Empoisonnements : l’anesthésiste Frédéric Péchier interdit d'exercer toute activité médicale

Aude Lecrubier, Marine Cygler

Auteurs et déclarations

2 mars 2023

France— Le Dr Frédéric Péchier, anesthésiste de Besançon mis en examen pour 24 empoisonnements de patients dont 9 mortels entre 2008 et 2017, a reçu une interdiction d'exercer toute activité médicale lundi 27 février 2023, selon francebleu.fr.

Cette nouvelle décision de justice annule celle du 11 janvier qui l'autorisait à exercer la médecine à l'exception de l’anesthésie-réanimation.

L'un des conseils du Dr Péchier, Me Randall Schwerdorffer a indiqué que l’inculpé allait faire appel de cette décision devant la chambre de l'instruction.

N’exerçant plus, placé sous contrôle judiciaire dans la Vienne, loin de sa femme et de ses enfants, l’anesthésiste clame son innocence depuis sa première mise en examen en 2017.

Retour sur l’affaire

En février 2017, l'Agence Régionale de Santé (ARS) de Bourgogne Franche-Comté a été saisie par la justice alertée par la direction de la clinique Saint-Vincent à Besançon où deux patients venaient d'être victimes d’événements indésirables graves (EIG) au bloc opératoire en moins d'une semaine.

L'enquête de l'ARS a montré que les deux patients avaient reçu des doses létales de potassium et d’anesthésiques, et mis en lumière d'autres cas d'accidents cardiaques suspects lors d'interventions chirurgicales.

Dès le début du mois de mars 2017, le Dr Frédéric Péchier, responsable du planning des dix anesthésistes de la clinique Saint-Vincent (250 lits), a été mis en examen pour sept empoisonnements avec préméditation entre 2008 et 2017, dont deux mortels.

Parallèlement à l'instruction ouverte pour les sept premiers empoisonnements, une enquête préliminaire concernant des dizaines d'autres incidents suspects a été ouverte. Menée pendant deux ans, elle a conduit à une nouvelle mise en examen du Dr Péchier. Cette fois, la justice l’a soupçonné de 17 nouveaux cas d'empoisonnements. Ce sont donc en tout 24 empoisonnements, dont neuf mortels, dont a été accusé l'ancien anesthésiste-réanimateur.

En interrogeant les personnels des deux cliniques et en étudiant les emplois du temps, les enquêteurs ont noté que le Dr Péchier était le seul dénominateur commun de tous ces incidents graves.

A l’époque, le procureur de la République Etienne Manteaux avait expliqué que si l'anesthésiste âgé alors de 47 ans n'avait jamais été pris sur le fait, il existait un « faisceau d'éléments concordants » contre lui.

Il avait détaillé le mode opératoire qui consistait à « polluer les poches de soluté de réhydratation ou des poches de paracétamol avec des anesthésiques locaux ou du potassium ». Etant donné les doses potentiellement létales retrouvées, les enquêteurs avaient écarté l'hypothèse de l'accident médical : nul doute pour eux qu’il s’agissait d'actes criminels délibérés.

A noter que depuis septembre 2022, le Dr Péchier est soupçonné de 8 cas d’empoisonnements supplémentaires dont 4 mortels.

Quel mobile ? Un rapport d'expertise psycho-criminologique remis à la justice en avril 2019 avait accrédité la thèse de la vengeance envers ses collègues : « Les anesthésistes et leurs compétences sont perçus comme un danger qu’il faut éliminer […] et les patients sont des victimes utilitaires » , indiquait le rapport décrivant le Dr Péchier comme « un criminel averti ».

 

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