Nouvelles recommandations américaines sur les troubles alimentaires

Kelli Whitlock Burton, Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

17 mars 2023

Etats-Unis – L'American Psychiatric Association (APA) a publié une actualisation de ses recommandations pour la prise en charge des troubles alimentaires, la première mise à jour en 16 ans.

Ces recommandations actualisées portent principalement sur l'anorexie mentale, la boulimie et l'hyperphagie boulimique et comprennent des recommandations pour le dépistage et le traitement (voir fin de texte).

« Les troubles alimentaires sont souvent méconnus et non traités », a déclaré la Dre Catherine Crone, présidente du groupe de travail, dans un communiqué de l'APA.

« Ces recommandations et les ressources associées sont destinées à servir d'outil pratique pour les praticiens, afin de les aider à dépister, diagnostiquer et fournir un traitement fondé sur des preuves pour les troubles alimentaires. »

Environ un enfant sur cinq dans le monde risque de développer un trouble alimentaire. Des chiffres qui se sont aggravés pendant la pandémie de Covid-19, selon les experts.

Le coût économique des troubles alimentaires aux États-Unis de 2018 à 2019 a été estimé à 64,7 milliards de dollars, note le rapport, et 326,5 milliards de dollars supplémentaires sont attribuables à la réduction du bien-être associée aux troubles alimentaires.

Le résumé des recommandations actualisées a été publié en ligne le 1er février dans The American Journal of Psychiatry .

Le texte, qui a été approuvé lors de la réunion annuelle de l'APA en 2021, comporte 16 recommandations, notamment le dépistage des troubles alimentaires dans le cadre d'une évaluation psychiatrique initiale et la réalisation d'évaluations complètes des patients comprenant des tests sanguins et des électrocardiogrammes.

Les recommandations comprennent également la fixation d'objectifs de poids individualisés pour les patients anorexiques et l'intégration d'une thérapie familiale dans la stratégie de traitement des adolescents anorexiques ou boulimiques.

Une série d'autres ressources ont été publiées avec les nouvelles recommandations afin d'aider les médecins à mettre en œuvre les recommandations, notamment un guide de poche, des activités de formation médicale continue et des diapositives.

L'association lance également un guide de poche pour les patients et les familles et une boîte à outils interactive avec un calculateur d'évaluation du dépistage.

Les recommandations de l'APA font suite à la publication en 2021 par l'Académie américaine de pédiatrie d'un document sur le diagnostic et la prise en charge des troubles alimentaires chez les enfants et les adolescents.

Synthèse des recommandations

Diagnostic et traitement

1.L'APA recommande (1C) le dépistage d'un trouble alimentaire dans le cadre d'une évaluation psychiatrique initiale.

2.L'APA recommande (1C) que l'évaluation initiale recherche  :

-l'historique de la taille et du poids du patient (par exemple, poids maximum et minimum, changements de poids récents) ;

 -la présence ou la modification d’un comportement d’alimentation restrictive, d'évitement alimentaire, de frénésie alimentaire et d'autres comportements liés à l'alimentation (par exemple, rumination, régurgitation, mastication et crachat) ;

 -les profils et changements dans le répertoire alimentaire (par exemple, grande variété d'aliments, réduction ou élimination de groupes d'aliments) ;

  -la présence, les profils et les changements de comportements compensatoires et d'autres comportements de contrôle du poids, y compris la restriction alimentaire, l'exercice compulsif ou motivé, les comportements de purge (par exemple, l'utilisation de laxatifs, les vomissements auto-induits), et l'utilisation de médicaments pour manipuler le poids ;

-le pourcentage de temps passé à se préoccuper de la nourriture, du poids et de la forme du corps ;

-le traitement antérieur et la réponse au traitement d'un trouble alimentaire ;

-la déficience psychosociale secondaire aux préoccupations ou aux comportements liés à l'alimentation ou à l'image corporelle ; et

 -les antécédents familiaux de troubles de l'alimentation, d'autres maladies psychiatriques et d'autres pathologies (par exemple, obésité, maladies inflammatoires de l'intestin, diabète sucré).

