POINT DE VUE

Cancer du sein: faut-il intégrer la mammographie 3D dans le cadre du dépistage organisé ?

Dr Manuel Rodrigues

Auteurs et déclarations

26 avril 2023

Transcription

France __ Bonjour. Bienvenue sur le site de Medscape. Je suis le docteur Manuel Rodrigues, oncologue médical à l’Institut Curie, à Paris.

Le sujet que je vais aborder aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, n’est pas de ma spécialité mais de la spécialité des radiologues, je vais donc essayer de faire de mon mieux. Le sujet porte sur la question de la mammographie et en particulier de la mammographie dans le cadre du dépistage organisé du cancer du sein.

Une technique est utilisée et pratiquée en France depuis quelques années maintenant : la tomosynthèse (la reconstruction 3D de la glande mammaire). À peu près la moitié des appareils de mammographie en France ont cette fonction, et la question s’est posée de son utilisation lors du dépistage organisé.

L’utilisation actuelle est principalement pour les femmes à très haut risque, donc des femmes qui ont des prédispositions au cancer du sein, ou des femmes qui ont été traitées pour des cancers du sein. La question est donc de savoir si on peut l’intégrer au dépistage organisé.

Un rapport en faveur pour la 3D dans le dépistage du cancer du sein

Le rapport de l’HAS a été rendu en faveur de cette intégration de la tomosynthèse dans le dépistage organisé.

Le rapport de l’HAS a été rendu en faveur de cette intégration de la tomosynthèse dans le dépistage organisé.

 

La HAS recommande l’intégration de la mammographie 3D par tomosynthèse dans le dépistage organisé du cancer du sein, à condition qu’elle soit systématiquement associée à la reconstruction d’une image 2D synthétique (3D + 2Ds). En attendant le déploiement progressif de la 3D + 2Ds dans le dépistage organisé sur l’ensemble du territoire national, la HAS recommande le maintien de la procédure en cours fondée sur la mammographie numérique (2D) avec transfert de la 2D pour seconde lecture puisque dans le cadre du dépistage organisé il y a une seconde lecture par un second radiologue.

 

Le problème de cette technique 3D est qu’elle ne peut pas être transférée à un second lecteur radiologue, il faut donc faire une reconstruction 2D synthétique (2Ds) de cette image 3D pour qu’elle puisse permettre une seconde lecture par un radiologue.

Donc soit on fait la 2D classique, soit on fait la 3D avec une reconstruction 2Ds, c’est ce qui a été recommandé et c’est ce qui permet de ne pas refaire une 2D en plus et de ne pas irradier à nouveau les patientes.

Le problème selon d’autres experts et en particulier les Centres régionaux de coordination du dépistage du cancer (CRCDC), c’est que certes la 2Ds ne va pas induire de surirradiation mais, elle n’aurait pas été validée pour tous les constructeurs et toutes les versions qui se succèdent de ces appareils.

Dans le cadre du dépistage organisé du cancer, cette reconstruction 2DS ne permettrait pas une seconde lecture par un radiologue parce qu’elle nécessite d’avoir la 3D en plus pour pouvoir bien interpréter cette 2D synthétique.

Une divergence d’avis chez les experts

Est-ce problématique ? En tout cas,  quand on regarde l’avis du groupe de travail, il y a une divergence parmi les avis. Sur les 17 membres de ce groupe de travail, il y en a 2 qui estiment que les résultats sur les performances de cette efficacité de cette technique 3D + 2Ds sont suffisants pour un avis favorable. Il y en avait 7 qui étaient en faveur de la 3D mais qui trouvaient qu’il fallait émettre des réserves, 5 qui trouvaient que les résultats étaient encourageants mais insuffisants encore à l’heure actuelle pour l’intégrer au dépistage organisé et 3 qui ne se sont pas prononcés, ni en faveur ni en défaveur, ce qui complexifie le message qui est déjà suffisamment compliqué.

On a déjà suffisamment de mal à motiver les femmes à aller au dépistage organisé du cancer du sein. Peut-être aurait-il fallu attendre encore un peu pour rendre un avis sur la 3D ou en tout cas dire qu’il n’y a pas assez de données pour donner un avis consensuel.

Peut-être aurait-il fallu attendre encore un peu pour rendre un avis sur la 3D ou en tout cas dire qu’il n’y a pas assez de données pour donner un avis consensuel.

 

En tout cas là cela pose questions et cela peut être plus compliqué à interpréter pour la population générale qui entend des messages discordants.

A noter que le groupe de travail a rappelé l’importance du dépistage organisé par la mammographie 2D avec l’échographie puisque l’échographie permet de détecter des cancers qui ne sont pas vus en 2D ni même en 3D, des cancers qui ont d’autres caractéristiques.

Merci et à bientôt sur le site de Medscape.

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