Saint-Etienne, France – De plus en plus d’articles scientifiques le documentent : les jardins de soin et les interventions non médicamenteuses comme les hortithérapies concourent à la santé globale. Mais il ne suffit pas d’installer un pot de fleurs devant l’hôpital pour réduire les temps post-opératoires. Afin de comprendre les tenants et aboutissants de la relation de soin par la nature, la Faculté de médecine Jacques Lisfranc, à Saint-Etienne, a créé un diplôme universitaire « Santé et jardins Prendre soin par la relation à la nature ».

Dr Romain Pommier
« Il a pour objectif de contribuer au développement des jardins de soin dans les établissements sanitaires et médicosociaux. Ce n’est pas une formation certifiante ou un diplôme d’hortithérapeute », précise le Dr Romain Pommier, psychiatre du CHU de Saint-Etienne et un coordinateur pédagogique au côté notamment de la Pre Catherine Massoubre qui en assure la coordination universitaire, de Julia Gudefin et André Simonnet, fondateurs Danaecare, association de recherche sur la relation humaine en santé.
84 heures de formation
En 2023, de janvier à juin, ce DU conduit sa première promotion. Sans autre prérequis qu’un diplôme de bac +3, elle intègre 16 professionnels d’horizons variés, soignants, comme des infirmiers, un psychiatre ou un psychologue, ou non, à l’instar d’une architecte d’intérieure, d’un directeur d’une structure médico-social ou d’un spécialiste des politiques de santé.
Pour Romain Pommier : « avant de s’engager dans la formation, ces personnes pouvaient être isolées dans leur démarche, comme nous l’étions quand, en 2014, nous avons imaginé le jardin des Mélisses ».

Ce jardin à visée thérapeutique, créé par et pour le pôle de psychiatrie adulte du CHU de Saint-Etienne, fonde l’expertise du territoire. Il soutient également les enjeux de santé mentale que porte l’enseignement. « Nous parlons de santé globale, tempère Romain Pommier. Nous évoquons la multiplicité des jardins et de leur intérêt, dans une démarche de santé publique ».
Les 84 heures de formation, soit deux jours par mois durant 6 mois, s’articulent autour de cinq modules. Ils documentent l’approche transversale constitutive d’un jardin en santé, explicitent ses différentes formes et médiations (jardins de soin, thérapeutiques, hortithérapie, écothérapie, …), examinent la littérature scientifique et interrogent les questions contiguës comme l’urbanisme, la santé au travail ou les bénéfices sur les organisations.
Des exercices pratiques permettent d’étudier différents exemples de jardin de soin. La formation se conclut par la soutenance d’un mémoire. « Cet exercice peut permettre de cristalliser un projet, à en déterminer la faisabilité voire à construire les outils d’évaluation qu’il requiert », précise Romain Pommier.
Se prémunir des dérives sectaires
L’équipe pédagogique ne fait pas l’impasse sur le risque d’un détournement des soins conventionnels associé aux pratiques mêlant santé et nature, comme le documente la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) dans son rapport d’activité de 2021.
Si un intervenant de l’organisme interministériel n’a pas pu intervenir auprès de cette première promotion, les résultats de son travail – qui décrivent, nomment et décryptent la mécanique des dérives sectaires liées à la santé –, sont enseignés.
« Dès la sélection des profils, nous veillons à choisir des personnes qui s’inscrivent dans un projet concret, en lien ou non avec des institutions de santé mais en une démarche responsable et cohérente », reconnait Romain Pommier.
« Il faut ancrer la réflexion dans une démarche de soins complémentaires et éviter l’amalgame avec des pratiques qui se revendiqueraient "alternatives". »
Alors que l’apport de la nature à la santé émerge tant dans le monde académique qu’auprès du public, la structuration d’une offre de soins légitime et basée sur les preuves cliniques devient cruciale.
Aujourd’hui, la plupart des professionnels proviennent de formations américaines ou du master de sciences horticulturales de l’Université de Bologne. Le DU de la faculté de Saint-Etienne pallie un manque, avant que d’autres initiatives françaises ne suivent.
Crédit de photo de Une : France Riou pour CHU Jardin des Mélisses
Crédite photos intérieures : France Riou pour CHU Jardin des Mélisses et Romain Pommier
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Citer cet article: Création d’un DU « Santé et jardin » en faveur des jardins thérapeutiques - Medscape - 10 mars 2023.
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