Ménopause : le fezolinetant, traitement ciblé non hormonal efficace contre les troubles vasomoteurs

Caroline Guignot

Auteurs et déclarations

28 mars 2023

États-Unis — Selon une étude de phase 3, le fezolinetant est efficace dans le traitement des troubles vasomoteurs (TVM) modérés à sévères aux doses quotidiennes de 30 mg et 45 mg chez les femmes ménopausées [1].

Le fezolinetant réduit d’environ 50 % la fréquence et la sévérité de ces symptômes dès la première semaine de traitement et, son efficacité est maintenue à la 12e semaine (co-critères primaires d’évaluation), ainsi que pendant la période de suivi de 40 semaines. D’autres bénéfices sont rapportés par les femmes sur les troubles du sommeil et la qualité de vie.

Cette étude présente des limites – absence d’évaluation de l’efficacité sur d’autres symptômes importants de la ménopause comme les troubles de l'humeur ou la fonction sexuelle. Les critères d’évaluation sont également limités dans le temps, car de plus longues périodes de traitement par placebo sont difficiles à supporter du point de vue des patientes. Cependant, ces données suggèrent que ce traitement non hormonal pourrait offrir une réponse thérapeutique utile aux femmes présentant des TVM liés à la ménopause. Le médicament est en cours d’évaluation par l’Agence européenne du médicament.

Pourquoi est-ce important ?

La prise en charge des TVM liés à la ménopause repose essentiellement sur l'hormonothérapie, qui reste contre-indiquée ou inadaptée à certaines situations cliniques. Des alternatives non estroprogestatives sont à l’étude. Parmi elles, le fezolinetant qui est un antagoniste sélectif du récepteur de la neurokinine-3 (NK3R) : ce récepteur est lié au système neuroendocrine kisspeptine / neurokinine B / dynorphine (KNDy), situé en amont des neurones à GnRH (GonadoReleasing Hormone) et impliqué dans la thermorégulation. Les œstrogènes régulent cette activité, mais durant la périménopause, la diminution de leur taux conduit à l’apparition de bouffées de chaleur. Le fezolinetant permettrait de contrer ce phénomène. Les résultats des essais de phase 2 ont montré que la molécule réduisait la fréquence et la sévérité des TVM et ont motivé la mise en place de plusieurs études cliniques de phase 3.

Méthodologie

SKYLIGHT 2 est une étude clinique de phase 3 contrôlée qui a recruté des femmes de 40 à 65 ans dont la ménopause était confirmée biologiquement et qui présentaient entre 7 TVM modérés et 21 TVM sévères par jour. Elles ont été randomisées (1:1:1) entre fezolinetant 30 mg, fezolinetant 45 mg et placebo pendant 52 semaines. À l’issue des 12 premières semaines, celles qui étaient sous placebo ont été randomisées entre l’un des deux autres groupes de traitement actif. Les TVM étaient recensés à l'aide d'un journal électronique rempli quotidiennement par les participantes. Les co-critères primaires d'évaluation es étaient la modification de la fréquence et de la sévérité quotidienne des TVM par semaine aux semaines 4 et 12.

Principaux résultats

Au total, 501 femmes ont été recrutées dans l’étude (âge moyen 54,3 ans, indice de masse corporelle moyen 28 kg/m², ancienneté moyenne des TVM 80 mois).

Le fezolinetant 30 mg a réduit la fréquence moyenne quotidienne des TVM de 11,23 à 5,79 à l’issue de la 4e semaine, et à 4,80 à la 12e semaine. Ces valeurs étaient de 11,79, 5,67 et 4,49 respectivement dans le groupe fezolinetant 45 mg, contre 11,59 à J0, 8,08 à S4 et 6,73 à S12 sous placebo. Ainsi, le fezolinetant 30 mg et le fezolinetant 45 mg ont significativement amélioré la fréquence des troubles par rapport au placebo à la semaine 4 comme à la semaine 12 (respectivement -51,60 % et -64,27 % à la 4e semaine vs -33,60 % sous placebo, P < 0,001 pour les deux ; -58,64 % et -64,27 % vs -45,35 % à la 12e semaine, P < 0,001pour les deux). De la même façon, la sévérité était également significativement plus faible à l’issue des deux périodes d’observation dans les groupes fezolinetant 30 mg et 45 mg (-0,15 et -0,29 versus placebo à S4 ; -0,16 et -0,29 versus placebo à S12). L’amélioration de la fréquence et de la sévérité des TVM était maintenue jusqu'à la 52e semaine.

Des événements indésirables ont été rapportés chez respectivement 40 %, 36 % et 32 % des femmes sous fezolinetant 30 mg, fezolinetant 45 mg ou sous placebo.

Les évènements les plus fréquemment rapportés étaient les céphalées (3 %, 4 % et 2 % respectivement). Les évènements graves ayant conduit à l’arrêt du traitement ont concerné 1 %, 3 % et 1 % des femmes (fatigue, douleurs oropharyngées, alexithymie, arthralgie, troubles gastrointestinaux et augmentation biologique des ALAT dans les groupes sous fezolinetant).

 

Financement

Cette étude a été sponsorisée par Astellas Pharma Inc.

 

Cet article a initialement été publié sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape

 

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