Il est primordial de pouvoir identifier le mélanome à un stade précoce, c’est pourquoi des experts ont récemment suggéré de mettre en place de nouvelles pratiques de dépistage (voir infographie). Ces recommandations, ainsi que de nouvelles informations sur des formes pédiatriques rares, les effets de la supplémentation en vitamine D et l'utilisation du pembrolizumab avant et après une intervention chirurgicale, ont fait l’actualité cette semaine.
Consensus d’experts sur la stratégie diagnostique
Concernant la détection précoce, une conférence réunissant 51 experts a abouti à un consensus (avec 70% d'accord) en faveur d'une approche de dépistage du mélanome basée sur la stratification des risques. [1]
Dans ces recommandations, le groupe de patients à haut risque comprend les personnes présentant de graves lésions cutanées dues au soleil, une immunosuppression systémique ou des antécédents personnels de cancer de la peau. Aucun consensus n'a été atteint sur le rôle des tests génétiques, les experts citant la nécessité d'une validation dans le cadre d'essais cliniques randomisés de grande envergure. Les experts ont également convenu que les lésions jugées cliniquement suspectes ou présentant des caractéristiques cancéreuses au microscope confocal par réflectance devaient faire l'objet d'une biopsie. Un éditorial accompagnant la publication du consensus souligne l'importance d'évaluer soigneusement le rôle des tests diagnostiques.[2]
Repérer les tumeurs cutanées dans la population pédiatrique
En février dernier, des informations sur le mélanome pédiatrique ont été communiquées lors de la Rencontre annuelle sur les tumeurs malignes de la peau ( Cutaneous Malignancy Update 2023). La Dre Caroline Piggott, dermatologue pédiatrique au Centre Scripps-Anderson de San Diego aux É.-U., a clarifié les informations relatives à la détection précoce dans une population plus jeune. « Seuls 1 à 2 % de tous les mélanomes dans le monde touchent des enfants », a-t-elle rappelé, « mon travail consiste donc essentiellement à rassurer ».
Les cliniciens recommandent généralement aux parents la règle "ABCDE". Il s'agit de vérifier l'Asymétrie, l'irrégularité des Bords, la variation de Couleur (en particulier les couleurs foncées ou multiples), le Diamètre > 6 mm et l'Evolution (changement, saignement, douleur). La Dre Piggott considère que cette règle est importante, en particulier chez les enfants plus âgés et les adolescents. En 2013, des chercheurs dirigés par la Pre Kelly Cordoro (UCSF), ont proposé une modification de ces critères pour les patients pédiatriques. [3] Selon les critères modifiés proposés, A correspond à Amélanotique, B à Saignement (bleeding) ou Bosse, C à uniformité de la Couleur, et D à D e novo ou tout autre Diamètre. « Cela ne signifie pas qu'il faut se débarrasser des anciens critères ABCDE », précise M. Piggott, mais « il faut utiliser ces critères modifiés en conjonction avec les règles ABCDE conventionnelles. »
Un rôle préventif pour la vitamine D ?
Outre les stratégies de prévention visant à réduire l'exposition au soleil, une nouvelle étude a montré que les personnes qui prennent régulièrement des suppléments de vitamine D sont nettement moins susceptibles de recevoir des diagnostics de mélanome malin ou d’autres cancers de la peau. [4]
L'étude a porté sur près de 500 personnes fréquentant une clinique dermatologique en Finlande. Les consommateurs réguliers de vitamine D présentaient une réduction significative de 55 % des risques de diagnostic de mélanome, tandis qu’une consommation occasionnelle était associée à une réduction non significative de 46 %. Le Dr Ilkka Harvima (hôpital universitaire de Kuopio, Finlande), auteur principal de l’étude, a souligné plusieurs limites inhérentes à ces recherches. Malgré la prise en compte de plusieurs facteurs de confusion possibles, « il est toujours possible que d'autres facteurs, non encore identifiés ou non testés, puissent fausser les résultats actuels ». Dans une déclaration, il a réaffirmé que « le lien de causalité entre la vitamine D et le mélanome ne peut être confirmé par les résultats actuels ».
Nouvel essai avec le pembrolizumab
Des données récentes suggèrent que le pembrolizumab, un anticorps monoclonal dirigé contre la protéine PD-1, pourrait être bénéfique chez les patients atteints d'un mélanome au stade avancé. [5]
Le nouvel essai a inclus 319 patients atteints d'un mélanome opérable de stade IIIB à IV. Les patients qui ont reçu le pembrolizumab avant et après l'opération (c'est-à-dire en traitement néoadjuvant et adjuvant) ont obtenu de meilleurs résultats que ceux qui n'ont reçu le médicament qu'après l'opération : les taux de survie sans événement à deux ans étaient respectivement de 72 % et de 49 %. Néanmoins, les chercheurs ont précisé que les données n’étaient pas suffisamment larges pour permettre une comparaison claire en termes de survie globale (avec 14 décès dans le groupe néoadjuvant-adjuvant contre 22 dans le groupe adjuvant uniquement).
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Source image : Medscape
Medscape © 2023
Citer cet article: Dans l’Actu : dépistage précoce et prévention du mélanome - Medscape - 24 mars 2023.
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