Electrostimulation musculaire : une alternative à l’exercice physique dans le DT2 ?

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

5 avril 2023

Montpellier, France — La pratique d’une activité physique contribue à l’amélioration métabolique des patients atteints de diabète de type 2 et permet de diminuer le risque de décès liés au diabète.

Les dernières recommandations de l’EASD/ADA préconisent donc de pratiquer plus de 150 min/semaine d'activité aérobie d'intensité modérée à vigoureuse, ainsi que 2 à 3 séances/semaine d'entraînement à la résistance, à la souplesse et/ou à l'équilibre pour améliorer le contrôle de la maladie.

Toutefois, même lorsque l’activité physique est intégrée dans un programme d'éducation thérapeutique, l'adhérence des patients est souvent transitoire et/ou partielle.

Dans ce contexte, Michael Joubert et coll. (CHU Caen, France) se sont posé la question de la place de la stimulation électrique neuro-myo (NMES), couramment utilisée en rééducation fonctionnelle pour améliorer la force et le volume musculaire, comme alternative à l’activité physique classique.

Les résultats de leur étude, randomisée, contrôlée, cross-over, ELECTROBIAB1, ont été présentés lors du congrès de la Société Francophone du Diabète 2023[] 1].

Jusqu’ici, quelques petites études pilotes avaient montré que la NMES pourrait représenter une alternative à l’activité physique conventionnelle en améliorant la sensibilité à l’insuline et l’équilibre métabolique mais globalement, l'effet métabolique de la NMES avait été peu étudié.

Pour évaluer l’efficacité métabolique de la NMES chez des patients DT2 sédentaires, les chercheurs caennais ont randomisé une quarantaine de patients pour recevoir 3 séquences de 6 semaines (ordre aléatoire) : séquence de repos (pas de NMES) ; séquence NMES 3/s (3 séances de 20 min de NMES biquadricipitale par semaine) et séquence NMES 5/s (5 séances de 20 min de NMES biquadricipitale par semaine).

La stimulation électrique neuro-myo a été pratiquée à l’intensité maximale tolérée pour chaque séance.

En tout, 40 patients ont été inclus, 35 randomisés et les données de 32 patients ont pu être analysées.

L’âge moyen des participants était de 58+/-10 ans. Les patients avaient un IMC 33,0+/-4,3 ; une ancienneté du diabète de 8,6+/-5,9 années. Et concernant les traitements : 47%, 31%, 9%, 13 % des patients recevaient respectivement 0, 1, 2 ou 3 antidiabétiques oraux et ou un agoniste du GLP1.

Aucune différence significative sur le profil glycémique n’a été observée entre les 3 groupes. Le glucose moyen CGM (critère primaire de jugement) était de 181,44 ± 42,47mg/dL pour la période repos, de 180,57 ± 45,76mg/dL et de 181,10 ± 48,91mg/dL pour les périodes NMES3 et NMES5, respectivement.

Les taux d’hyperglycémies et d’hypoglycémies ne différaient pas non plus entre les 3 groupes (critères secondaires).

Les chercheurs en concluent que « cette étude randomisée contrôlée en crossover n’a pas montré de bénéfice des séquences de 6 semaines de NMES biquadricipitale sur les critères CGM. Ce résultat est discordant avec les études pilotes préliminaires mais n’incite pas à poursuivre les recherches sur la NMES dans cette population de patients atteints d’un diabète peu évolué ».

A ce stade, la stimulation électrique neuro-myo ne semble donc pas pouvoir être conseillée comme alternative à l’exercice physique aux patients atteints de diabète de type 2 sédentaires.

 

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