Le cas d’un homme âgé qui a succombé à une hémorragie prolongée, pose la question de l’origine du décès. Alors que le médecin qui procède à l'examen du corps conclut à une hémorragie gastro-intestinale, les officiers de police judiciaire ne sont pas de cet avis et demandent l’analyse des médecins légistes. [1]
Présentation
Selon les médecins légistes, l'homme de 90 ans, qui vivait seul depuis quelques jours, avait été vu la veille en « bon état » par des proches, mais le lendemain, sa fille l'a trouvé sans vie dans une mare de sang. Le médecin qui a procédé à l'examen du corps avait indiqué comme cause de la mort un choc hémorragique avec suspicion d'écoulement de sang par voie rectale après une longue prise d'analgésiques.
La police judiciaire a fait appel à la permanence médico-légale, car de vastes taches pouvant être de sang et une lame de rasoir ensanglantée, enveloppée dans du papier de cuisine, ont été trouvées non loin du corps ; aucune source de saignement n'a toutefois pas pu être délimitée avec certitude sur le corps. En outre, un bol contenant du sang en partie coagulé et en partie liquide se trouvait devant un siège.
Un nouvel examen de l'homme n'a révélé qu'une petite blessure sur la rotule gauche.
Analyses
La source du saignement est une lésion cutanée superficielle d'environ 2 cm de long avec section des couches cutanées à bords lisses. On note une ouverture lisse, d'un diamètre maximal de 0,2 cm au centre, d'un vaisseau cutané superficiel sinueux (voir images).
L’articulation du genou est non ouverte, avec un saignement minimal des tissus mous environnants. Il n’y a pas d'autre source de saignement, en particulier pas de saignement gastro-intestinal.
On relève également : aucun signe de prise ou d'injection de médicaments ; aucun signe d'intervention extérieure, ni de preuve de la prise d'anticoagulants ; aucune indication de la prise d'ibuprofène, qui peut déclencher une thrombocytopathie. Les autres AINS n'étaient pas détectables avec les méthodes disponibles.
Enfin, il n’y aucun signe d'hémophilie A congénitale ou acquise.
Discussion
Comme le résument les médecins légistes, l'homme est décédé d'une hémorragie externe.[1] La seule source de saignement possible était une petite blessure d'une veine cutanée superficielle du genou gauche. Il s'agissait d'un afflux veineux vers la grande veine saphène.
La blessure s'explique de manière plausible par l'usage d'une lame de rasoir avec plusieurs coupures et entailles superposées. L'homme, droitier, a pu atteindre le genou gauche sans problème. Les auteurs supposent que l'automutilation a probablement entraîné un écoulement de sang prolongé (jusqu'à plusieurs heures) à partir de la veine blessée. Les nombreuses traces de sang sur les lieux pourraient s'expliquer par le fait que l'homme s'est déplacé dans l'appartement dans un état confus suite à un manque croissant de sang et d'oxygène au niveau du cerveau.
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Source : Dreamstime
Medscape © 2023
Citer cet article: Étude de cas : hémorragie gastro-intestinale ou suicide par auto-mutilation ? - Medscape - 16 mars 2023.
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