L’alprazolam dans le collimateur du réseau d’addictovigilance français

Rédaction Univadis

Auteurs et déclarations

9 mars 2023

France—L’analyse des données des différents outils du réseau français d’addictovigilance entre janvier 2011 et décembre 2020 montre que le mésusage et l’abus d’alprazolam sont fréquents et en augmentation en France, en particulier chez les jeunes adultes.

Le mésusage ou l’abus d’alprazolam sont aussi plus souvent associés à la prise concomitante d’opioïdes susceptible d’entraîner des décès.

Les auteurs de l’analyse alertent sur le risque élevé d’abus de cette molécule étant donné qu’il s’agit de la benzodiazépine la plus prescrite dans notre pays.

Pourquoi est-ce important ?

L’alprazolam est une benzodiazépine qui agit en se fixant sur les récepteurs GABAa. Il en résulte un effet anxiolytique puissant et rapide. Une augmentation du mésusage et de l’abus de benzodiazépines a été enregistrée par le réseau français d’addictovigilance au cours de la pandémie de COVID-19. L’objectif de cette étude était donc de mesurer plus spécifiquement ce mésusage pour l’alprazolam qui est la benzodiazépine la plus consommée en France

Méthodologie

Les données collectées par le réseau français d’addictovigilance entre janvier 2011 et décembre 2020 ont été analysées. Rappelons que ce réseau comprend 13 centres en France qui colligent notamment les déclarations spontanées des professionnels de santé. Il inclut aussi d’autres outils comme le dispositif OPPIDUM de pharmacosurveillance et de veille sanitaire sur les substances psychoactives, le recueil des Ordonnances Suspectes Indicateur d'Abus Possible (OSIAP), et l’enquête DRAMES sur les décès liés à l'usage abusif de substances psychoactives. Les données de Vigibase™ (la base de pharmacovigilance internationale de l’OMS) ont également été prises en compte pour évaluer l’ampleur du mésusage ou de l’usage abusif de l’alprazolam au niveau mondial.

La France au 3e rang mondial pour le mésusage d’alprazolam

Au total, 675 déclarations spontanées de mésusage de l’alprazolam, dont 61,3% de cas graves, ont été enregistrées, avec une augmentation des cas au cours de la période étudiée (âge médian 39 ans, 51,7% de femmes).

Les médicaments étaient obtenus via un nomadisme médical ou officinal le plus souvent. L’alprazolam était associé à au moins une autre benzodiazépine ou Z-drugs dans 40% des cas.

Dépendance, mésusage et abus concernaient respectivement 55%, 44% et 10% des patients. L’effet recherché était anxiolytique ou récréatif, avec des caractéristiques différentes des consommateurs dans l’un ou l’autre des cas.

L’analyse des données des enquêtes OPPIDUM indique une augmentation récente de l’usage de l’alprazolam depuis 2016 et confirme une utilisation combinée croissante avec des opioïdes à partir de 1018. La quasi-totalité (97%) des utilisateurs d’alprazolam consommaient aussi d’autres substances : tabac (91%) ou dépendance à l’alcool (25%). 

Selon le recueil OSIAP, sur les près de 13000 prescriptions falsifiées repérées sur la période 2011-2020, 8% concernaient l’alprazolam. Cette proportion restait stable dans le temps, avec cependant un rajeunissement de la population concernée ces dernières années.

Selon le recueil OSIAP, sur les près de 13000 prescriptions falsifiées repérées sur la période 2011-2020, 8% concernaient l’alprazolam.

 

L’alprazolam était la 1ère benzodiazépine la plus citée dans l’enquête OSIAP et la 3ème dans OPPIDUM sur l’ensemble de la période.

L’enquête DRAMES a identifié 13 décès impliquant l’alprazolam entre 2011 et 2018, dont 11 l’impliquant directement. Ces décès étaient associés à une utilisation combinée de l’alprazolam avec un opioïde la plupart du temps (10 cas sur 11).

Enfin, les données de Vigibase™ issues de 44 pays ont montré que la France se situait au 3e rang mondial pour le mésusage d’alprazolam, après les États-Unis et l’Italie, les 30-40 ans étant les plus concernés dans notre pays.

Selon ces mêmes données, l’alprazolam était aussi associé à un risque plus important de mésusage ou d’abus (OR 1,43) et de dépendance (OR 1,97), par rapport à l’ensemble des autres benzodiazépines.

 

Cet article a été publié initialement sur Univadis.fr, membre du réseau Medscape.

 

Suivez Medscape en français sur Twitter.

Suivez theheart.org | Medscape Cardiologie sur Twitter.

Inscrivez-vous aux newsletters de Medscape : sélectionnez vos choix

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....