaro , pour soutenir « nos confrères dans l’alerte qu’ils ont lancée. Ils ont parfaitement joué leur rôle de médecin et en toute conscience en demandant la rédaction d’une nouvelle page du site internet de la CAF qui apporterait des informations nuancées et prudentes. Suite à notre lettre ouverte dans la presse, le site de la CAF a modifié cet article en mentionnant désormais la nécessité d'assurer un accompagnement médical et psychologique des enfants et de leurs parents, le risque de surestimation diagnostique et les recommandations de l'Académie de médecine. »

Et d'ajouter : « Les thèses relayées par l’association OUTrans qui a saisi le Conseil sont infirmées par les récentes études et décisions prises en Suède, Finlande, Royaume-Uni, et dans plus d’une dizaine d’Etats des Etats-Unis notamment." »

 

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