Montpellier, France — La boucle fermée serait-elle en fait une bonne option pour les jeunes diabétiques de type 1 ?
Actuellement, les recommandations internationales et francophones sur la boucle fermée préconisent plutôt d’envisager le « pancréas artificiel » pour les adultes bien impliqués dans leur prise en charge, ce qui exclut souvent les jeunes patients, notamment les adolescents, à risque élevé de faible observance du traitement et de contrôle glycémique suboptimal.
A raison ? Plusieurs études récentes semblent remettre en question cette notion.
L’une d’elle présentée lors du congrès de la Société Francophone du Diabète (SFD) et publiée dans Nature communications a montré que les adolescents mal contrôlés mis sous boucle fermée gagnaient en QI et en capacité de raisonnement, avec une diminution de la composante œdémateuse du cortex. En outre, la boucle fermée leur a permis de gagner 13 % de temps passé dans la cible, avec une réduction importante du temps passé en hyperglycémie.
Dans le même sens, une petite étude prospective publiée dans Diabetes Care le 23 janvier de cette année a montré que le système de boucle fermée avec pompe Minimed 780G améliorait le contrôle glycémique chez 20 jeunes diabétiques de type 1 âgés de 13 à 25 ans insuffisamment contrôlés (HbA1c ≥8,5%). À l’issue de la période d’étude de 3 mois, l’HbA1c moyenne était passée de 10,5% (±2,1%) à 7,6% (±1,1%) soit une baisse moyenne de 2,9% et le temps passé dans l’HbA1c cible fixée entre 0,70 et 1,80 g/L était augmenté de près de 40%.
Concernant les plus jeunes enfants, une étude publiée dans le NEJM le 15 mars 2023 a également montré une rapport bénéfice-risque favorable pour la boucle fermée[3]. L’essai qui a porté sur 102 enfants atteints de diabète de type 1 âgés d'au moins 2 ans mais de moins de 6 ans, a montré que la durée de l'intervalle glycémique cible sur 13 semaines était plus élevée (+ 3 heures) chez ceux qui avaient été randomisés pour recevoir le système hybride en boucle fermée (n=68) que chez ceux qui avaient reçu le traitement standard (n=34, soit une pompe à insuline, soit des injections quotidiennes multiples, ainsi qu'un CGM Dexcom G6 séparé).
Auparavant, une étude de l’APHP avait déjà montré que le système français Diabeloop permettait de réduire les épisodes d’hypoglycémie et d’obtenir un bon équilibre glycémique chez les enfants prépubères (n=21, 6-12 ans) avec un diabète de type 1, dans des conditions de vie réelle.
Interrogé par Medscape édition française sur ces résultats, en particulier chez les adolescents mal équilibrés, le Pr Eric Renard (endocrinologue-diabétologue, Hôpital Lapeyronie, Montpellier), président du congrès, ne se dit pas surpris.
« Nous voyions déjà dans les études que les patients qui étaient les moins bien équilibrés au départ étaient ceux qui s’amélioraient le plus avec la boucle fermée, d’au moins 20 % de temps dans la cible. Ces travaux entrent en résonnance avec ce que j’observe sur le terrain ».
« D’après mon expérience, ces jeunes adolescents, qui négligeaient leur diabète quand ils n’avaient pas de technologie, quand il fallait faire des injections… Et bien, ils ne sont plus les mêmes quand on les met en boucle fermée. Ils relèvent le défi et pour la première fois ils réussissent sans faire énormément d’efforts puisque l’algorithme réalise ce qu’ils ne faisaient pas. Il est bluffant de voir que, chez ces jeunes qui ne voulaient pas entendre parler du diabète, lorsqu’on leur explique la technologie et que l’on fait un essai, quasiment aucun arrête. Ils sont ravis et à nouveau impliqués dans leur maladie ».
Le Pr Renard recommande donc de garder une ouverture d’esprit face à un jeune diabétique de type 1 mal équilibré.
« Quand les jeunes ont des diabètes très mal équilibrés, ils risquent d’abimer leur rétine, leurs reins, d’avoir des complications cardiovasculaires. Si on les fait passer de 25 %à 45 % dans la cible, même si cela n’a pas été facile à mettre en œuvre, cela va permettre de sauver leurs vaisseaux ! La seule chose sur laquelle il faut vraiment être vigilant, c’est de ne pas mettre une boucle fermée à quelqu’un qui n’en veut pas. Mais, si on arrive à susciter l’ intérêt du jeune patient, dans un bon nombre de cas, c’est bénéfique », renchérit le Pr Renard.
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Crédit de Une : Dreamstime
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Citer cet article: Faut-il continuer à exclure les jeunes diabétiques de type 1 de la boucle fermée ? - Medscape - 6 avr 2023.
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