Dans l’Actu : le jeûne intermittent

Ryan Syrek

Auteurs et déclarations

3 mars 2023

 

De nouvelles études ont examiné le rôle potentiellement bénéfique du jeûne intermittent dans la stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD), le diabète de type 2 et le reflux gastro-œsophagien. Cependant, certains résultats suggèrent que cette pratique de plus en plus populaire pourrait aussi avoir des effets indésirables.

Jeûne et triglycérides intrahépatiques

Concernant le jeûne intermittent et la NAFLD, les nouvelles semblent plutôt positives. Dans une étude  [1] menée chez 80 patients atteints de NAFLD, les participants ont été randomisés pour suivre pendant trois mois l'une des quatre interventions suivantes sur le mode de vie :

  • jeûne alterné

  • exercice aérobique

  • jeûne alterné + exercice aérobique

  • aucune intervention sur le mode de vie

Les patients étaient âgés de 23 à 65 ans (moyenne, 44 ans), et 81% étaient des femmes. La moitié étaient d’origine hispanique, 30% étaient noirs, 11% blancs et 9% asiatiques. Ils avaient un poids moyen de 99 kg et un IMC moyen de 36. Le résultat principal était la modification de la teneur en triglycérides intrahépatiques par rapport aux valeurs de départ.

La teneur en triglycérides intrahépatiques a été réduite de manière significativement plus importante dans le groupe d'intervention combinant jeûne et exercice (-5,48%) que dans le groupe d'exercice seul (-1,30% ; p = 0,02) ou le groupe témoin (-0,17% ; p < 0,01). Elle était également plus importante que dans le groupe jeûne alterné seul, sans être significatif (-2,25% ; p = 0,05).

Jeûne et diabète

Une étude distincte menée en Chine a montré que le jeûne intermittent pouvait induire une rémission chez les patients atteints de diabète de type 2.[2] Ce petit essai contrôlé randomisé indique que 47% des 36 patients du groupe pratiquant le jeûne ont obtenu une rémission (taux moyen d'HbA1c de 5,66%) après trois mois d'intervention et trois mois de suivi, contre seulement 2,8% des 36 patients du groupe témoin. De plus, 65% des patients du groupe « jeûne intermittent » qui ont obtenu une rémission étaient diabétiques depuis plus de six ans.

La stratégie consistait en 6 cycles sur 3 mois de 5 jours de jeûne suivis de 10 jours ad libitum, avec 3 mois de suivi (sans jours de jeûne). Au bout de 12 mois, 44% des patients du groupe à jeun présentaient une rémission durable du diabète (taux moyen d'A1c, 6,33 %).

Jeûne et RGO

Le jeûne intermittent peut également réduire le temps d'exposition aux acides gastriques et améliorer les symptômes des personnes souffrant de reflux gastro-œsophagien (RGO). Une petite étude américaine portant sur 25 participants présentant des symptômes présumés de RGO a effectué le suivi du pH gastrique sur 96 heures. [3]

L'âge moyen des sujets était de 43,5 ans, et 52 % étaient des femmes. Un peu moins de la moitié (44%) étaient de race blanche et l'IMC moyen était de 25,8. On a demandé aux participants de suivre leur régime alimentaire normal pendant les 48 premières heures, suivi d'un jeûne de 16 heures puis d'une fenêtre d'alimentation de 8 heures. Seuls 36% d'entre eux ont totalement respecté le régime ; 84% l'ont partiellement respecté et ont suivi le régime pendant au moins un des deux jours de jeûne. Les chercheurs ont conclu que le respect du régime 16:8 réduisait le temps moyen d'exposition à l'acide gastrique de 0,64%. Les jours de jeûne, le temps moyen d'exposition à l'acide était de 3,5%, contre 4,3% pour le régime de base. Le régime a également été associé à une réduction des scores des symptômes du RGO. Après le quatrième jour, les scores étaient de 9,9 contre 14,3 après le deuxième jour. Les scores des symptômes de brûlures d'estomac ont été réduits de 2,6, et ceux des régurgitations de 1,8. Lorsque les chercheurs ont comparé les participants qui respectaient totalement le jeûne intermittent à ceux qui ne le respectaient que partiellement, les symptômes du RGO étaient améliorés, avec une réduction des scores de 3,2.

Jeûne intermittent et troubles du comportement alimentaire

Aussi positifs que soient ces résultats, la pratique du jeûne intermittent peut avoir des conséquences inattendues. De nouvelles données provenant du Canada suggèrent que ce changement de régime alimentaire pourrait être lié à des troubles du comportement alimentaire, notamment l’hyperphagie, l’hyperphagie boulimique, les vomissements, l'utilisation de laxatifs et l'exercice compulsif. [4]

Les chercheurs ont analysé les données de 2700 adolescents et jeunes adultes âgés de 16 à 30 ans. L'échantillon comprenait des femmes, des hommes et des personnes transgenres ou non-conformes au genre (TGNC). Au total, 47% des femmes (n=1470), 38% des hommes (n=1060) et 52% des personnes transgenres ou sans genre (n=225) ont déclaré avoir pratiqué le jeûne intermittent au cours de l'année écoulée. Chez les femmes, le fait d'avoir suivi cette pratique au cours des 12 derniers mois et des 30 derniers jours était significativement associé à tous les comportements liés aux troubles de l'alimentation, ainsi qu'à des scores globaux plus élevés au questionnaire des troubles du comportement alimentaire (EDE-Q). Chez les hommes, le fait de jeûner au cours des 12 derniers mois était significativement associé à la pratique d'exercices compulsifs et à des scores globaux plus élevés au questionnaire EDE-Q. Pour les participants TGNC, le jeûne était positivement associé à des scores globaux EDE-Q plus élevés.

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