3.L'APA recommande (1C) que l'évaluation psychiatrique initiale d'un patient présentant un éventuel trouble de l'alimentation comprenne la pesée du patient et la quantification des comportements alimentaires et de contrôle du poids (par exemple, la fréquence, l'intensité ou le temps consacré à la restriction alimentaire, à l'hyperphagie, à la purge, à l'exercice et à d'autres comportements compensatoires).

 4.L'APA recommande (1C) que l'évaluation psychiatrique initiale d'un patient présentant un éventuel trouble du comportement alimentaire identifie les comorbidités, y compris les troubles psychiatriques associés.

 5.L'APA recommande (1C) que l'évaluation psychiatrique initiale d'un patient présentant un éventuel trouble du comportement alimentaire comprenne un examen complet.

 6.L'APA recommande (1C) que l'examen physique initial d'un patient présentant un trouble possible du comportement alimentaire comprenne l'évaluation des signes vitaux, notamment la température, la fréquence cardiaque au repos, la pression artérielle, le pouls orthostatique et la pression artérielle orthostatique ; la taille, le poids et l'indice de masse corporelle (IMC ; ou pourcentage de l'IMC médian, percentile de l'IMC ou score Z de l'IMC pour les enfants et les adolescents) ; et l'apparence physique, y compris les signes de malnutrition ou de comportements de purge.

 7.L'APA recommande (1C) que l'évaluation d'un patient présentant un trouble du comportement alimentaire possible comprenne une numération sanguine complète et un bilan métabolique complet, y compris le dosage des électrolytes, des enzymes hépatiques et des tests de la fonction rénale.

 8.  L'APA recommande (1C) qu'un électrocardiogramme soit effectué chez les patients souffrant d'un trouble alimentaire restrictif, les patients présentant un comportement de purge sévère et les patients prenant des médicaments connus pour allonger l'intervalle QTc.

 9.L'APA recommande (1C) que les patients souffrant d'un trouble du comportement alimentaire bénéficient d'un plan de traitement documenté, complet, adapté à l’environnement culturel et centré sur la personne, qui intègre des compétences médicales, psychiatriques, psychologiques et nutritionnelles, généralement par l'intermédiaire d'une équipe multidisciplinaire coordonnée.

Anorexie mentale

 1.L'APA recommande (1C) que les patients atteints d'anorexie mentale qui ont besoin d'une rééducation nutritionnelle et d'une reprise de poids se voient fixer des objectifs individuels de prise de poids hebdomadaire et de poids cible.

  2.L'APA recommande (1B) que les adultes souffrant d'anorexie mentale soient traités par une psychothérapie axée sur les troubles de l'alimentation, qui devrait inclure la normalisation des comportements alimentaires et de contrôle du poids, le rétablissement du poids et la prise en charge des aspects psychologiques du trouble (par exemple, la peur de prendre du poids, la perturbation de l'image corporelle).

  3.L'APA recommande (1B) que les adolescents et les jeunes adultes souffrant d'anorexie mentale qui ont un proche impliqué, bénéficient d’une thérapie familiale axée sur les troubles alimentaires, qui devrait inclure une éducation du proche visant à normaliser les comportements alimentaires et à contrôler et rétablir le poids.

Boulimie

1.L'APA recommande (1C) que les adultes boulimiques soient traités par une thérapie cognitivo-comportementale axée sur les troubles de l'alimentation et qu'un inhibiteur de la recapture de la sérotonine (par exemple, 60 mg de fluoxétine par jour) soit également prescrit, soit initialement, soit si la réponse à la psychothérapie seule est minime ou inexistante au bout de 6 semaines de traitement.

 2.L'APA suggère (2C) que les adolescents et les jeunes adultes atteints de boulimie qui ont un proche impliqué soient traités par une thérapie familiale axée sur les troubles de l'alimentation.

Hyperphagie boulimique

1.L'APA recommande (1C) que les patients souffrant d'hyperphagie boulimique soient traités par une thérapie cognitivo-comportementale axée sur les troubles du comportement alimentaire ou par une thérapie interpersonnelle, en individuel ou en groupe.

2.L'APA suggère (2C) que les adultes souffrant d'hyperphagie boulimique qui préfèrent un traitement médicamenteux ou qui n'ont pas répondu à la psychothérapie soient traités soit par un antidépresseur, soit par la lisdexamfétamine.

 

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